“ANTISÉMITISME ET SIONISME”, une brochure de 1900

[Ce texte avait été d’abord publié sur mon site en octobre 2007]

 

C’est à la fin 1891 que naît à Paris le groupe des Étudiants Socialistes Révolutionnaires Internationalistes (ESRI), d’abord de tendance laïque et socialiste. À l’initiative de Jules-Louis Breton, étudiant au Collège de France, Alexandre Zévaès (droit) et Léon Thivrier (médecine), ce sont vingt-cinq étudiants qui se réunissent pour faire pièce à l’influence des associations étudiantes catholiques. Parmi les premiers ESRI, Marc Pierrot, futur médecin et militant anarchiste, collaborera aux Temps nouveaux, journal de Jean Grave, et à L’Encyclopédie anarchiste de Sébastien Faure. Autre figure anarchiste : Maria Isidorovna Goldsmith, docteur es-sciences, amie de Kropotkine ; faute d’avoir été naturalisée française, elle ne pût occuper de fonction en rapport avec ses compétences ; elle collaborera à la presse anarchiste sous les pseudonymes de Maria Corn et Isidine et jouera un rôle décisif chez les ESRI à partir de 1897. Elle s’est suicidée en janvier 1933.

Jean Maitron, qui a publié le premier travail consacré aux ESRI[1], divise la vie du groupe en deux périodes : celle du « pluralisme socialiste », de 1891 à 1893, durant laquelle des étudiants de diverses tendances socialistes, la période anarchiste enfin, de 1894 à 1903. Le groupe organise une bibliothèque et de nombreuses conférences, à usage de formation interne d’une part, publiques d’autre part (sur un rythme mensuel en 1893-1894). Les premières réunissaient une cinquantaine de personnes, les secondes en moyenne cinq cent.

Le groupe réunit, fin 1891, 62 adhérents et 4 adhérentes. Elles sont russes, ils sont 37 Français, 11 Roumains et 11 Russes. Fait remarquable : la majorité (23) étudient la médecine. L’année scolaire 1892-1893, les effectifs tombent à 43, mais les filles sont 6 (4 Russes, une Polonaise et une Italienne). On voit que le qualificatif « internationaliste » ne relève pas de la seule déclamation idéologique : le groupe est international.

En mai 1893, Zévaès et Thiercelin emmènent une partie du groupe former, dans une scission guediste (du nom du socialiste Jules Guesde, qui a formé avec Lafargue le Parti ouvrier français), le Groupe des Étudiants Collectivistes. Restent aux ESRI 12 adhérents et 2 adhérentes (les étudiants en médecine sont toujours majoritaires, mais les Français le sont devenus). Le groupe ira en s’amenuisant et se recentrera sur la rédaction de très nombreuses brochures : 21 entre 1894 et 1901, dont 7 sont l’édition de rapports rédigés pour être présentés au Congrès ouvrier de 1900 (finalement interdit), c’est le cas de Antisémitisme et sionisme que l’on peut lire ci-après. Parmi ces publications, un livre de 174 pages : Comment l’État enseigne la morale.

Marc Pierrot explique comment ces brochures étaient élaborées : « Elles étaient l’œuvre d’une commission et discutées chapitre par chapitre au cours des séances publiques. Cette commission comprenait de 6 à 12 membres. Leur collaboration fut tellement enchevêtrée dans certaines brochures qu’il me serait impossible de dire aujourd’hui quelle fut la part de chacun[2]. »

Maitron considère que le travail théorique des ESRI a été le laboratoire où s’est constitué en grande partie la doctrine du syndicalisme révolutionnaire, alors que la majorité des anarchistes entraient dans les syndicats[3]. Il s’appuie, entre autres, sur les souvenirs de Pierre Monatte, qui fut le dernier secrétaire du groupe, ainsi que sur ceux de Pierrot : « Le mérite du groupe fut d’avoir aidé à dégager les principes du syndicalisme révolutionnaire, au moment même où celui-ci naissait et se développait ». Et Maitron de conclure : « Ils ont mis à profit les solides études politiques et sociales auxquelles ils s’étaient adonnés, pour apporter à la doctrine qui s’élaborait, une formulation plus achevée et ils ont bénéficié, en milieu ouvrier, d’un préjugé favorable résultant du prestige qui s’attachait à leur culture et à leur situation sociale. »

