«Tu n’aurais pas envie de m’enculer…?»

Le Siège de l'âme

Je [re]donne ici, en manière d’avant-goût — que des correspondantes m’avaient réclamé — l’envoi et le début du premier chapitre de mon livre Le Siège de l’âme, sous-titré « Éloge de la sodomie », publié aux éditions Zulma (dans une édition augmentée) en 2005.

Un « Introît » consacré à la liberté d’expression et de blasphème est intercalé dans l’ouvrage entre les deux pièces que l’on peut lire ici.

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Ad augusta per angusta

À des résultats glorieux par des voies étroites

Envoi

« Tu n’aurais pas envie de m’enculer ? », me demanda Joséphine à l’oreille, tandis que je la baisais. Peut-on imaginer jeune homme plus empoté que moi ! Ma timidité et mon inexpérience étaient telles… que je feignis de n’avoir rien entendu ! Par bonheur, le destin mit sur ma route d’autres callipyges, aussi bien disposées à mon égard, et j’appris à me montrer digne de leurs leçons. Cet aveu dût-il me faire passer pour un fat auprès de lecteurs moins favorisés par le beau sexe, je dois à la vérité de dire que de l’art sodomique, ce sont les femmes qui m’ont tout enseigné. C’est d’abord à ces révélatrices que j’adresse le présent opuscule, en témoignage de tendre reconnaissance. Également, à celles qui, par la suite, consentirent à m’ouvrir leur perspective étroite, et — sans rancœur — aux méfiantes, aux douloureuses, aux intraitables enfin.

Si le regret me saisit parfois, c’est en songeant à celles que j’ai connues trop tôt, trop niais : mes incunables ! Puissent-elles avoir croisé quelque bougre délicat, qui aura su défricher le chemin de traverse que j’avais sottement ignoré.

Danseurs de corde Naples

Éloge de l’imperfection

Le présent ouvrage s’intéresse essentiellement, c’est son originalité, à la sodomie hétérosexuelle. Dès lors que pratiqué entre hommes et femmes, cet art d’aimer a été souvent ignoré par les historiens et les philosophes, et même, nous l’allons voir, quelque peu méprisé par les théologiens. À l’époque moderne encore, le Dictionnaire de droit canonique 1 professe que la sodomie « est dite imparfaite lorsqu’elle intervient entre personnes de sexe différents, mais implique un rapprochement effectué intra vas indebitum (dans le vase indu). Celle-ci est gravement peccamineuse2 mais moins que la sodomie parfaite », qui s’entend donc entre les seuls pécheurs de même sexe.

Pour moi qui ne prétend nullement à la perfection, dont je n’ai qu’une expérience trop piètre pour mériter d’être rapportée, je me contenterai de conjuguer ici l’imparfait du féminin, trop heureux de pouvoir — par mes modestes travaux — combler une aussi troublante lacune de la connaissance universelle. Par ailleurs, je ne doute pas que même ceux et celles, parmi mes lecteurs, que leurs goûts ont conduits vers d’autres raffinements érotiques, sauront faire leur miel des matériaux érudits ici rassemblés et les faire servir à leurs plaisirs.

Le problème de la différence des sexes et de la perfection a longtemps tourmenté la secte catholique. On a même prétendu, et nombreux sont ceux qui croient cela de bonne foi, qu’un synode a disputé si les femmes ont une âme. Il semble bien que cette rumeur historique repose sur une interprétation erronée des travaux du deuxième synode de Mâcon, en 585. Selon ce que rapporte, dans son Histoire des Francs, l’historien et théologien Grégoire de Tours, l’un des évêques présents demanda si la femme pouvait être considérée comme appartenant à la même espèce humaine que l’homme. Ses confrères s’appuyèrent sur le mythe de la Genèse et soulignèrent que le prophète Jésus est appelé « fils de l’homme », alors qu’il est né d’une femme. Démonstration d’une logique difficilement réfutable, dont la conclusion s’impose à l’esprit : la femme est bien un homme. Aussi « homme », aussi humaine, aussi « parfaite » (au sens d’achevée) que son compagnon, le femme est donc réputée disposer du même équipement, c’est-à-dire d’une âme.

Il apparaît néanmoins que ce point continua à soulever des polémiques, puisque six siècles et demi plus tard, il se trouve des religieux pour contester la perfection féminine. La femme serait tout au plus une sorte d’« homme imparfait ». Objection ! s’écrie Guillaume d’Auvergne, évêque de Paris en 1228. Si, affirme-t-il dans un fort beau syllogisme, vous qualifiez la femme d’homme imparfait, alors il vous faudra également considérer l’homme comme une « femme parfaite ». Or, estime-t-il, cette dernière proposition a de fâcheux relents d’« hérésie sodomitique ». À tout le moins, c’est une donnée qui complique singulièrement les choses. Examinons le cas, banal, d’un homme pénétrant l’anus de son amante. Que devrions-nous voir ?

Une femme parfaite,

Pratiquant la sodomie imparfaite,

Sur un homme imparfait…

On admettra que cette inversion de tous les sens a de quoi donner le vertige à plus blasé qu’un évêque.

Jusqu’au milieu du XIXe siècle, l’Église porte la plus grande attention aux turpitudes anales de ses ouailles (ou de ses membres), et considère la sodomie comme une question si délicate qu’elle doit demeurer le domaine réservée de la hiérarchie. En 1847, le révérend père P.J.C. Debreyne clôt ce qu’il appelle lui-même un « triste paragraphe », consacré (en latin) à ce vice, « en avertissant que l’on doit toujours s’enquérir auprès de l’autorité supérieure si le crime dont il s’agit est réservé à l’évêque, et dans quel cas il est réservé. Il paraît que, dans beaucoup de diocèses, les deux espèces, la parfaite et l’imparfaite, sont réservées3»

Cette définition, toute d’humilité, de la sodomie hétérosexuelle, a fourni le prétexte de l’une des plus charmantes tournures argotiques la désignant ; on disait au XVIIIe siècle, dans les milieux de la prostitution, « mettre à l’imparfaite4 ». Il est juste de reconnaître qu’elle ne s’est pas fixée sans de longs et multiples tâtonnements et controverses, dont je donnerai plus loin un aperçu.

