On trouvera ci-dessous la liste de mes livres, présentés par ordre (plus ou moins) chronologique (certains titres sont indiqués à la date de leur réédition) ; les liens correspondant aux éditeurs (français) se trouvent dans la colonne de droite de la présente page.
Plus loin, des notices détaillées concernant certains titres.
Pour en finir avec Reich, Alternative diffusion, 1978 (épuisé).
Ni vieux ni maîtres, guide à l’usage des 10-18 ans, en collaboration avec Yves Le Bonniec, Alain Moreau, 1979 (épuisé). (Traduction en japonais)
Suicide, mode d’emploi, Histoire, technique, actualité, en collaboration avec Yves le Bonniec, Alain Moreau, 1982 (jugé en infraction avec la loi de 1987 censé réprimer la « provocation au suicide » ; épuisé). (Traductions en japonais, espagnol, catalan, allemand, italien)
De la Révolution, 1989, l’inventaire des Rêves et des Armes, Alain Moreau, 1988 (épuisé).
Deux enragés de la Révolution : Leclerc de Lyon et Pauline Léon, La Digitale, 1993. Disponible.
Gare au TGV ! Éditions Car rien n’a d’importance, 1993 (épuisé).
42 bonnes raisons pour les femmes de m’éviter, (dessins d’Edmond Baudoin), La Digitale, 1993. Disponible.
Le Spectacle du Monde, DLM éditions, 1996 (épuisé).
À la vie à la mort, Maîtrise de la douleur et droit à la mort, Noésis, 1997. (épuisé)
Économie de la misère, La Digitale, 1999. Disponible. (Traduction en espagnol, Alikornio ediciones)
Dommages de guerre (Paris-Pristina-Belgrade-1999), L’Insomniaque, 2000. Disponible.
Pièces à conviction. Textes libertaires 1970—2000, Noésis/Agnès Viénot, 2001. (épuisé)
Le Siège de l’âme. Éloge de la sodomie (Fantaisie littéraire, érosophique et antithéiste), Zulma, 2005 (é. o. 1999). Disponible.
Je chante le corps critique. Les usages politiques du corps, H&O, 2008. Disponible.
Notre Patience est à bout. Les textes des Enragé(e)s 1791-1793, IMHO, 2009. Disponible.
La Terrorisation démocratique, Libertalia, 2009. Disponible.
Le Droit à la mort, Suicide, mode d’emploi, ses lecteurs et ses juges, édition revue et augmentée, IMHO, 2010 (é. o. 2004). Disponible.

Collaborations
Tankonalasanté, recueil d’articles de la revue du même nom, petite collection Maspero, 1975 (quatre articles). Épuisé.
Un Paris révolutionnaire. Émeutes, subversions, colères, Claire Auzias (dir.) L’Esprit frappeur/Dagorno, 2001. Articles : « Théophile Leclerc », « Pauline Léon et Claire Lacombe », « La marche des sans-papiers », « Anacharsis Cloots », « Tankonala Santé ».
Dictionnaire de la pornographie, Philippe Di Folco (dir.), PUF, 2005. Article « Sodomie ».
Annales historiques de la Révolution française, « La prise de parole publique des femmes » (journée d’étude, 11 décembre 2004, Paris-I Sorbonne), n° 344, avril/juin 2006 : « Pauline Léon, une Républicaine révolutionnaire ».
De Godzilla aux classes dangereuses (coll.), Ab Irato, 2007. Deux textes.
Le Suicide des jeunes. Mourir pour exister, Virginie Lydie, Syros, 2008. Entretien.
Dictionnaire de la mort, Philippe Di Folco (dir.), Larousse, 2010. Articles : « Autopsie psychologique », « Binet-Sanglé », « Droit à la mort », « Kevorkian Jack ».
Le Militantisme, stade suprême de l’aliénation, Organisation des jeunes travailleurs révolutionnaires (OJTR), Parrhèsia/Éditions du Sandre, 2010. Présentation et notes.