Assez curieusement, le texte Antisémitisme et sionisme ne fait pas mention de l’affaire Dreyfus, alors que l’existence du groupe est à peu exactement contemporaine de cette dernière (1892-1902 pour les ESRI ; 1894-1906 pour l’affaire). On sait que les développements de l’affaire firent beaucoup pour resserrer les rangs des anarchistes, d’abord peu enclins à intervenir dans ce qu’ils considèrent comme une querelle entre militaires, pour la défense de Dreyfus, et surtout contre les antisémites à la Drumont (on se reportera pour la période aux travaux de Philippe Oriol). Cependant, le texte des ESRI montre qu’existait chez certains militants la tentation d’un « antisémitisme révolutionnaire », assez au moins pour mériter une sévère mise au point. On verra que les rédacteurs et rédactrices refusent d’envisager une « question de race », quand bien même ils/elles ne doutent pas de l’existence scientifique de races différentes. On remarquera également que pour ces anarchistes, ce qu’il n’appellent pas la « question juive » se présente sous deux formes également dangereuses, le piège antisémite et le piège sioniste. Cette position peut être difficilement lisible aujourd’hui, surtout si on la considère à l’aune des amalgames partisans entre antisionisme et antisémitisme. Pour les ESRI, la question est assez simple : toutes les pratiques, toutes les idéologies qui divisent les prolétaires et affaiblissent la classe doivent être combattues. Et l’antisémitisme et les « colonies » — on aurait dit dans les années 1970 les « communautés » — sionistes ou anarchistes en font partie.

Capture d’écran 2014-11-13 à 16.13.46

Capture d’écran 2014-11-09 à 10.52.56

ANTISÉMITISME ET SIONISME

 

Le groupe des E.S.R.I. de Paris

Éditions de l’Humanité nouvelle, 15, rue des Saint-Pères, Paris, 1900, 8 p.

 

Rapport présenté au Congrès ouvrier révolutionnaire international (Paris 1900) par le groupe des Étudiants socialistes révolutionnaires internationalistes de Paris.

 

Un socialiste, un anarchiste peuvent-ils logiquement être antisémites ? Doivent-ils même se mêler à un mouvement antisémitique, avec l’espoir de détourner ce mouvement de son but primitif vers un résultat plus conforme à leurs aspirations ? Telle est la double question qu’on a proposé au Congrès d’examiner. Le plus étrange, assurément, c’est que les circonstances nous aient amenées à discuter sur une opinion qui avait pu paraître définitivement écartée. Il y a dix ans, n’importe quel Congrès socialiste ou anarchiste se serait abstenu de perdre son temps dans une pareille controverse : on se serait contenté de rappeler que le prolétariat poursuit l’affranchissement des hommes sans distinction de sexe, de race ou de nationalité. C’était clair, c’était logique, c’était suffisant : aujourd’hui, c’est encore clair et logique, mais il est fort malheureux que ce ne soit plus suffisant. Nous assistons, en effet, à une perversion étrange des traditions de la langue française : nous avons vu naître ou revivre des [démocrates chrétiens] ; on a composé, sans que le bon sens adressât une proposée aux Barbares, le monstre bicéphale appelé [socialiste-nationaliste] ; enfin, symptôme plus grave, l’attitude de certains chefs d’un parti scientifique puissant a pu faire croire que, tout en se gardant d’une alliance avec les antisémites, ils se croyaient tenus de les ménager. Certains de nos camarades même, toujours persuadés qu’il faut se mêler à tout mouvement quel qu’il soit, pour le détourner ensuite au plus grand profit de la Révolution, n’ont pas craint de s’engager jusqu’à un certain point dans cette voie décevante.

Ce que nous voulons faire ici, ce n’est pas une réfutation générale de l’antisémitisme, ce n’est pas montrer que les faits énoncés par les écrivains antisémites sont faux ou dénaturés ; cette œuvre a déjà été accomplie un peu partout et les réfutations sont généralement bonnes, parce que c’était vraiment un travail facile. L’objet de ce rapport est de dire en quelques mots l’histoire de l’antisémitisme en France au XIXe siècle, de montrer quelles gens sont antisémites et pourquoi ils le sont, de se demander si les socialistes et les anarchistes peuvent participer au mouvement antisémite soit dans son intégralité, soit en favorisant les solutions lâches et équivoques, comme le sionisme, soit avec l’espoir que d’une révolution antisémitique naîtrait la Révolution totale.

Après avoir été maintenu pendant dix-huit siècles par l’oppression romaine et chrétienne, le sémitisme fut aboli en 1789 par la déclaration des Droits de l’homme. Il fut ressuscité par Napoléon Ier, cet Italien catholique, superstitieux, fanatique, dont on ne dira jamais assez haut les méfaits. L’œuvre de la Révolution fut d’ailleurs assez durable pour que cette poussée d’antisémitisme prit fin avec l’Empire. Elle reparut sous la monarchie de juillet qui, à beaucoup d’égards, fut plus réactionnaire que la Restauration. Une vague théorie antisémite se fit jour dans le livre de Toussenel : Les Juifs rois de l’époque. Ce livre est de 1836, c’est-à-dire du temps qui sépare Casimir-Périer de Guizot, époque fertile en fusillades de prolétaires, cependant que se constituait en France l’industrialisme moderne. La seconde République eut d’autres préoccupations que de favoriser ou contrarier les Juifs ; sous Napoléon III ils furent trop nécessaires à l’organisation des grandes sociétés modernes de crédit pour qu’on songeât à les persécuter. Vint enfin le régime dont nous jouissons, d’abord dirigé par les libéraux, qui, à côté de défauts innombrables, avaient cette qualité d’être des libéraux conscients. Mais ils furent remplacés, vers 1885, par des opportunistes, et la réaction commença : La France juive , de Drumont, est de 1886. Qu’on nous entende bien : quand nous parlons de réactionnaires et de progressistes, il ne s’agit pas de définir la distance qui sépare M. Méline[4] de M. Bourgeois[5]. Nous donnons au mot réactionnaire un sens beaucoup plus large que celui de conservateur ; il faut tenir compte de l’évolution générale, et il est bien certain que les constituants de 1789 étaient des esprits beaucoup plus hardis que nos radicaux. Il était donc intéressant de constater que tous les mouvements antisémites ont correspondu à des mouvements de réaction, et, si nous sortons de France, nous voyons que le pays ou l’antisémitisme est le plus fort est l’Autriche, c’est-à-dire précisément le pays qui fut pendant tout le XIXe siècle le centre de la contre-révolution, le pays qui garda le plus longtemps le système féodal et qui soutint si énergiquement en Europe ce qu’on a appelé la Politique de Metternich.