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1 Dictionnaire de droit canonique, R. Naz, 1965, tomme VII.

2 « Constitutive d’un péché » ; du lat. peccare « commettre une faute », sur lequel on a formé (im)peccable, peccadille, etc.

3Mœchialogie, traité des péchés contre les sixième et neuvième commandements du décalogue. On notera l’humour involontaire de la formulation, et la similitude euphémistique avec le vocabulaire moderne des prostituées, qui désigne la sodomie par l’expression « le spécial ». Se laisser enculer, c’est « faire le spécial ».

4 « Malgré son état, elle souhaitait de rester pucelle ; comme elle montrait des fesses à ravir, je la mis à l’imparfaite. » Giacomo Casanova, Mémoires.

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Nota. Les deux vignettes qui illustrent ces extraits du Siège de l’âme sont tirées de la réédition, en 1995, par Joëlle Losfeld, de l’ouvrage du colonel Famin, Musée royal de Naples. Peintures, bronzes et statues érotiques du cabinet secret (1857).

abecedaire

LES FEMMES ET LA SODOMIE : TÉMOIGNAGES FÉMININS

J’avais, sur mon précédent site, à la suite de la parution de mon livre Le Siège de l’âme (Zulma), proposé aux femmes qui le souhaitaient de me faire part, anonymement, de leur expérience de la sodomie.

Les témoignages reçus sont publiés ci-dessous.

L’invite étant de validité permanente, vous pouvez me contacter via le formulaire en bas de page, y compris pour un simple échange, sans perspective de publication. Cette manière de procéder est plus sûre que les « commentaires », qui doivent de toute façon être validés pour écarter les innombrables pourriels envoyés par des moteurs ou des êtres vivants dont le mécanisme mental n’est pas plus sympathique.

J’ai extrait quelques mots de chaque témoignage pour en faire un titre.

Capture d’écran 2014-11-09 à 10.52.38 C’est délicieux (avril 2008)

Je viens témoigner sur le sujet : « Les femmes et la sodomie ».

La première réflexion qui me vient à propos de la sodomie : « c’est délicieux », mais oui, je vous assure !

J’ai 56 ans et avec mon compagnon on ne s’en prive pas, on ne la pratique pas systématiquement à chaque rapport sexuel, mais très souvent.

Je la pratique environ depuis l’âge de 30 ans.

J’ai eu de nombreux partenaires dans ma vie sexuelle et je ne l’ai pas pratiquée avec tous, cela dépendait des habitudes de chacun et de l’humeur du moment.

En règle générale, je préfère une pénétration vaginale avant avec 2 ou 3 orgasmes ou plus, et ensuite la sodomie vient à la fois comme un plaisir en plus, différent et plus intense, plus complet je dirais… J’en ai des frissons de partout et une chaleur intense envahit mon ventre, ma peau… Je ressens la même chose avec une pénétration vaginale, mais en moins intense, en fait je crois que j’ai plus l’impression de jouir avec tout mon corps, c’est un feu d’artifice et je m’envole dans les étoiles… enfin c’est fantastique !

J’ajouterai que je suis une « femme fontaine », et d’après certains des partenaires que j’ai eus, cela me donnerait une prédisposition à avoir des orgasmes multiples et à être totalement libre dans les rapports sexuels et donc à apprécier la sodomie.

Salutations amicales.

Capture d’écran 2014-11-09 à 10.52.38 Se connaître sans complexe (Marie)

La sodomie est encore un tabou chez une catégorie d’hommes qui sont classés classiques, peu ouverts, tendance macho. Elle se pratique effectivement avec élégance quand un couple se connait en profondeur, a dépassé ses extrêmes, se respecte et est à l’écoute l’un de l’autre. Le passage douloureux de la sodomie est évité si chacun est à l’écoute, soit l’un des deux est trop stressé, soit les hémorroïdes bloquent le passage, par exemple… En fait que ce soient hommes ou femmes, pratiquer la sodomie chez certains paraît répugnant, sale, la représentation des matières fécales est restée primaire dans leur esprit.

Pour une symbiose sexuelle et un approfondissement des rapports sexuels d’un couple, il faut parfois passer par des actes inconnus, ou extrêmes pour connaitre l’autre, ses gouts, et découvrir un nouveau monde à deux. Pratiquer la sodomie, c’est se connaitre, sans complexe, avec une intimité, une complicité. Ne pratiquer que la sodomie est une voie de garage pour un homme non performant, et ne pas la pratiquer : vous loupez une marche de la sexualité, de la découverte des sens profonds.

Je rétablis peut être l’équilibre du pouvoir par la sodomie si j’en crois les dires de Toni Bentley (note du 22 aout de Claude Guillon), j’aime bien cette version, je préfère plaisanter que de me prendre au sérieux. Rester simple semble difficile dans notre société : Dans mon premier commentaire, je me suis mal exprimée, j’ai osé écrire mais la formulation ne donne pas toujours les effets désirés…..pratique qui veut la sodomie, je ne juge pas si c’est bien ou mal de ne pas le faire, je souligne juste que la sodomie n’est pas un tabou pour moi, elle fait partie de mon monde sexuel.