Bourgeois et bras-nus, Daniel Guérin, Libertalia, 2013. Préface.

Notices détaillées
Pour en finir avec Reich
« Tout ce que vous pourriez déjà savoir sur Reich si vous aviez osé le lire »
Brochure auto-éditée, diffusion Parallèles/Alternative, 24 p., deuxième trimestre 1978. Épuisé.
Le texte principal fait la critique de ce qui, dans l’œuvre de Wilhelm Reich, appartient déjà à la sexologie, mensonge de la bourgeoisie moderne et hygiéniste sur une « vie sexuelle » séparée, pour l’étude de laquelle le psychanalyste utilise des concepts économiques. Au-delà d’un légitime épanouissement individuel, la fonction sociale de l’orgasme (en couple hétérosexuel, uniquement) est de libérer l’énergie nécessaire au travail productif. La seconde partie de la brochure réunit les textes de la polémique avec la revue Sexpol et une critique de la secte néo-reichienne AAO (Organisation analyse actionnelle pour une pratique de vie consciente), dont le fondateur Otto Muehl (ou Mühl, suivant l’orthographe retenue) fait un retour surprenant dans la mode contestataire des années 2000.
Ni vieux ni maîtres
Guide à l’usage des 10-18 ans
Corédigé avec Yves Le Bonniec (qui imagina ce joli titre). Éditions Alain Moreau. Première éd. : troisième trimestre 1979, 315 p. Seconde éd. : deuxième trimestre 1983, format poche, 265 p. Épuisé.
Traduction en japonais.
Sans équivalent ni concurrent, ni à l’époque ni vingt ans plus tard, ce guide offre aux mineur(e)s un arsenal de survie quotidienne. « Scolarité obligatoire, amours défendues, correspondance contrôlée, circulation interdite, domicile obligatoire, lectures censurées, idées interdites… Assez pour faire qualifier de totalitaire n’importe quel régime politique. Pour les enfants, les adultes disent : éducation, protection, et même amour ! »
S’ouvrant sur un chapitre traitant des meurtres d’enfants par leurs parents (« La famille tue »), le livre analyse la situation juridique des mineur(e)s ; énumère les nombreux droits qui leur sont déniés, les rares droits qui leur sont octroyés, et ceux – plus rares encore – que des contradictions du système et quelques magistrats réformateurs permettent ou encouragent. Pour chaque question abordée, sont détaillés l’état du droit (la fugue n’est pas un délit…), les risques encourus (…mais fugueurs et fugueuses sont des proies faciles…), et les ressources pratiques (centres d’accueil, boutiques de droit, etc.) Toujours, les aspects théoriques et pratiques se complètent : parler d’amour, c’est aborder la jalousie, les rapports de force masculin-féminin, et décrire les méthodes de contraception.
En 1980, le ministère de l’Intérieur envisagea de soumettre Ni vieux ni maîtres à la Commission chargée de l’examen des publications destinées à la jeunesse. Éventée, la démarche fut publiquement dénoncée, et tourna court.
Suicide, mode d’emploi
Histoire, technique, actualité
Corédigé avec Yves Le Bonniec ; éditions Alain Moreau, premier trimestre 1982, 276 p. Il existe des traductions en japonais, allemand, italien, castillan, catalan, portugais.
Par-delà le caractère provocateur du titre, dont d’innombrables pastiches et déclinaisons ultérieurs attestent l’efficacité, c’est un double mode d’emploi que propose le livre. En premier lieu, à travers (ou contre) l’histoire, le droit et la littérature, c’est à un usage philosophique et libertaire de l’idée du suicide, symbole du libre arbitre individuel, qu’invite l’ouvrage : la certitude de pouvoir choisir le jour, l’heure et le moyen de sa mort, sans souffrances inutiles, apporte une part de la sérénité et de l’énergie nécessaires au combat quotidien. Seul le dixième et dernier chapitre, intitulé « Éléments pour un guide du suicide » fournit, sur l’intoxication médicamenteuse, des indications techniques adaptées de brochures associatives étrangères, rédigées par des médecins militant pour « le droit de mourir dans la dignité ». Unique apport de la science moderne à la technique du suicide, les médicaments offrent une possibilité de mort moins « violente », en garantissant un délai de réflexion de plusieurs heures après le geste suicidaire (ils sont d’ailleurs responsables d’une minorité des décès suicidaires).