Qu’est-ce donc que l’antisémitisme ? Est-ce une question de races ? Les théoriciens qui le soutiennent sont fort embarrassés pour être logiques ; ils parlent d’Aryens et d’Asiatiques et sont dès lors obligés d’être beaucoup plus affirmatifs sur la pureté de race des Aryens que la science n’ose le faire aujourd’hui. Peu nous importe, d’ailleurs, avec le plan que nous nous sommes tracés ici : cette considération de races aurait de l’importance si elle avait un résultat pratique ; mais on ne voit pas bien les populations passionnées par un problème d’ethnographie.

L’antisémitisme est-il une querelle religieuse ? Pour les chefs du parti et surtout pour les chefs occultes, les Congrégations et aussi le Clergé séculier, quoi qu’on en dise, cela est absolument vrai. Mais il est remarquable que ces chefs avouent ressentir pour les Juifs une haine de race, ce qui est faux, même pour eux, et qu’ils se défendent de vouloir ressusciter les guerres de religion, ce qui est pourtant l’exacte vérité. C’est qu’ils sentent bien, en réalité, qu’un mouvement religieux est aujourd’hui très difficile à provoquer en France.

Pour susciter une querelle de religion il faut avoir une armée qui soit religieuse, au sens profond et sincère su mot. Cromwell, Gustave-Adolphe, ont eu des armées religieuses ; les soldats du maréchal Booth sont religieux ; en France, il n’y a que des incrédules ou des superstitieux, et dans beaucoup de cas il ne faut pas gratter beaucoup l’incrédulité pour trouver la superstition. Les Français croient aux signes fastes et néfastes, comme leurs ancêtres romains, aux génies bienfaisants et malfaisants, comme leurs ancêtres germaniques, aux fétiches, comme leurs ancêtres des cavernes : ils ne sont pas religieux parce qu’ils ne sont pas mystiques. On comprend dès lors que les chefs antisémites se défendent d’exciter les haines religieuses ; leur seule chance de succès dans ce sens serait d’exploiter la superstition, de répandre la croyance aux crimes rituels des Juifs, par exemple ; on ne l’a jamais essayé que timidement en France. On trouve chez certains paysans la croyance que les Juifs adorent le cochon, puisqu’ils n’en mangent pas ; mais la seule pratique religieuse qu’on reproche avec persistance aux Juifs, c’est la Circoncision !