Comparons cela à une branche artistique : c’est tout un art de la pratiquer pour la savourer, mais l’art est immense, sans limites et je ne me permettrais pas de juger du monde sexuel de chacun…

Capture d’écran 2014-11-09 à 10.52.38 Mon premier orgasme

Bonjour, Je viens de tomber par hasard sur ce site en tapant d’autres termes de recherche que « sodomie » et j’ai lu tout cela avec attention. J’ai probablement une histoire toute particulière. Je ne voudrais pas virer dans le glauque mais ma première expérience en la matière fut assez sordide puisqu’elle se fit lors d’une soirée avec un ami, soirée durant laquelle cet ami «abusa» de moi (j’étais ivre et inconsciente). Mon consentement il ne l’avait pas c’est certain mais le mot viol ne me vient cependant pas à l’esprit, je tiens tout de même à le préciser. Je n’ai pas ressenti ça comme un viol puisque… je n’ai rien ressenti du tout lol Bref. Ma première expérience ne m’a donc laissé que peu de souvenirs (de vagues sensations que je suis incapable de rattacher à quoique ça soit) et ne m’a ni franchement dissuadée ni franchement encouragée à recommencer, mais les suivantes… Je trouve que la sodomie est une source de plaisir(s) intense(s). Mon premier orgasme : sodomie, mon second idem etc. etc. etc. A tel point que je me demande si mon corps est capable de ressentir du plaisir autrement que par ce moyen. Les premières fois furent douloureuses et quelquefois encore il m’arrive de souffrir, notamment au début mais ensuite, comme le disait l’un des intervenants précédents : « je pourrais continuer durant des heures ». Je ne pense pas que cette expérience sexuelle se rattache au domaine de la soumission, de la domination d’un des partenaires. Je pense qu’elle se rattache exclusivement au domaine du plaisir. Des sensations ressenties. Cela peut être une marque de domination pour certains mais ce n’est pas systématique. Et je pense qu’il est évident qu’une sodomie sans stimulation préalable et durant l’acte en lui même n’apporte que peu de jouissance. Pour répondre à la personne qui déplorait que la sodomie soit banalisée et que les jeunes la connaissent, je répond que cela est loin d’être un mal. Les jeunes personnes ne sont pas complètement stupides et sont bien fichus de se rendre compte que, oh, miracle, il y a un deuxième orifice, sorte de deuxième sexe (dixit Ovide) et que, tient, ça a l’air de plutôt bien s’emboiter. La libéralisation des moteurs est une excellente chose. On ne se sent plus, comme auparavant, coupable d’un rapport sexuel (que dire d’une sodomie, péché mortel, liaison directe avec l’enfer), on le vit mieux. Pour en revenir à la sodomie, je trouve dommage que certaines personnes manquent de curiosité à ce point. Je pense, moi, que sans aller jusqu’à des choses extrêmes (nécrophilie, scatophilie : encore que je pense que cela vient de ce que l’on nous enseigne étant petit « touche pas à ça, c’est caca ! » je sais, c’est ridicule mais c’est pourtant ce qui est dit. Et puis les excréments, on sait tous que ça sont des déchets organiques, rien d’intéressant et aucune chance que ça soit BON. Donc en consommer juste pour essayer…. un rien idiot, a moins d’être en pleine famine lol) il faut essayer un minimum de choses. Faire l’apprentissage de ce qui nous entoure. Je ne parle pas essentiellement de la sodomie mais de tout ce qui lévite autour de nous. Savoir quel gout a une croquette pour chien, ce que ça fait […] de rencontrer qqun sur le net, […] etc. Je ne dis pas qu’il faut renouveler ! Une fois suffit. Parce que renouveler peut être dangereux […] ou que cela ne nous plait pas (croquette pour chien ou…. sodomie). Mais essayer. Savoir à quoi l’on pourra dire non par la suite, savoir ce que l’on qualifie « d’inintéressant ». […] On ne peut pas aimer ce que l’on ne connait pas, c’est normal, mais on a pas le droit de juger. Justement.

Capture d’écran 2014-11-09 à 10.52.38 Pratique « normale », cela signifie quoi ?

En tout cas pratiquée depuis longtemps par des jeunes filles juives et arabes (et sans doute occidentales et africaines ?, mais je n’ai pas de témoignage) pour garder leur virginité et comme moyen de contraception, bien ou mal, je ne sais pas, dans ces cas c’est à la place d’une sexualité dite normale de pénétration du sexe masculin dans le vagin, qui peut mener à une grossesse.

Pour moi, il n’y a de norme nulle part, des pratiques plus ou moins fréquentes, courantes dans l’ancien testament, refusée au départ par les catholiques pour se démarquer des autres religions… pour moi, pas de norme, mais un bien-être de chaque individu avec soi-même et avec l’autre : alors toute pratique sexuelle, avec ou sans pénétration vaginale ou anale, me parait bonne pourvu que les partenaires en soient satisfaits

Pour ma part, je la pratique de temps en temps, parfois pour faire plaisir, parfois pour mon propre plaisir, et peu m’importe, il m’arrive de la refuser parce que je n’en pas envie à ce moment là, seul mon désir et celui de l’autre sont en cause, aucune notion de « pouvoir » de qui que ce soit.

Mon plaisir sexuel est lié à mon désir et à celui de l’autre, et au respect de chacun pour l’autre, j’aime faire plaisir, mais pas contre mon désir ; j’aime que l’on me fasse plaisir et que l’on me respecte..

J’ai 61 ans, mariée et divorcée deux fois, et plusieurs relations avec des hommes successifs, j’en ai encore..