Diffusé jusqu’en 1990, malgré une dizaine de procédures judiciaires et les appels à la censure de tout le pays institutionnel (Académie de médecine, Églises, partis, syndicats, etc.) le livre s’est vendu à cent mille exemplaires et a donné lieu à une abondante production journalistique (environ cinq cents articles, dont un franchement favorable). Un jugement de la seizième chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris (11 avril 1995) a condamné Alain Moreau pour avoir réimprimé Suicide, mode d’emploi postérieurement à la promulgation de la loi de 1987 visant la « provocation au suicide », loi de circonstance réintroduisant le suicide dans le Code pénal deux cent ans après la Révolution française, et visant notre ouvrage au premier chef. Impossible à imprimer et à diffuser Suicide, mode d’emploi est donc interdit de fait.
De la Révolution
1989, l’inventaire des rêves et des armes
Éditions Alain Moreau, 270 p., décembre 1988 ; épuisé.
Dédié « aux circonstances, pour qu’elles s’aggravent », et – en chinois – au dissident Wei Jingsheng, alors emprisonné, De la Révolution est l’un des deux livres défendant l’actualité du projet révolutionnaire publiés en France l’année du bicentenaire de la grande Révolution. En fait d’inventaire, il dresse d’abord celui des mensonges constamment rafistolés sur le monde et la condition humaine qui présentent l’ordre établi (machinal, marchand, machiste) comme naturel, nécessaire et immuable. « Ainsi donc, l’idée du bonheur ne supporterait pas d’être deux fois centenaire et nous devrions croire, au nom des camps staliniens, que, partie de rien – à peine une paramécie – l’humanité arrive, au faîte de son évolution, à la misère marchande et parlementaire. […] Qui donc a fait l’histoire jusqu’à présent ? Quelques satrapes et des armées de dupes, voilà ce qu’il faudrait que nous nous tenions pour dit. »
Réfutant les divers évangiles annonçant la fin de l’histoire, De la Révolution tente une relecture des problèmes de philosophie pratique que posent toute action révolutionnaire : violence et morale, réalisme et utopie, désir et subversion… Si l’on peut reprocher à l’auteur un texte à visée programmatique, c’est bien celui-là ; il représente en tous cas le maximum de cohérence théorique et littéraire dont il se sent capable.
Deux enragés de la Révolution, Leclerc de Lyon et Pauline Léon
Avril 1993, 255 p., éditions La Digitale (17, rue de Saint Thamec 29350 Moëlan-sur-Mer). Disponible.
Après avoir compté parmi les animateurs les plus énergiques de la sans-culotterie parisienne, les Enragés, se dressèrent – mais hélas trop tard – contre la Terreur. Ils défendirent l’idée d’une seconde révolution dans la révolution bourgeoise, contre les hommes d’État qui voulaient l’accaparer.
Ce courant, porteur de la revendication d’une démocratie directe, a surtout fait l’objet de travaux soviétiques et anglo-saxons. Même dans ces derniers, les figures féminines, et singulièrement celle de Pauline Léon, ont longtemps été négligées. J’ai rédigé la biographie de cette militante du club des Républicaines révolutionnaires, et de son compagnon Théophile Leclerc, le plus jeune des Enragés. L’ouvrage reproduit l’intégralité des textes qu’ils ont publiés, y compris les vingt-quatre numéros du journal L’Ami du peuple, jamais réédité depuis 1793.
Sur le même sujet, je renvoie à l’article « Les Enragés » (Critique communiste, n° 130-131, mai 1993), à ma présentation du classique de Daniel Guérin : Bourgeois et bras nus. La guerre sociale sous la Révolution. 1793-1795, Les nuits rouges éditeur, 1998, ainsi qu’à l’article « Pauline Léon, une républicaine révolutionnaire », Annales historiques de la Révolution française, n° 344, avril/juin 2006, consacré à « La prise de parole publique des femmes » sous la Révolution.