Il paraît donc hors de doute que, si les chefs antisémites sont parvenus à recruter une armée en France (et nous ne pensons pas qu’ils puissent se froisser d’être comparés à une armée), leurs troupes n’ont contre les Juifs que des griefs de race ou de religion très légers. C’est pour des raisons économiques que le mouvement antisémite a pris une certaine importance. Nous avons l’air d’être ici d’accord avec la presse antijuive : il n’en est rien. Nous pensons que les antisémites sont hostiles aux Juifs, non pas parce que les Juifs les ont ruinés plus que les chrétiens ou les libres penseurs, mais parce qu’ils se sentent ruinés, qu’ils ont des préjugés de classe trop forts pour apercevoir les causes réelles de leur ruine, qu’ils se débattent dans l’inconnu et qu’ils croient à l’efficacité des réformes promises par les policiers [sic sans doute pour politiciens] antisémites, comme ils ont cru à l’efficacité des réformes promises par des politiciens républicains, libre-échangistes, protectionnistes ou radicaux. La clientèle antisémite se recrute d’abord dans la petite bourgeoisie, chez les commerçants petits et moyens, chez les artisans, en un mot parmi cette classe intermédiaire dont, il y a déjà longtemps, on a prédit avec justesse la disparition. Les symptômes de sa mort prochaine s’accumulent, les conditions de vie du petit rentier, du petit commerçant, de l’artisan de boutique deviennent de plus en plus difficiles. C’est là un phénomène palpable, dont tout le monde se rend compte, même les intéressés. Mais on a peut-être trop complaisamment espéré que cette classe moyenne accepterait sa déchéance avec résignation. Comme il est naturel, elle s’acharne à vivre, et comme ces malades condamnés que les médecins ne soignent que par devoir, elle s’adresse aux charlatans. Le nationalisme, l’antisémitisme sont des soubresauts d’agonie. Dans toute la France métropolitaine, il n’y a guère d’antisémites purs qu’à Paris, et l’on peut encore remarquer qu’ils sont presque localisés dans le centre. Les dernières élections municipales sont caractéristiques si on veut bien les examiner, non à un point de vue purement électoral, mais comme une statistique : si l’on met à part les quartiers riches de l’ouest, qui ne peuvent être que monarchistes, on constate que les socialistes ont gardé leurs positions dans les faubourgs et que les républicains modérés sont rassemblés et les marchands de denrée alimentaires, et les marchands d’articles de Paris, et les fabricants de ces mêmes articles. Quand on dit que le commerce parisien est en souffrance, c’est le commerce de cette catégorie que l’on entend désigner. On a dit que le socialisme recrutait ses adeptes parmi tous les mécontents : eh bien ! ces petits commerçants sont mécontents, et non seulement ils ne sont pas allés au socialisme, mais ils se sont brutalement retournés vers la réaction, et la réaction, à l’heure actuelle, s’appelle antisémitisme et nationalisme. Il serait sans doute exagéré de croire que l’antisémitisme e la classe moyenne est un sentiment profond ; la plupart des antisémites seraient eux-mêmes effrayés si on les mettait en mesure de passer à l’acte quand, ils crient : « Mort aux Juifs ! » C’est chez eux un sentiment de malaise mal défini, dont l’élément le plus certain est peut-être la peur du socialisme. Et cette peur est justifiée : le socialiste, l’anarchiste, s’ils sont conscients, sont les ennemis de la classe moyenne, de la petite bourgeoisie et du petit commerce, au même degré qu’ils sont les ennemis de la grande bourgeoisie capitaliste. Et même une révolution sociale trouverait peut-être le moyen d’utiliser certains rouages du grand capitalisme, comme les grands magasins, les grandes institutions de crédit, dont il serait facile de faire des instruments communistes : il n’y a absolument rien à tirer de la boutique, de l’échoppe, du système de circulation monétaire journalier.

L’évolution économique est telle que la moindre mesure d’intérêt général, de quelque parti qu’en vienne l’initiative, tourne au détriment de la classe moyenne : supprimer ou restreindre les étalages qui encombrent les trottoirs, permettre à un grand nombre de gens d’habiter la campagne en faisant pénétrer les tramways et les chemins de fer au centre de Paris, voilà des réformes qu’on peut voter de l’extrême droite à l’extrême gauche ; cela n’a en tout cas, rien de socialiste, mais cela contribue à achever le petit commerçant, qui se débat et ne comprend pas. Allez donc alors lui parler d’une société communiste, c’est-à-dire d’un ensemble social qui sera vraisemblablement beaucoup plus complexe encore que la société actuelle, à lui qui considère avec effroi un changement dans l’ordre de sa vitrine et qui met sa gloire à pouvoir payer comptant ! La propagande antisémite est la plus simple : « Le commerce ne va pas ? C’est la faute des Juifs. Criez : “A bas les Juifs !” et le commerce marchera. » Et le petit commerçant crie : « À bas les Juifs ! » parce que, quand on souffre, il faut bien crier quelque chose.

Mais n’y a-t-il que les petits commerçants qui soient antisémites ? Non certes, et l’on trouve dans cette armée hétéroclite une partie des grands commerçants, ceux qui travaillent dans la limite des frontières, qui sont les intermédiaires de la France pour la France, et aussi, parmi les propriétaires fonciers, ceux pour qui la terre n’est pas un moyen de travail à proprement parler, mais surtout un instrument de spéculation. C’est ce double contingent qui fait la force de l’antisémitisme, et, puisque dans un système parlementaire les intérêts se manifestent sous des noms d’hommes, c’est lui qui a porté au pouvoir et soutenu M. Méline. Ce parti d’ailleurs ne s’avoue pas toujours antisémite ; en réalité, il n’est pas plus antisémite qu’il n’est républicain modéré : il est conservateur pour maintenir les privilèges qu’il possède encore, il est réactionnaire pour recouvrer ceux qui sont en train de s’effondrer. L’antisémitisme, pour une partie des gros commerçants, pour les gros propriétaires fonciers, n’est qu’un moyen actuel d’opposition au moyen éventuel du gouvernement. Mais comment ce voisinage d’intérêts peut-il s’établir ? Nous avons dit qu’une partie seulement du grand commerce était antisémite. C’est qu’en effet les gros armateurs des ports, les commissionnaires pour l’importation et l’exportation, par la caractère même de leurs affaires, ne peuvent pas chercher à restreindre leurs relations, ne peuvent pas être nationalistes ou antisémites. Mais il en est d’autres, les plus nombreux jusqu’ici, qui achètent en France, qui vendent en France, qui tiennent à l’égard des produits étrangers les mêmes propos que les petits commerçants tiennent à l’égard des grands magasins. Pour ceux-là, la devise « La France aux Français » signifie : « Le commerce français aux mains des commerçants français. » La formule protectionniste sembla d’abord leur suffire ; mais, comme elle n’a rien produit de bon, ils l’ont élargie, ils en ont fait l’antisémitisme et le nationalisme. Au fond, c’est la même chose, mais ils espèrent, et le calcul n’est peut-être pas si mauvais, qu’ils prendront plutôt les masses avec un sentiment général et vague, comme le patriotisme, qu’avec la revendication d’intérêts économiques qui, au premier coup d’œil, apparaissent comme des intérêts de classes.

