Il a semblé indispensable d’évoquer, au moins sommairement, les techniques de reconnaissance biométrique (contour du visage, des mains, empreintes digitales, iris de l’œil, etc.) tant elles sont l’outil technique idéal pour la mise en place d’un contrôle centralisé des déplacements, faits et gestes des populations « dangereuses », le reste de la population globale étant supposé se plier de bonne grâce à des dispositifs peu visibles et donc peu encombrants qui lui permettent de vérifier à chaque instant qu’elle est bien distinguée des éléments antisociaux… Sauf évidemment quand la machine est en panne, quand ses utilisateurs bidouillent les données (cf. les manipulations, le cas de le dire, des empreintes digitales par le FBI [Le Monde, 13 janv. 2006]) ou quand M Tout-le-monde a franchi la ligne jaune au volant.
On remarquera immédiatement une autre caractéristique des ces techniques, soulignée par leurs promoteurs eux-mêmes : elles vérifient et illustrent le lien entre sûreté et propriété.
De ce point de vue, la biométrie réalise la conception bourgeoise (celle de la révolution bourgeoise de 1789) de la liberté : le droit de propriété de chacun librement garanti contre la liberté de tous.
On trouve, sur le site Internet Biometrie online, sous l’intitulé « L’usager craint-il la biométrie ? », le passage suivant :
L’acceptabilité par les usagers d’un système d’identification sera d’autant plus grande que ceux qui doivent l’utiliser sont persuadés qu’il y a quelque chose à protéger, que son utilisation ne présente pas de danger pour la santé et que cela ne permettra pas la collecte d’informations personnelles utilisables à d’autres fins.
État d’avancement
Les promoteurs de la biométrie dressent l’inventaire des secteurs déjà atteints et de ceux où les résistances se manifestent, légales dans un premier temps, « sauvages » depuis l’heureuse action menée, le 17 novembre 2005, contre des bornes biométriques dans un lycée de Gif-sur-Yvette.
C’est ainsi que la CNIL a rendu des avis favorables au contrôle d’accès et d’horaire par reconnaissance du contour de la main (RCM dans la suite) du personnel de nettoyage du musée du Louvre (janv. 2001), d’un centre commercial à la Défense et d’une cantine scolaire de collège à Carqueiranne (Var, oct. 2002) ; au contrôle d’accès à partir d’une base de données d’empreintes digitales dans certains secteurs de l’entreprise SAGEM (fabrication de cartes à puce, avril 2002) dont nous reparlerons.
En revanche, la CNIL a rendu des avis défavorables tous, semble-t-il, concernant des bases de données d’empreintes digitales, par exemple dans des cantines (collège Jean Rostand de Nice, mars 2000), à la cité académique de Lille (nov. 2000), à la préfecture de l’Hérault (nov. 2000), et dans au moins deux autres lieux.
L’avis n’étant pas contraignant, deux collèges privés d’Angers ont mis en place un système de contrôle d’accès à la cantine par reconnaissance des empreintes digitales malgré l’avis défavorable de la CNIL. [Source : texte de Xavier Guichet cité plus loin.]
Le TGI de Paris a rendu un jugement le 14 avril 2005 contre l’utilisation de la reconnaissance des empreintes digitales dans une entreprise comme moyen de contrôle du temps de travail considérant que la technique visée « met en cause le corps humain et porte ainsi atteinte aux libertés individuelles » et que l’employeur n’a pas démontré en quoi sa mise en place était indispensable au but recherché.
Certains « biométreurs » recommandent donc de proposer des techniques biométriques « sans traces » comme la reconnaissance vocale ou du contour de la main, ou de la rétine.
Des systèmes de reconnaissance biométrique (RCM) ont été testés depuis 2002 dans les prisons de Nanterre et de la Santé. L’arrêté du ministère de la Justice du 26 juin 2003 prévoit d’étendre ce système à l’ensemble des établissements, au prétexte de lutter contre les « évasions par substitution ».
Le syndicat CGT des surveillants de Fleury-Mérogis s’est par contre opposé au contrôle par RCM des heures de présence du personnel… Lire la suite