Capture d’écran 2014-11-09 à 10.52.38 J’étais réticente (novembre 2013)

Bonjour, j’ai lu hier soir votre façon de voir la sodomie, chose a laquelle j’étais réticente par peur de montrer à l’autre quelque chose de sale, de lui offrir quelque chose de sale, qu’il fasse de moi quelqu’un de sale, une putain en quelque sorte. Comme si l’homme préférait la vierge a la putain impure. J’ai rencontré un homme qui m’a fait l’amour avec tellement de tendresse que j’ai a peine sentie qu’il me sodomisait, l’amour avec lequel il le fait est puissant. Je me sens belle et aimée passionnément, pas du tout sale au point d’avoir moi même envie parfois d’être un homme pour pénétrer celui que j’aime et connaître ce magnifique sentiment de pénétrer à l’intérieur de l’autre. « Et l’amour dans tout ça ? » Disait un commentaire. Mais il est bien là avec rage, envie de mordre, de griffer, de serrer, de ne faire qu’un ! Le sang, les selles, la salive, le sperme, il n’y a rien de sale quand on aime. Moi, je ne vois que des cellules au même titre que les larmes, la peau, les cheveux… Le seul moment ou l’on doit arrêter de penser c’est précisément celui où on fait l’amour et lorsqu’une femme fait confiance et se livre, elle lâche prise et n’a plus peur de se faire enculer au sens premier du terme. Je pense que la femme qui a peur de la sodomie a avant tout peur de la trahison, peur de l’abandon après avoir livré ce qu’il y a de plus intime et de plus pudique. La femme se farde et j’ai lu que dans un film Rocco Sifredi fardait l’anus de sa partenaire avant de la pénétrer, je n’ai pas bien compris au début et je trouve cette image magnifique ! L’homme est le plus beau fard de la femme, c’est lui qui nous maquille le mieux 😉 !!!

Capture d’écran 2014-11-09 à 10.52.38 Si c’est fait sans préparation…

Bonjour,

Je suis un peu étonnée que la sodomie soit ici encore un peu « taboue », je pensais que c’était une pratique banalisée. Je l’ai pratiquée assez tôt dans ma vie sexuelle. Au début un peu maladroitement. Je l’ai fait par curiosité et pour l’aspect psychologique de me sentir dominée… J’aimais bien. Plus qu’être pénétrée vaginalement parfois. Et puis, la maturité venant, ça a été encore mieux. Beaucoup mieux. J’adore être sodomisée après avoir été pénétrée vaginalement en général. Que l’anus soit lubrifié a l’aide de mes sécrétions vaginales et que je sois pénétrée progressivement par un puis plusieurs doigts de mon partenaire. Si c’est fait sans préparation c’est à oublier. C’est douloureux, sans plaisir, et en ce qui me concerne de toute façon cela ne se fait pas, anatomiquement parlant. Si je n’en ai pas le désir, je ne le fais pas non plus, parce que pour l’avoir déjà fait, cela ne me donne pas de plaisir dans ce cas. Je ne le fais pas avec tout le monde, je ne le fais pas systématiquement ; c’est comme tout, ça se fait en fonction du partenaire, du moment… Cela me donne en général plus de plaisir que la pénétration vaginale. J’aime que ce soit lent, progressif ; je pourrais le faire pendant des heures ! Je ne le demande pas verbalement, je guide. Ou bien je le demande verbalement pendant l’amour et alors ça fait partie pour moi du jeu de l’excitation. En ce qui concerne les réactions des hommes, je n’ai jamais eu de refus. C’est presque toujours moi qui suis demandeuse. Même toujours je crois. Peut-être que les hommes n’osent pas ou qu’ils n’y pensent pas ou n’en ont pas envie. Parce que quand je suis bien avec un homme, je le demande assez tôt (dans la relation avec l’homme je veux dire, je n’ai pas besoin de connaître la personne depuis longtemps pour en avoir envie, cela m’est arrivé de demander lors du premier rapport avec quelqu’un). Peut-être que si j’attendais plus, j’aurais plus de demandes ou propositions, je ne sais pas. Je ne vais pas faire du prosélytisme pour la sodomie parce que je comprends très bien que des gens n’y trouvent pas de plaisir ou n’aient pas envie d’essayer. C’était juste mon témoignage personnel sur le sujet, vu que c’était demandé gentiment 🙂

PS : Tant que j’y suis, j’ai aussi une requête. Je trouve votre blog, que je découvre, très intéressant (cf sujets sur les régimes et le suicide, que je viens de lire), alors si jamais vous avez un avis sur la mode de l’épilation intégrale ou quasi-intégrale (c’est pareil) du sexe, je serais ravie de vous lire. Parce que pour moi c’est une horreur (dediou ce que c’est douloureux de s’épiler le sexe, je renonce) PPS : j’ai 35 ans (pour vos stats ?)

NOUVEAUX TÉMOIGNAGES (juillet 2016)

 

Capture d’écran 2015-01-15 à 14.38.41 Le maître mot est l’attention

Je trouve intéressant de pouvoir avoir des témoignages féminins sur la pénétration anale ; souvent taboue et si fantasmée et demandée par les hommes. Donc aujourd’hui j’aimerais aussi vous apporter mon expérience sur cette pratique, qui nécessite délicatesse et savoir-faire. J’ai été durant 10 années avec le même homme (de mes 20 à 30 ans) ; nos rapports sexuels étaient « agréables » cependant je me masturbais beaucoup pour atteindre des orgasmes clitoridiens, et lorsqu’il désirait me pénétrer analement il me faisait mal et nous n’avons jamais été jusqu’au bout. Puis je me suis séparée après 10 ans de vie commune et un enfant ; et durant les 2 années qui ont suivi j’ai rencontré 3 partenaires formidables, j’ai découvert que certains hommes étaient vraiment tournés vers le plaisir de la femme, l’écoute de son corps et que le sexe pouvait être un échange incroyablement intense lorsque l’homme sait être sensiblement attentif au désir féminin. J’ai redécouvert mon corps, et je me suis également découverte femme fontaine grâce à un homme en particulier, fin connaisseur du corps féminin ; il a su trouver en moi les partitions, les notes, la rythmique qui ont déclenché ces fontaines de plaisir. Je pense également que la maturité et le lâcher prise que l’on acquiert au fil des années ont participé à faire évoluer mes orgasmes. Le premier partenaire qui a suivi ma rupture était un as du cunnilingus, il tenait à me voir prendre du plaisir et monter en excitation avant lui pour ensuite prendre son plaisir, soit