Quant au denier corps de l’armée antisémite, celui des gros propriétaires fonciers, il était naturellement disposé, par ses traditions religieuses et d’éducation, à devenir antisémite. Il ne faut pas oublier en effet, quand on parle de la population agricole en France, que, malgré toutes les prétendues révolutions, les grands propriétaires fonciers sont encore les nobles et les enrichis candidats à la noblesse. Le phénomène est surtout sensible dans l’Ouest, Normandie, Bretagne, Maine, Anjou, Poitou, le tiers de la France. Alors que, dans les pays de moyenne et de petite propriété, le Centre, l’est, la vallée de la Garonne, le paysan arrive à vivre en travaillant, le grand seigneur terrien voit baisser ses revenus, ce qui est plus grave pour lui que d’être totalement ruiné. C’est qu’en effet pour le travailleur agricole, même s’il se fait aider de domestiques, la terre rapporte toujours en moyenne la même somme de valeurs d’usages ; mais ce qui diminue, c’est la rente du sol, et cela par l’introduction dans le marché agricole de terres meilleures, mieux travaillées ; mais ces terres sont hors des frontières, en Amériques, en Australie ; un bon protectionnisme, la terre française et ses produits aux terriens français, voilà la solution. Et il y a encore autre chose : le grand propriétaire terrien n’a pas voulu ou n’a pas su voir à temps que ses revenus diminuaient ; il a emprunté, hypothéqué sa terre, et il s’est alors heurté à la banque, aux établissements de crédit, où il y a des Juifs, incontestablement, mais où il n’a vu que des Juifs.Et voilà comment le grand propriétaire terrien, par tradition de caste, par tradition religieuse, surtout par intérêt, est devenu, de protectionniste, nationaliste et antisémite.

Ainsi l’antisémitisme recrute ses troupes dans le petit commerce, dans le gros commerce intérieur, dans l’aristocratie foncière. Ce serait une illusion de croire que les intérêts économiques de ces divers groupes sont les mêmes : ceux du petit et du gros commerce sont contradictoires, et ce n’est pas un triste spectacle de voir le journal de M. Jaluzot faire campagne contre les grands magasins. Un autre journal, qui est l’organe des agents de change, est antisémite et tonne assez fréquemment contre la haute banque cosmopolite : il est vrai que le syndicat des agents de change comprend peu de juifs et que ceux-ci tiennent surtout la coulisse.D’autres contradictions internes ne manqueraient pas de disloquer le parti antisémite peu de temps après son triomphe. Il est incontestable pourtant qu’au lendemain même du triomphe chacun des éléments pourrait trouver des avantages dans la constitution d’un gouvernement fort, royauté, empire ou république dictatoriale. Un gouvernement vraiment digne de ce nom, en effet, ne manquerait pas d’accorder au petit commerce des taxes sur les grand magasins, la suppression des coopératives, une détaxe des petites patentes ; par un protectionnisme bien entendu, il assurerait au gros commerce le monopole du commerce national, aux propriétaires fonciers la vente à haut prix des denrées agricoles.

Dans l’évolution générale, tout ceci n’aurait évidemment qu’une importance momentanée ; mais cela pourrait servir à édifier ou à consolider quelques fortunes particulières. L’Empire de napoléon III a bien duré dix-huit ans, l’espace d’une génération !

Telles sont donc les raisons économiques qui peuvent expliquer l’antisémitisme de certaines classes de la société, toutes nos ennemies d’ailleurs. Allons-nous donc, nous socialistes et anarchistes, crier aussi : « À bas les Juifs ! » L’attitude que nous prendrons n’est pas particulière aux révolutionnaires qui sont ici ; le problème se pose exactement dans les mêmes termes pour les socialistes réformistes, pour ceux bien entendu qui sont vraiment socialistes, c’est-à-dire chez qui la préoccupation des réformes pacifiques ne va pas jusqu’à oblitérer complètement le sens même du socialisme. Nous laisserons évidemment de côté l’aspect religieux de la question : il ne peut s’agir pour nous, qui croyons à la nuisance, qui voulons la destruction de toutes les religions, de choisir entre deux formules religieuses. Nous pourrons seulement constater que malgré l’opinion générale qui veut qu’une minorité religieuse pratique moins l’indifférence qu’une majorité, il faut accorder ceci aux Juifs : ils observent fort peu les rites judaïques et ils ne cherchent pas du tout à recruter des adeptes. Tout au plus pourrait-on leur reprocher de devenir trop facilement chrétiens et antisémites.

