Âgée de 11 ans: une parmi des milliers

Pas de photo, pas de prénom, pas de linceul électronique, cette très jeune fille est morte dans la solitude et dans l’horreur. Quels prétextes absurdes ses bourreaux ont-ils inventés pour son martyre?  La dépêche d’agence ci-dessous traduite ne le dit pas.

Ces jours-ci, en France, les dits «réseaux sociaux» s’émeuvent d’un slogan «violent» scandé à Paris par des manifestantes féministes: «Le kérosène c’est pas pour les avions, c’est pour brûler violeurs et assassins». Ce qui m’étonne, moi, c’est que ces militantes conservent le sens de l’humour alors qu’elles sont confrontées en permanence à la tentation gynécidaire du patriarcat.

 

Au Pakistan, une jeune fille de 11 ans a été lapidée dans un village de la province de Sindh.

Les parents de la jeune fille ont été arrêtés par la police samedi, après que la nouvelle eut été diffusée sur les réseaux sociaux. Deux autres personnes ont été arrêtées dans le cadre de l’affaire après l’ouverture d’une enquête.

L’incident s’est produit le 21 novembre dans la chaîne de montagnes Kirthar, dans le district de Dadu, dans le Sindh, à la frontière avec la province du Baloutchistan, ont informé des responsables de la police.

Selon les rapports, la jirgah ou assemblée traditionnelle a ordonné que la gamine soit lapidée à mort.

Le Dr Farrukh Raza, surintendant principal de la police (SSP), Dadu, a ordonné que des mesures soient immédiatement prises dans l’affaire après que les informations soient parvenues à la police.

« Nous sommes en train de vérifier les faits mais nous avons arrêté les parents de la fille décédée et un imam qui avait dirigé la prière des funérailles, ainsi qu’un autre homme qui avait facilité son enterrement », a déclaré SSP Raza, cité par le Gulf News.

Il a également ajouté que les faits seraient vérifiés. « Nous devons vérifier les faits, car différentes allégations ont été avancées quant à la nature de son décès, y compris la lapidation perpétrée par des personnes non identifiées », a déclaré SSP Raza.

Citant les parents de la fillette, le SSP a déclaré que celle-ci était décédée « accidentellement à la suite d’une glissade dans la montagne », a rapporté The News.

Le tribunal de district a autorisé le corps médical à exhumer le corps.

Le meurtre d’honneur ou Karo-Kari est une pratique pratiquée dans les zones rurales et tribales du Sindh, au Pakistan. Les actes d’homicide sont commis à l’encontre de femmes soupçonnées d’avoir déshonoré leur famille en se livrant à des relations illégitimes avant le mariage ou hors mariage. Pour rétablir cet honneur, un membre de la famille de sexe masculin doit tuer la femme en question.

Selon des informations parues dans des journaux pakistanais, plus de 70 cas ont été enregistrés dans la région au cours des six premiers mois de 2019.

“Chers clients…” ~ Lettre ouverte aux acheteurs de sexe par trois jeunes filles

Cette lettre ouverte aux acheteurs de sexe signée par trois jeunes survivantes de la prostitution, est d’abord parue le 17 mars dernier, dans The Boston Globe. Elle a été traduite et publiée sur le site TRADFEM – «collective de traduction de textes féministes radicaux» – dont je me fais régulièrement l’écho des publications sur le réseau Twitter, et auquel j’incite vivement lectrices et lecteurs à se reporter.

Illus Dear Johns

Chers clients,

Lorsque nous avons appris que Robert Kraft, propriétaire des Patriots, venait d’être accusé d’avoir acheté des services sexuels*, nous avons ressenti de la colère et du désarroi. Mais vu notre expérience en tant que survivantes de la traite, nous savons que la véritable histoire ici ne se limite pas à un seul homme.

La vraie histoire, c’est vous tous qui pensez qu’il est acceptable d’acheter quelqu’un.

Alors voici ce que nous voulons que vous, les prostitueurs, sachiez:

  1. Nous sommes des êtres humains. Nous ne sommes pas des jouets ou des objets sexuels. Nous avons des sentiments. Notre exploitation a commencé avant l’âge de 15 ans, comme c’est souvent le cas dans l’industrie du sexe. Parce que quelqu’un en qui nous avions confiance a profité de nos vulnérabilités, nous avons été amenées dans une industrie qui nous a volé notre enfance.
  1. Le pire dans «la gaffe», c’était de devoir baiser avec des étrangers: oui, vous. Après, on se sentaient sales. On n’arrivait pas à débarrasser notre peau de cette sensation. Imaginez ce que vous ressentiriez si vous ou quelqu’un que vous aimez étiez à notre place.
  1. Plus vous nous achetez, plus nous souffrons. Pour coucher avec vous, on a dû se dissocier. C’était comme si on n’était même pas là quand c’est arrivé. Vous aviez peut-être nos corps, mais pas nos âmes.
  1. Nous croyons que la douleur est la même, que vous ayez des rapports sexuels avec un adulte exploité ou un enfant exploité. Que vous utilisiez des mots comme «prostitution» ou «traite», l’exploitation est de l’exploitation, alors ne vous imaginez pas que l’une ne fait pas de victimes. Vous pouvez vous convaincre que c’est un choix ou ce que veut une femme mais, que vous soyez dans «la game» parce que quelqu’un vous y force, ou parce qu’il fait semblant de vous aimer, ou parce que vous n’avez nulle part où aller, c’est un traumatisme, et c’est dégradant. Plus encore, c’est déshumanisant.
  1. Ce à quoi que nous avons survécu vous aurait brisés. Nous sommes plus fortes que vous ne le pensez. Nous avons des gens sur qui nous pouvons compter chez My Life My Choice, un organisme qui soutient les survivantes comme nous. Il y a des femmes qui sont passées par l’industrie elles aussi et qui sont maintenant nos modèles. Nous nous soutenons les unes les autres, en trouvant ou en retrouvant nos voix. Nous complétons nos études secondaires, allons à l’université, obtenons des emplois, bâtissons des relations saines. Vous ne nous avez pas brisées. Nous allons survivre à cela, mais vous allez devoir vivre avec ce que vous avez fait.

Maintenant, vous êtes au courant. Vous ne pouvez plus prétendre le contraire. Ce que vous ferez maintenant est important. D’après notre expérience, vous êtes probablement un homme d’âge moyen qui connaît les lois de l’offre et de la demande. C’est la demande qui alimente cette industrie de plusieurs milliards de dollars.

Si vous n’achetiez pas des gens,

les gens ne vendraient pas des gens.

Sincèrement,

H. (19 ans), J. (15 ans) et P. (17 ans)

 

* Voir l’info sur le site de Radio Canada.