…le deuxième a été mon maître en matière de sexe, sa douceur, son attention et son « professionnalisme » m’ont permis de découvrir de nouvelles expériences et de les apprécier car il avait un savoir-faire et une capacité à écouter et à observer incroyable ; il a su me mettre vraiment en confiance et m’a permis d’expérimenter de nombreuses pratiques… dont notamment la pénétration anale : il est très important lorsque l’on commence cette pratique d’être déjà préalablement excitée, voir d’avoir déjà eu des orgasmes clitoridiens et/ou vaginaux ; lorsqu’un certain pic d’excitation est atteint on peut stimuler l’anus, avec la langue, délicatement, le sentir se dilater, le lubrifier, le pénétrer doucement avec un doigt, puis deux ou même un jouet… puis petit à petit celui-ci s’offre à l’autre, et on peut pratiquer la pénétration (avec le temps ensuite, les préliminaires ne sont pas forcément nécessaire et l’excitation suffit). Cet homme m’a également permis de me découvrir femme fontaine et multi orgasmique. Avec mon dernier partenaire, que j’ai rencontré il y a plusieurs mois et avec qui je suis toujours actuellement, le plaisir a encore évolué, et pourtant je ne pensais pas connaître meilleure partenaire que le dernier… et la pénétration anale est devenue un vrai délice… d’ailleurs c’est systématique, lorsque je suis allongée sur le dos et qu’il me pénètre je jouis et pardonnez moi l’expression je « gicle » ; les fontaines sont multiples et grandioses, elles arrosent tout son torse, et il adore ! Ces érections féminines peuvent également survenir par pénétration vaginale ou par doigté mais de manière anale pour ma part c’est très rapide et le plaisir est violent ! Je ne pensais prendre tant de plaisir auparavant avec cette pratique…

Pour conclure, j’aimerais vous dire que rien n’est figé, qu’il y a une évolution en tout, et que lorsqu’il y a écoute, communication, échange, délicatesse, douceur alors tout est possible même les pratiques paraissant les plus hard ; je dirais que le maître mot est l’attention ; les hommes se doivent encore plus que les femmes d’être dans l’attention et l’écoute du corps de la femme qui est complexe ; et lorsque les clefs qui nous amène au désir ont été trouvé alors c’est un feu d’artifice de plaisir que nous découvrons et cela pour la vie ! Je remercie ces hommes de m’avoir permis d’apprendre à connaître mon corps et par la-même à me découvrir et m’honorer en tant que Femme. Aujourd’hui j’ai le sentiment d’être entièrement maître de moi-même et de mon désir-plaisir. Pourtant quand je repense à mes 20 ans (j’en ai 33 aujourd’hui), j’étais loin d’imaginer que lors de mes 33 ans mon plaisir serait si intense, comme j’étais loin d’imaginer me découvrir femme fontaine, et encore plus, imaginer que la pénétration anale puisse me procurer un plaisir si intense et puissant… Donc soyez à l’écoute, curieuse et exploratrice de vous-même, ne vous enfermez pas dans des relations « molles » ou à moitié satisfaisante comme je l’ai fait durant 10 ans auparavant, soyez vous-même, soyez entière, soyez une conquérante du plaisir partagé et la nature ainsi que la vie vous le rendront !

 Lili

 

Capture d’écran 2015-01-15 à 14.38.41 Un double étonnement

Ma première fois fut un double étonnement. C’était avec un homme bien sous tous rapports (si je peux me permettre ce jeu de mot) je sortais d’un passage à vide de cinq mois après une rupture difficile. Nous avons passé la première [nuit] chez moi. Je dois dire que je ne peux pas décrire les détails du déroulement de ce premier rapport amoureux : ce qui est certain, c’est qu’il embrassa mon sexe juste après un long baiser sur la bouche : le résultat… une volupté merveilleuse et je compris pourquoi mon amie Marion parle d’extase à propos du plaisir que procure un baiser sur la vulve fait avec amour et un certaine technique. Poliment il me pénétra en missionnaire et sans gêne il accompagna ses va-et-vient avec des pressions sur mon clitoris avec son pouce, j’ai eu un orgasme mais venu trop vite. Mon amant me fit rapidement mettre « en levrette » et il il s’enfonça entièrement et s’agita assez vite mais sans frénésie, il sortit et éjacula entre mes fesses. Je trouvai cette fin un peu désolante. J’étais persuadée que c’était la fin de ce premier « coup ». Sans perdre une seconde il appuya le bout de son sexe sur le deuxième orifice et avec une lenteur pleine de précaution fit entrer la totalité de son sexe. Ce qui m’étonna le plus c’est qu’il resta en érection, je m’étais dit qu’il débanderait, pas du tout, une fois bien en moi il me massa énergiquement le clitoris et il parvint à me faire jouir. je m’effondrai à plat ventre et lui vint s’allonger à côté de moi. J’ai un souvenir de cette nuit qui me trouble encore sept ans après.

 Nina

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LES FEMMES ET LA SODOMIE — entretien dans “Libération” (2005)

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Je donne ici, chapeau compris, pour celles et ceux qui n’ont pas eu accès au numéro du journal concerné, le texte d’un entretien téléphonique avec Matthieu Écoiffier, publié par Libération, le vendredi 26 août 2005, avant-dernier d’une série estivale intitulée « Cultures du sexe ». Le dossier dans lequel s’insère l’entretien concerne la sodomie hétérosexuelle.

 

Une composante de l’érotisme féminin

 

Claude Guillon, écrivain, a publié Le Siège de l’âme, Éloge de la sodomie (éd. Zulma, réédité en 2005). Il est l’auteur de l’article consacré à ce sujet dans le Dictionnaire de la pornographie à paraître en octobre aux PUF. Se situant toujours entre Eros et Thanatos, il avait coécrit l’ouvrage polémique Suicide, mode d’emploi en 1982.

Libération. Assiste-t-on en 2005 à un regain de la tendance anale chez les hétéros ?