La question de race ne mérite guère, de notre part, un plus long examen. En effet, même si nous croyons à la différence essentielle et irréductible des races, notre logique serait fort embarrassée d’être à la fois sympathiques aux Arabes et antipathiques envers les Juifs. La logique antisémite et nationaliste nous expliquera sans doute encore qu’il est indifférent de couper les têtes aux nègres du Congo, peuples inférieurs, qui préfèrent la verroterie à l’or, et qu’il est utile d’assommer les Juifs, peuple inférieur qui préfère l’or à la fumée des canons. Mais, si nous pensons qu’il n’y a ni peuples inférieurs ni peuples supérieurs, qu’il y a des hommes placés dans des milieux géographiques, climatériques différents, ayant par suite évolué de façons diverses, mais pouvant encore évoluer, comme tous les animaux, si le milieu dans lequel ils vivent vient à changer, nous répudierons énergiquement toute question de race.

Et dès lors, si nous ne pouvons attaquer spécialement la puissance juive, ni en tant que secte religieuse, ni en tant que caste ethnique, comment pourrons-nous la distinguer du reste de nos adversaires ? Il y a des banquiers juifs, c’est vrai ; mais est-ce que ces banquiers pratiquent l’usure et la faillite fructueuse autrement que les banquiers non juifs ? Il y a des chefs d’industrie, des capitalistes juifs, c’est encore vrai ; mais ont-ils des procédés spéciaux pour confisquer à leur profit la plus-value ? Nous sommes les adversaires des juifs bourgeois et capitalistes, parce qu’ils ont bourgeois et capitalistes, et non parce qu’ils sont juifs ; et, de même, nous sommes les adversaires des chrétiens et libres penseurs bourgeois et capitalistes, parce qu’ils ont bourgeois et capitalistes. Nous sommes les membres d’une classe exploitée qui se révolte contre une classe exploiteuse, et nous ne sommes même pas les ennemis des hommes de cette classe : sans doute, il est probable qu’au jour de la Révolution il y aura des vengeances individuelles, il y aura des victimes, il y aura des accidents ; mais cela n’a aucun rapport avec l’œuvre révolutionnaire elle-même ; la Révolution ne sera complète que par la suppression définitive des classes, et supprimer une partie seulement de la classe capitaliste, en laissant subsister le reste, serait aussi bête et aussi illusoire que de supprimer les exploiteurs en laissant subsister le système social dont ils ne sont que les produits.

Nous ne pouvons pas davantage ignorer les querelles de la classe moyenne : en tant que classe, en tant qu’ensemble d’intérêts économiques, la classe moyenne est aussi loin du prolétariat que la classe des grands capitalistes ; comme elle, elle est fermement attachée à la forme propriétaire individualiste ; comme elle, elle exploite ses employés, elle ne peut même pas leur accorder, comme le font quelques rares entreprises, d’imperceptibles améliorations, comme la cessation du travail pendant l’après-midi du dimanche. Cela n’empêche pas le petit commerçant de faire de mauvaises affaire et, par suite de souffrir d’abord dans son orgueil de commerçant, de souffrir aussi physiquement par la gêne. On voudrait nous apitoyer sur ces souffrances, et nous ne le pouvons pas, parce que notre pitié est plus générale. La classe moyenne se meurt : nous ne pouvons dire : « Tant mieux ! » parce que ce jugement implique d’autres éléments que ceux d’une discussion économique : mais nous ne pouvons faire autrement que de constater que ce phénomène est conforme au sens normal de l’évolution. Même si la classe moyenne proposait au prolétariat une alliance d’efforts contre le grand capitalisme, le prolétariat ne pourrait accepter qu’en exigeant pour lui la direction du mouvement et en le dirigeant conformément à ses intérêts à lui, prolétariat. On sent à quel point une telle alliance est impossible ; et combien plus chimérique serait une alliance avec une classe dont la révolte d’intelligence ne peut s’élever au-dessus de l’antisémitisme !