Gare au TGV !
Mai 1993, 68 p., éditions …Car rien n’a d’importance ; épuisé.
Encensé par les états-majors syndicaux et politiques (staliniens en tête), qui y voyaient le moyen de créer des emplois, de favoriser l’exportation d’un produit français, et même de faire « triompher le progrès technique », bref de faire aller plus vite le grand train du monde marchand, le « Train à grande vitesse » a rencontré l’opposition des populations des régions traversées, littéralement rayées de la carte par un système d’aménagement de l’espace européen qui relie les seules grandes métropoles. Loin d’intégrer la grande vitesse, dont l’exemple japonais montre qu’elle peut être combinée à une desserte locale efficace, le « système TGV » a permis d’achever le démantèlement du réseau ferré traditionnel, amorcé dès 1930 et activement poursuivi dans les années 70.
La SNCF, « établissement public à caractère industriel et commercial », a voulu restructurer son offre au profit de ce que les techno-crétins nomment « l’élite circulatoire », c’est-à-dire les cadres, excluant ainsi l’auteur de ces lignes, pourtant réfractaire à la conduite automobile et donc usager captif du train. S’étant avisé que patrons et cadres forment une clientèle insuffisante, et les principales suppressions de lignes ayant été effectuées de manière quasi irréversible, la SNCF tente aujourd’hui de faire ressembler le TGV à un train (départs de nuit, réductions tarifaires, etc.) Par ailleurs, la prise de conscience chez les cheminots des conséquences du système TGV en matière de licenciements et de restriction de la circulation des personnes a progressé (cf. les tracts critiquant les conditions d’emploi du TGV lors des manifestations syndicales de l’hiver 1995).
42 bonnes raisons pour les femmes de m’éviter
La Digitale ; première édition : mars 1995 ; deuxième édition : novembre 1996 ; 62 p. Disponible.
Quarante-deux ! voilà qui est bien peu, pensera-t-on. Il fallait bien clore une liste, qui eût pu, sans doute, être indéfiniment enrichie. Quarante-deux ans, c’est tout bonnement l’âge de l’auteur quand il rédige cet antiportrait ironique, illustré sur le même ton par le dessinateur Edmond Baudoin.
« Lorsqu’une jeune femme que j’aimais follement, et qui semblait goûter nos étreintes et nos bavardages passionnés, me préféra une sorte d’ectoplasme, ne sachant ni parler ni bander, je compris qu’il était temps pour moi de prendre la mesure du désastre et commençai de rédiger cet opuscule. Il y est question de moi bien sûr, mais aussi d’amour, de livres, de beauté, de solitude, de révolte et d’argent. […] Et puis voici qui pourrait figurer comme la énième de ces « bonnes raisons » : j’ai l’effronterie de croire qu’en dressant l’inventaire de mes bizarreries, de mes faiblesses et de mes prétentions, je laisse encore à désirer. »
Extraites de ce livre, trois « bonnes raisons » ont été republiées par Corinne Monnet dans le recueil intitulé Au-delà du personnel (Atelier de création libertaire, Lyon, 1998).
Le Spectacle du monde
DLM éditions, premier trimestre 1996, 95 p. ; épuisé.