La sodomie est certainement moins honteuse aujourd’hui. Et elle est davantage déclarée dans les enquêtes sur la sexualité. Des sexologues signalent beaucoup de consultations d’hommes qui n’arrivent pas à avoir une érection suffisante pour s’y livrer. Enfin, des enquêtes sociologiques sur la prostitution indiquent une demande masculine de se faire sodomiser par une femme ou un travesti. On en parle aussi beaucoup de façon très banale, dans certaines émissions de radio très écoutées par les ados comme celles du Doc. Et sur les sites Internet, notamment musulmans : il y a actuellement une intense activité de théologie sexuelle chez les musulmans, comparable à celle qui animait autrefois les catholiques.

Libération. Dans le Coran, l’enfer musulman réserve au sodomite la première place…

Toutes les religions condamnent la sodomie. Y compris le bouddhisme malgré sa réputation de grande largesse d’esprit. Toutes les pratiques sexuelles qui ne mènent pas à la conception ont souvent été réunies sous ce terme générique. Aux États-Unis, il a fallu attendre 2003 [et non pas 2001, comme indiqué par erreur] pour que la Cour suprême abolisse les lois qui la pénalisaient encore dans certains États.

Libération. La littérature s’est montrée plus tolérante : « Dis-toi bien mignonne que tu as deux sexes », a écrit Ovide.

Certes. On s’encule énormément dans Sade, mais c’est souvent dans la torture, la douleur, le viol. Chez Pierre Louÿs, on s’y adonne plus gaiement. Plus récemment, c’est le cinéma qui a repris le flambeau : après Le Dernier Tango à Paris dans les années 70, Catherine Breillat en a fait un acte récurrent de ses films. Dans Parfait amour, la sodomie se termine par un meurtre, elle est initiatique dans Ma sœur, onirique dans Anatomie de l’enfer où Rocco Siffredi farde l’anus de sa partenaire avant de la pénétrer ; suggérer la connexion entre différents organes est le propre de l’érotisme.

La couverture d’un roman de science-fiction de Farmer montrait déjà une femme traversée par un tube qui, partant de son anus, ressortait par sa bouche. L’un des paradoxes de la sodomie c’est qu’il n’y a pas de limite anatomique à la pénétration, contrairement au vagin fermé par le col de l’utérus. Être à la fois l’infini et le resserrement est pour beaucoup l’un des charmes de la sodomie…

Libération. Vous-même en avez écrit l’éloge…

Pour moi, le plus intéressant dans la sodomie, au-delà de tel avantage physique ou de la jouissance de la transgression, c’est qu’il s’agit d’une pénétration de la limite entre plaisir et douleur. Pour un duo amoureux, c’est une épreuve érotique : mal menée, elle peut se révéler insupportable. La sodomie peut aussi être l’école de la grâce à condition de faire preuve d’écoute et d’attention. Autre paradoxe, elle demande aux hommes de faire preuve d’une grande « virilité érectile » et de beaucoup de délicatesse.

Libération. Et quid de la sodomie réceptive chez les hommes hétéros ? Aux États-Unis, certains salons proposent même des massages de la prostate.

L’hypothèse nouvelle me paraît être la banalisation de la sodomie, active ou passive, comme composante de l’érotisme féminin. Difficile, dans le ping-pong entre la réalité et ses représentations, d’évaluer son ampleur mais elle est très probable. De plus en plus de femmes s’approprient cette pratique. Cela va avec l’idée d’une inversion des rôles, , que la femme elle aussi peut pénétrer. Et avec la banalisation es vibromasseurs et des gode-ceintures. Bref, cela suit le mouvement d’une autonomie de plus en plus grandes des pratiques sexuelles des femmes, en solo ou avec partenaire. Demandeuses, elles se heurtent parfois à un refus des hommes, lié au tabou de la localisation, à l’excrément, ou à la peur de ne pas savoir faire. Il va falloir qu’ils suivent.

Recueilli par Matthieu Écoiffier

 

abecedaire

 

Capture d’écran 2014-11-09 à 10.52.38 Post scriptum.

Je lis dans Libération de ce 22 août 2006 un entretien avec Toni Bentley, auteure américaine d’un livre autobiographique intitulé Ma Reddition (édité par Maren Sell). Cette dame déclare que « l’enculade rétablit l’équilibre entre une femme qui a trop de pouvoir et un homme qui en a trop peu ».

Mémoires d’arrière-train, cette « Reddition » bien nommée est donc surtout un texte d’arrière-garde.

L’ACCUEIL DES MINEUR(E)S EN DIFFICULTÉ ET/OU EN FUGUE

Capture d’écran 2014-11-09 à 10.52.22La publication du rapport 2007 de la « défenseure des enfants », intitulé « Adolescents en souffrance. Plaidoyer pour une véritable prise en charge » est l’occasion d’aborder ici la question de l’accueil des mineur(e)s en difficulté, des fugueurs et fugueuses, dans l’esprit qui était celui de mon premier livre, rédigé avec Yves Le Bonniec et publié en 1980 chez Alain Moreau : Ni vieux ni maîtres. Guide à l’usage des 10/18 ans (aujourd’hui épuisé [2014]).
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Le rapport signé par Dominique Versini insiste sur le caractère hétérogène des Points d’Accueil et d’Écoute Jeunes (PAEJ). Ils s’adressent aux jeunes de 12 à 25 ans et jouent « un rôle d’accueil, d’écoute, de soutien, de sensibilisation, d’orientation et de médiation » pour des adolescents et de jeunes adultes rencontrant des difficultés de toute espèce (conflits familiaux, viol, maltraitance, etc.), même si les parents peuvent y être reçus également. De financement « pluriel et précaire », leur existence est fragile. Le rapport cite l’exemple du point accueil écoute jeune du Tarn, seule structure de ce type dans le département, qui a dû interrompre son activité en 2006 faute de ressources.

Autre exemple, positif celui-ci, le PAEJ de Valence qui accueille les mineur(e)s dès l’âge de dix ans, qu’ils/elles résident dans le département ou y soient simplement de passage. L’accueil y est anonyme et une permanence téléphonique est assurée 24 heures sur 24 toute l’année ; si nécessaire, un(e) mineur(e) peut être secouru(e) en n’importe quel point du département.