Nous ne pouvons donc pas être antisémites, et quelques théoriciens pressés de conclure nous diront assurément : « Vous serez alors philosémites ? » S’ils veulent dire par là que nous répudions les persécutions dont les Juifs sont l’objet, s’ils comprennent surtout que notre propagande ne refusera pas de s’adresser aux prolétaires juifs, nous sommes d’accord ; mais nous pensons qu’il ne viendra à personne l’idée de croire que nous soutenons les capitalistes juifs. Mais quelle propagande allons-nous faire auprès des prolétaires juifs ? Leur conseillerons-nous de se grouper, de résister par leurs propres moyens et, au besoins, d’aller refaire en Palestine le royaume d’Israël ? En un mot faut-il favoriser le sionisme ? Nous pensons que le sionisme est sinon une lâcheté, au moins une faiblesse. Il est incontestable qu’un assez grand nombre de Juifs croient le mouvement antisémite beaucoup plus intense qu’il n’est en réalité ; effrayés des assassinats, des pillages trop évidents qui se sont produits en Algérie, ils se figurent volontiers que les temps de persécution brutale sont revenus. Dès lors quelques-uns d’entre eux ont songé à se mettre à l’abri : il y a d’abord les ignobles, qui dirigent généralement les journaux antisémites ; puis il y a les malins, qui s’abstiennent de faire parler d’eux ; ils sont trop riches et ils savent bien que leur fortune les mettra à l’abri de vexations trop fortes ; ils ont devant les yeux l’exemple de la Russie, d’où les petites marchandes de lait ont été expulsées, mais où sont restés tous les gros propriétaires juifs. Enfin il y a les pauvres diables de Juifs que certains philanthropes, pleins de bonnes intentions, nous voulons le croire, excitent à aller rebâtir Jérusalem. Eh bien ! il y a une chose qu’il faut apprendre aux Juifs, s’ils ne sont pas au courant : en retournant en Palestine, ils seront affreusement volés ; la Palestine est une terre pauvre, désolée, à peine plus habitable que le désert de Syrie, dont elle est voisine ; pour que les anciens Juifs aient pu y trouver la Terre Promise, il leur a fallu la mort de la génération de Moïse, de ceux qui regrettaient les oignons de l’Égypte. Si l’on veut établir des colonies de juifs, qu’on choisisse au moins des pays où la vie soit possible. Mais c’est précisément parce que nous croyons toute tentative de ségrégation illusoire, c’est parce que nous avons toujours combattu le principe des colonies, même libertaires, que non seulement nous ne voulons pas favoriser le sionisme, mais que nous sommes les adversaires de ce mouvement. Nous ne sommes pas sionistes parce que, au moment même où tous les peuples, par la ressemblance des intérêts économiques, tendent, malgré toutes les entraves, à supprimer les frontières, le sionisme ne demande rien moins que la reconstitution d’une nation juive : nous sommes internationalistes. Nous ne sommes pas sionistes, parce que l’émigration des juifs diminuerait la masse prolétarienne active. Enlever les prolétaires juifs à la cause révolutionnaire, c’est enlever à cette cause un de ses éléments les plus énergiques, les plus intelligents, les plus conscients. Car ne nous y trompons pas, les colonies sionistes, telles qu’on nous les présente, ne sont même pas des colonies socialistes ou libertaires, comme on en a essayé en Amérique : les Juifs transportés en Palestine seraient, économiquement,t, les esclaves de ceux qui les auraient emmenés. Mais, quand même Sion serait une colonie communiste-anarchiste, nous ne la favoriserions pas. Nous pensons, en effet, et nous avons toujours pensé, qu’il est absolument impossible de faire vivre un essai de communisme, si la révolution intégrale n’a pas mis à bas l’ordre capitaliste tout entier. Une colonie qui reste enfermée dans d’étroites proportions n’a pas d’intérêt.Si elle se développe, elle se met forcément en rapport avec le système mercantile et capitaliste, et elle est tôt submergée. Ce danger serait, en Palestine, plus imminent que partout ailleurs ; nous avons dit que la Palestine est un pays pauvre, un des plus pauvres parmi les pays du bord de la Méditerranée, qui compte de quasi-déserts. Pour vivre, une colonie sioniste serait obligée de faire ce qu’ont toujours fait les peuples de la Méditerranée : jouer le rôle d’intermédiaire entre les pays producteurs. Ce rôle, en effet, qu’on a considéré comme une caractéristique de la race juive, n’est pas imposé par le tempérament des hommes, mais par le milieu géographique où ils vivent ; les méditerranéens ont toujours été et sont encore des intermédiaires. Favoriser un exode des Juifs vers la Palestine, c’est les rejeter dans le système commercial, improductif de valeurs d’usage. En résumé, le sionisme capitaliste n’est pas souhaitable : une tentative de sionisme communiste serait un échec.

Il est une dernière considération enfin qu’il nous faut examiner à propos de l’antisémitisme. Des camarades révolutionnaires, dont nous n’avons pas le droit de suspecter les intentions, ont fait parfois le raisonnement suivant : « La théorie antisémite ne tient pas debout, nous en sommes d’accord. Mais les antisémites, par la violence de leurs procédés, habituent le public aux moyens révolutionnaires ; ils attaquent à tort et à travers et parfois même ils ébranlent ce qu’au fond du cœur ils veulent soutenir et restaurer : ils nous sont utiles. Pourquoi dès lors ne pas les aider dans leur œuvre de démolition ? Commençons par frapper avec eux, et il se trouvera, si nous sommes habiles, que le mouvement se soulèvera contre eux et en faveur de nos idées. »

