Je renoue avec la pratique du bulletin de santé, dont le lectorat le plus ancien du présent blogue a peut-être souvenir, en des temps plus «héroïques» (ou tragi-comiques) de ma maladie (de la moelle osseuse). Vous savez, ces bulletins que les présidents de la République promettent, avant de les falsifier.
Vendredi dernier, j’ai subi la quarante et unième intervention chirurgicale dermatologique en huit ans[1]. Ce carcinome basocellulaire-là avait, de manière très inélégante (dans tous les sens du terme), profité de divers contretemps (confinement, vacances estivales) pour agresser plus profondément mon oreille droite.
L’intervention (très redoutée par le patient) s’est mieux déroulée que prévue.
Depuis, paradoxe déplaisant : impossible de dormir ; je me réveille toutes les heures.
Ce matin, je retire moi-même le plus gros du pansement de compression qui m’arrache poils de barbe et cheveux au passage, laissant à l’infirmière le soin d’ôter la dernière compresse, de nettoyer les sutures et de remettre un pansement propre (et plus léger).
Tout se passe bien, sauf qu’au moment de me lever, je me sens mal. Mon corps se dérobe. Je suis tout pâle (me dit-on). Chute de tension (mesure-t-on). Il me faut un gros quart d’heure pour tenir sur mes jambes et flageoler jusque chez moi en rasant les murs !
Une fois les six étages gravis (demi-marche par demi-marche), je sens dans ma cervelle l’effort ultime que font deux neurones haletants pour s’atteindre. C’est l’étincelle!
Je me reporte à la notice de l’antalgique que, au vu de ce qu’il a été obligé de cureter, le dermatologue m’a prescrit (Tramadol 50 mg). Quel est l’effet indésirable le plus souvent constaté ; je vous le donne en mille…
«Sensations vertigineuses» !
Qu’en termes aguichants ces choses-là sont dites !
Et bien sûr, les troubles du sommeil arrivent eux-aussi en bonne position.
Voilà une enquête rondement menée. Retour au Doliprane, en espérant que la douleur voudra bien tenir compte des circonstances, et le sommeil oublier la distanciation rigoriste.
Demain, à l’heure où j’aurais pu faire changer le pansement, je serai chez ma parodontologue, car je tiens qu’il est bon de varier les plaisirs de l’existence, sous peine d’en concevoir lassitude.
— Téléphonez-moi si vous rentrez avant 14h! me dit l’infirmière.
Ah ! vertigineuse sensation d’être partout attendu…
[1] Les biopsies préalables, qui ne sont pas systématiques, comptent pour du beurre (alors qu’elles ont l’allure d’une double peine). Mes problèmes dermatologiques sont les effets secondaires des traitements suivis pour ma maladie.