« Le PAEJ s’est adapté aux besoins d’un département qui est un lieu de passage important pour les mineurs en fugue qui descendent vers le midi par le couloir rhodanien. Par convention avec le Conseil général et accord du parquet, le PAEJ peut héberger un mineur une nuit ; il sollicite le parquet pour une deuxième nuit si une solution n’a pu se dégager. Les plus de 16 ans sont hébergés dans un foyer de jeunes travailleurs, les plus jeunes le sont dans un foyer départemental du Conseil général. En 48 heures au plus, le mineur est donc nécessairement réorienté (retour en famille, signalement au procureur, hospitalisation, hébergement chez un tiers avec néanmoins reprise des liens avec les parents). Mais le mineur peut aussi venir ponctuellement et entretenir un contact pendant plusieurs mois sans avoir besoin d’un hébergement. La possibilité d’hébergement pendant 2 nuits de suite permet généralement de trouver une solution, sans judiciariser la situation, et sans déclencher un placement dans le dispositif d’accueil d’urgence départemental effectué trop hâtivement et qui risque de se solder par un nouveau départ, maintenant la situation de risque pour le mineur. Le dispositif du PAEJ permet à un ou plusieurs membres de l’équipe de se relayer auprès du mineur pendant 48 heures maximum, mais dans un contact permanent et personnalisé. Il arrive bien sûr que des jeunes repartent dans l’errance avant qu’une aide ait pu être apportée ; parfois ils reviennent… »

Il est opportun de rappeler ici que la fugue n’est pas un délit, contrairement à ce que l’on peut lire et entendre parfois, y compris dans la bouche de gendarmes ou de policiers. Par contre, une fugue pas ou mal préparée peut mettre les mineur(e)s en situation de délinquance (voler pour manger), donc en danger d’arrestation et de judiciarisation de leur cas. Elle peut surtout les mettre en danger tout court : agression à l’occasion d’un voyage en autostop ou d’un hébergement chez des inconnu(e)s, par exemple.

Or la fugue est une réponse banale à un grand nombre de conflits (à propos des vacances notamment ; on part avec un copain ou une copine contre l’avis des parents) ; elle est aussi une réponse d’urgence légitime et adaptée en cas de menace de psychiatrisation, de violences sexuelles, etc.

Certes, nombre de mineur(e)s se débrouillent soit en utilisant leurs propres réseaux de relations (membre de la famille mieux disposé à leur égard, parents de copains, copains indépendants, bonnes rencontres). Cela ne va pas sans risques, cette fois pour les adultes qui les aident, puisqu’ils encourent des poursuites pour « détournement de mineur », délit qui doit s’entendre au sens géographique, et non seulement sexuel comme on le croit souvent.

Il est donc particulièrement important que des mineur(e)s qui ont eu envie et/ou besoin de fuguer, et qui repèrent eux-mêmes des difficultés imprévues ou qu’ils/elles ne sont pas en état de surmonter seul(e)s, puissent s’adresser à des relais où souffler, éventuellement trouver à qui parler, et rencontrer quelqu’un susceptible de faire tampon entre eux et l’autorité (parents, institution).

Les PAEJ, surtout lorsqu’ils sont organisés sur le modèle de celui de Valence, sont un élément de réponse dans les situations de détresse. Le rapport Versini souligne la difficulté de ces lieux d’accueil à faire connaître leurs activités en dehors des circuits institutionnels. Internet est un moyen de les faire connaître, à condition que leurs coordonnées n’apparaissent pas que sur des sites institutionnels que les jeunes ne consulteront pas. Je donne ci-dessous la liste des PAEJ, telle qu’elle est indiquée sur leur site. J’ai recoupé la liste elle-même et les informations contenues dans des plaquettes éditées par les PAEJ locaux. Les lieux sont classés dans l’ordre alphabétique des villes. Cette liste a pour vocation d’être recopiée et diffusée.

ATTENTION : Au moment de l’utiliser pour soi-même ou pour un(e) mineur(e) : garder à l’esprit que rien ne change plus vite qu’une adresse, un n° de téléphone, un horaire de permanence ou un travailleur social. Téléphoner d’abord. Et toujours se renseigner précisément pour savoir si le PAEJ local offre bien le service que l’on recherche : hébergement d’urgence pour une nuit, par exemple.

Je corrigerai la liste si nécessaire, en fonction des informations et témoignages qui me seront adressés (voir formulaire de contact en bas d’article).

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La liste des points d’accueil et d’écoute jeunes

 

Alençon Sézame ; 80 rue St Blaise – 61000 Alençon ; 02 33 29 51 71 – fax 02 33 80 71 65 ; sesame@cpo-alencon.net ; Mme Chantal Bersou – M. Gilbert Gadois

Angoulême Point Accueil Ecoute Jeune 16 ; Centre Information Jeunesse « Espace Franquin » ; 1 ter, boulevard Berthelot – 16000 Angoulême ; 05 45 37 07 30 – 06.32.45.00.86 ; fax 05 45 37 07 31 ; paej@info-jeunesse16.com ; Mme Sophie Demontel ; 3 Espaces : voir Chateauneuf & Jarnac

Arcachon Cobas ; 2 Allées d’Espagne – 33120 Arcachon ; 05 56 22 33 44 – fax 05 56 22 33 49 ; Mme Martine Rullier

Arcachon Passerelle Point Jeunes ; Esplanade de la gare – 33120 Arcachon ; 05 56 83 00 03 – fax 05 56 83 00 33 ; Mme Gérard Mathe

Bordeaux Point Accueil Ecoute Jeunes ; 20 place Pey Berland – 33120 Bordeaux ; 05 56 44 50 99 – 06 89 76 72 15 ; fax 05 56 79 37 62 ; paule.atlan@renovation.asso.fr ; Paule Atlan