Tel est le raisonnement : nous ne pensons pas qu’il vaille quelque chose. D’abord, il n’est pas du tout certain que par le spectacle des procédés antisémites la foule s’habitue aux procédés révolutionnaires : « Casser silencieusement des gueules » lui paraît sans doute une bonne farce ; mais nous sentons tous très bien, et les bourgeois comprennent aussi bien que nous que cette opération est fort peu de chose dans l’ensemble des procédés révolutionnaires. Auprès des honnêtes gens, les antisémites passent pour des braves, mais les anarchistes continuent de passer pour des assassins. Ces considérations sont d’ailleurs tout à fait secondaires. Mais où l’on se trompe totalement, c’est quand on croit que les antisémites ont une théorie destructive ; c’est être dupes des violences de langage, qui n’entraînent jamais que des masses inconscientes, masses que l’on fait vite rentrer dans l’ordre, quand le moment est venu. C’est se leurrer aussi que de compter sur les maladresses politiques des antisémites au lendemain de leur victoire : ils ne commettraient pas de folies irréparables, parce qu’ils sont dirigés par des gens d’une habileté consommée. Une alliance avec les antisémites ne rapporterait rien au parti du prolétariat : elle pourrait lui coûter beaucoup. Elle lui coûterait d’abord du temps, qui ne sera jamais mieux employé qu’à une propagande directe, faite nettement au point de vue des seuls intérêts du prolétariat. Elle lui coûterait encore des hommes, c’est-à-dire des forces : car il ne faut pas se dissimuler que chez beaucoup de camarades la conscience communiste révolutionnaire est vacillante ; comment montrer à ceux-là l’insuffisance, la puérilité d’une formule aussi simpliste que l’antisémitisme, si, dans l’action, nous marchons côte à côté avec ceux que nous combattons en théorie ? Nous y perdrions surtout de la dignité, et nous entendons par là d’abord l’abandon même tacite, même partiel, même temporaire, d’une ligne de conduite qui fait partie de noter force : la netteté du but à atteindre ; ensuite l’abaissement de caractère qui accompagne toujours une compromission avec des gens de moralité sociale inférieure. marcher avec des antisémites, c’est s’engager aussi dans le nationalisme qui n’est qu’une autre forme de la même duperie.

Le groupe des E. S. R. I. de Paris.

Tours, imp. Deslis Frères, rue Gambetta, 6.

Capture d’écran 2014-11-09 à 10.55.27

Titres des brochures publiées par les ESRI

Le Socialisme et les étudiants, 1894 ; Pourquoi nous sommes internationalistes, 1895 ; Réformes ou Révolution, 1896 ; Les Révolutionnaires au Congrès de Londres – Conférences anarchistes, 1896 ; L’Individu et le communisme, 1897 ; Misère et mortalité, 1897 ; Comment l’État enseigne la morale, 1897 (livre) ; La Propagande socialiste, son rôle et ses formes, par Pierre Lavrov, 1898 ; Anarchie et Communisme, par Carlo Cafiero, 1899 ; La Commune de Paris et la notion de l’État, par Michel Bakounine, 1899 ; Les Endormeurs, par Michel Bakounine, 1900 ; Les Anarchistes et les Syndicats, 1898 ; La Scission socialiste, 1899 ; Le Communisme et l’anarchisme, 1900 ; Le Tolstoïsme et l’anarchisme, 1900 ; Le Coopérativisme et le Néo coopérativisme, 1900 ; Antisémitisme et sionisme, 1900 ; Rapport sur la nécessité d’établir une entente durable entre les groupes anarchistes et communistes révolutionnaires, 1900 ; Les Communistes anarchistes et la femme, 1901 (réédition par le Groupe anarchiste Voline de la Fédération anarchiste, s. d., années 1970) ; La Grève générale, 1901.

Capture d’écran 2014-11-09 à 10.52.38

Plusieurs textes de Marc Pierrot ont été réunis en volume : Quelques études sociales, La Ruche ouvrière, 1970.

Capture d’écran 2014-11-09 à 10.52.38

Le texte de Antisémitisme et sionisme est également disponible sur le site de la Fondation Pierre Besnard. Probablement à la suite d’un bug, le texte apparaît d’un seul tenant, sans séparations de paragraphes. J’ai, pour ma part, saisi le texte à partir d’une photocopie de la brochure publiée aux éditions de L’Humanité nouvelle.

On peut lire en suivant le lien une notice biographique sur Maria Corn.

On lira également le texte de Sylvain Boullouque, intitulé « Les anarchistes, le sionisme et la naissance de l’État d’Israël ».

Capture d’écran 2014-11-09 à 10.55.27

[1] « Le groupe des Etudiants Socialistes Révolutionnaires Internationalistes de Paris (1892-1902). Contribution à la connaissance des origines du syndicalisme révolutionnaire », Le mouvement social, n°46, janvier-mars 1964.

[2] Plus Loin, n° 95, mars 1933.

[3] Delesalle est secrétaire adjoint de la Fédération des Bourses du travail en 1897, Émile Pouget secrétaire adjoint de la CGT en 1900.

[4] Jules Méline, 1838-1925 ; président du conseil (avril 1896-juillet 1898), il est hostile à la révision du procès de Dreyfus et démissionne.

[5] Léon Bourgeois, 1851-1827 ; comme son nom l’indique, préfet de police, plusieurs fois ministre et président du conseil, puis sénateur. Radical prônant la solidarité sociale.