Un homme et une femme se caressent et parlent d’amour, tandis qu’un procès, que l’on devine expéditif, se déroule sous leurs yeux. Le lecteur ne sait donc pas s’il a entre les mains un court roman, une pièce de théâtre ou un scénario de film. C’est un point de vue – au sens optique – qui s’offre à lui. Il voit les amants se regarder jouir, tandis qu’ils observent la farce judiciaire. Dans pareille configuration, mise en abîme du spectacle du monde, l’obscénité se lit-elle dans le désir ou dans le pouvoir ; dans le vocabulaire ou dans le jeu des organes ? Le duo amoureux affiche, en guise de réponse, le parti pris d’une réappropriation rebelle et malicieuse de la langue :
« Maintenant, fit-elle à son oreille, je veux que tu me dises des mots… – Oui, mais lesquels ? – Dis-moi un joli mot d’abord. – Chanterelle ? – Oui… un mot sale… – …Concupiscence. – Oui ! Elle imprimait seule le rythme du coït. Retenant in extremis la verge à l’entrée de son sexe, elle faisait sa demande, puis, les yeux clos, acquiesçait à la réponse d’un mouvement profond du bassin. – Un mot gai… – Soliloque ! – Oui… un autre… – Conciliabule ? – Oui… langoureux… – Épithalame… – Oui… un mot léger… – Volition… »
À la vie à la mort
Maîtrise de la douleur et droit à la mort
Noêsis, avril 1997, 204 p. Épuisé.
Réaffirmer la dignité humaine par la nécessaire maîtrise de la douleur (anesthésie), de la fécondité (contraception, avortement) et de la mort (euthanasie, suicide, obsèques), tel est l’objet de ce livre.
Après plusieurs siècles d’un dolorisme catholique supposé rédempteur, bientôt relayé par l’idéologie laïque médicale, ce n’est qu’au milieu des années 80 (1985 et 1987) que sont publiés des travaux établissant de manière irréfutable la perception de la douleur chez les nouveau-nés, prématurés compris, et donc aussi chez le fœtus. Seize ans plus tard, l’Académie de médecine se réfère bien à ces travaux, mais n’en accepte les implications, à propos du fœtus, qu’avec une réticence obstinée (Le Monde, 4-5 mars 2001). Riches de savoir et de moyens techniques, nous sommes encore dans la préhistoire de la prise en compte de la douleur, y compris chez l’adulte. On y verra la persistance des pesanteurs religieuses et leur importance dans les blocages institutionnels en ce qui touche au corps désirant et souffrant, porteur de vie et promis à la mort. Du coup, l’expérience positive des centres de soins palliatifs est utilisée par les moralistes pour réfuter la revendication de l’euthanasie et plus encore celle du droit au suicide. Seul le choix de la crémation, hier anathématisé, semble entrer dans les mœurs… Comme si la société ne pouvait reconnaître tout à fait qu’à des cadavres la libre disposition d’eux-mêmes.
Le Siège de l’âme
Éloge de la sodomie
Éditions Zulma, février 1999, 200 p. Disponible.
Au prétexte de réhabiliter la manière d’aimer la plus décriée qui soit, l’auteur entend repenser la chair dans ses rapports avec l’âme, chanter le plaisir comme dépense partagée, et réintroduire dans l’érotisme un merveilleux débarrassé du divin.
Est-ce parce que, dans la nomenclature catholique, la sodomie hétérosexuelle était qualifiée d’« imparfaite », qu’elle n’avait jusqu’ici jamais été abordée dans un ouvrage spécifique ? Le Siège de l’âme, « fantaisie littéraire, érosophique et antithéiste » vient combler cette lacune en exaltant l’art d’enculer comme « une école de tendresse, de connaissance de soi, et d’attention portée à l’autre. » C’est en somme, pour paraphraser Plutarque, l’école de la grâce. Mais part cette grâce, encore faut-il que les hommes soient eux-mêmes touchés, s’ils la veulent mériter !
Économie de la misère
Misère de l’économie – Droit au travail – Précarité – Loi du marché – Production immatérielle – Revenu garanti – Aliénation – Fouriérisme – Paresse – Plaisir – Révolution
La Digitale, septembre 1999, 106 p. Disponible.
Édition espagnole, deuxième semestre 2001, Alikornio ediciones, Barcelone.
Après le succès considérable d’une critique pasteurisée et sans perspective de « l’horreur économique », il était bon de rappeler que l’idéologie économiste, comme la sacralisation du travail, ont été l’objets de débats passionnés dans le mouvement révolutionnaire. Si les piques d’un Lafargue ou d’un Kropotkine contre le « Droit au travail » gardent toute leur pertinence, un courant anarcho-syndicaliste d’inspiration proudhonienne reste attaché à la valeur morale du labeur. Dans sa seconde partie, l’ouvrage dresse la généalogie, jusqu’ici négligée, du courant « garantiste », depuis Thomas Paine jusqu’aux autonomes des années 70, modernes partisans d’un « revenu garanti » ou d’un « salaire social », en passant par les sympathisants de Jacques Duboin constituant, sous l’Occupation, la section économique du groupe Collaboration. Qu’il s’agisse d’humaniser le système capitaliste (Yoland Bresson), de réaliser ses potentialités les plus prometteuses (Negri), ou – plus prosaïquement – de proposer à la social-démocratie au pouvoir un « nouveau new deal » (Yann Moulier Boutang), tous les partisans du garantisme retrouvent la préoccupation de Paine : réaliser la réforme pour éviter (conjurer) la révolution.
À l’encontre de cet évolutionnisme, je tiens qu’il est impossible de faire l’économie d’une révolution pour en finir avec un monde où l’horreur, la misère et l’ennui sont monnaie courante.
Dommages de guerre
Paris – Pristina – Belgrade – 1999
L’Insomniaque, mars 2000, 124 p. Disponible.
Sous la bannière de l’OTAN, Assassins sans frontières et Marchands du monde ont ravagé la Serbie et le Kosovo. La main sur le cœur, ils jurent que cette guerre n’avait aucun motif secret, d’ordre économique ou géostratégique. Il ne s’agissait que d’exercer le très charitable « droit d’ingérence »… Lequel se confirme être le droit des gérants. En effet, les documents produits par les institutions européennes et telle Agence américaine d’aide à l’exportation attestent que les États-Unis et l’Union européenne, concurrents et complices, aménagent de longue date dans les Balkans un protectorat dont ils forment les patrons, les flics, les ministres, et même les « meneurs syndicaux ». Quant au pétrole (et autres matières premières), dont on a fait briller l’absence comme une preuve décisive, il faut les acheminer vers l’ouest depuis les gisements de la Caspienne et d’ailleurs, via de coûteux « Corridors paneuropéens de transport ». Les trois principaux se coupent en formant un triangle, dont le centre se trouve précisément au Kosovo ! Triste exception française, trop de libertaires ont cru à l’inéluctable « guerre humanitaire », causant loin du front – sans risques ni excuses -, le plus honteux des « dégâts collatéraux ».
Pièces à conviction
Textes libertaires 1970-2000
Éditions Noésis-Agnès Viénot, 2001, 293 p. Épuisé.
Censuré par l’État et par des anarchistes, calomnié équitablement par ces derniers et par des staliniens, bousculé par les flics, j’ai acquis, un peu par mes mérites et beaucoup au gré des circonstances, une certaine expérience de l’hostilité. Aussi conçois-je fort bien que l’on m’ignore ou que l’on veuille me faire taire ; il n’est pas jusqu’aux réticences qu’ont soulevées tel ou tel de mes textes que je ne puisse comprendre. Cependant, si l’on s’en prend à moi pour mes idées, qu’il s’agisse au moins des miennes, et qu’elles y soient toutes ! Ce sont les traces d’une écriture politique que j’ai rassemblées.
Je ne suis pas assez naïf pour ne pas voir que bon nombre de ces pièces à conviction seront utilisées à charge contre moi. Le temps est à la répétition en farce des procès staliniens, aux soupçons et à la bienséance idéologique. Mais il ne me déplaît pas de secourir ainsi mes adversaires les plus misérables : archivistes illettrés des pensées déviantes, petits chimistes de la police scientifique des mœurs, fabriquants d’épouvantails à façon. C’est, il me semble, un trait d’orgueil excusable de se vouloir des ennemis moins démunis. Chacun des 50 textes rassemblés dans cet ouvrage est une protestation contre la pitoyable morale que ces fâcheux incarnent et le monde qu’ils servent.