Bordeaux Claude Fourcade ; 26 rue Barreyre – 33300 Bordeaux ; 05 24 60 42 25 ; claude.a.fourcade@gmail.com ; M. Claude Fourcade

Bruay La Buissière, Téofil / Point Accueil Ecoute Jeunes et Parents ; Arrondissement de béthune ; 10/12 rue Gaston Deferre – 62700 Bruay La Buissière ; 03 21 52 15 21 ; paej.bray@online.fr ; Mme Maryline Wiart

Carpentras Point Ecoute Le Passage ; 99 rue Moricelly – 84200 Carpentras ; 04 90 67 07 28 – fax 04 90 60 73 84 ; Accueil de 14h à 18h du mardi au jeudi, vendredi de 10h à 16h ; pendant l’été, le jeudi de 16h à 20h ; pej.lepassage@wanadoo.fr ; Mme Luce Grégoire

Castres Tarn Espoir ; 24 rue Henri IV – 81100 Castres ; 05 63 71 24 74 – fax 05 63 71 24 73 ; Mr Philippe Verge

Chateauneuf Point Accueil Ecoute Jeune 16 ; Locaux d’Ailan ; Place du 8 mai – 16120 Chateauneuf ; 05 45 37 07 30 – 06.32.45.00.86 ; fax 05 45 37 07 31 ; paej@info-jeunesse16.com ; Mme Sophie Demontel ; 3 Espaces : voir Angoulême & Jarnac

Chateauroux Point Accueil Ecoute Jeunes ; 28 rue du Palais de Justice – 36000 Chateauroux ; 02 54 22 56 64 – fax 05 63 71 24 73 ; pointaccueiljeunes@cegetel.net ; Mme Stéphanie Guillot

Clermont Ferrand A.D.S.E.A. ; 50 avenue d’Italie – 63000 Clermont Ferrand ; 04 73 41 31 73 – fax 04 73 41 31 70 ; dg.adsea63@orange.fr ; Mr Eric Foex

Clermont Ferrand PARQ-ADSEA-L’Ecoutille ; 14 av Charras – 63000 Clermont Ferrand ; 04 73 92 92 92 – fax 04 73 92 92 93 ; Mr Hubert Fournier

Clermont Ferrand Point Accueil Jeunes ; 70 rue Villeneuve – 63000 Clermont Ferrand ; 04 73 42 11 74 ; Lundi à vendredi 9h/12h et 13h30/16h30 (accueil sans rendez-vous lundi et vendredi matin) ; Mme Geneix – Mme Charrade – Mme Gentet

Clermont Ferrand CCAS ; 1 rue St Vincent de Paul – 63000 Clermont Ferrand ; 04 73 96 07 65 ; Mme Godillot (conseiller technique) – Mme Remy

Corbeil Essonnes Mission Locale ; 35/37 avenue Carnot – 91000 Corbeil Essonnes ; 01 69 22 10 40 – fax 01 60 68 21 93 ; Melle Monteiro

Creil Le Tamarin ; 1 bis rue Léon Blum – 60100 Creil ; Mr Claude Lefebvre

Digne-les-bains PAEJ l’Hélicom ; 52 rue de L’Ubac – 04000 Digne-les-bains ; 04 92 34 99 85 ; paejphelicom@alicepro.fr ; + antenne Résidence La petite Toscanne 04500 Barcelonnette

Dijon ACODEGE SERV PREV SPECIALISEE ; 90 rue Vannerie – 21000 Dijon ; Lundi à vendredi, 15h à 19h ; 03 80 67 60 00 – fax 03 80 56 63 46 ; Mme Isabelle Ligez

Draguignan Point Accueil Ecoute Jeunes – GRAPESA (Groupe de Recherche et d’Action pour la Prévention, l’Education Spécialisé et l’Accueil) ; 8 Bd. Carnot – 83300 Draguignan ; Permanences : Mardi 17h/19h, mercredi 9h/12h et 12h/17h, vendredi 9h/12h ; 04 94 68 56 84 ; Mme Monique Lecompte

Dunkerque A.A.E.S. (Point Accueil Jeunes) ; 8 rue du Fort Louis – 59140 Dunkerque ; 03 28 64 83 74 – fax 03 28 64 26 00 ; Mr Hervé Heyses

Evreux Point Jeunes ; 14 rue de l’Horloge – 27000 Evreux ; 02 32 31 03 02 – fax 02 32 31 34 10 ; pt.Jeunes.Ev@wanadoo.fr ; Mme Patricia Delord

Flers Point Accueil Ecoute Jeunes – L’Escale ; 28 rue de la Boule – 61100 Flers ; Lundi 10h/13h30 et 16h/19h ; mardi et jeudi 12h30/13h30 et 16h/19h ; mecredi 10h/17h ; Vendredi 12h30/17h ; 02 33 96 40 01 ; Mme Anny Joly

Foix A.I.P.D. ; 19 rue des Moulins – bp 49 – 09002 Foix ; 05 61 05 01 93 – fax 05 61 05 01 92 ; aipd09@wanadoo.fr ; Mme S. Ruffie

Fontaine lès Dijon POINT ACCUEIL JEUNES ; 22 rue de la Petite Fin – 21121 Fontaine lès Dijon 03 80 58 17 93 – fax 03 80 56 63 46 ; prevention.specialisee@acodege.asso.fr ; Mme Isabelle Ligez

Forbach Point Accueil Ecoute Jeunes & Parents ; 25 rue Nationale (entrée C) – 57600 Forbach ; (Immeuble sur parking Match, en face boutique France Telecom) ; 03 87 85 69 12 – fax 03 87 85 79 83 ; Accueil : lundi à jeudi 13h/19h ; mardi 14h30/18h ; mercredi 9h/12h et 13h/18h ; vendredi 13h/18h. RDV possible par tél. en dehors de ces horaires ; Également, permanences d’accueil décentralisées sur rendez-vous au 08 87 86 69 12, à Hombourg-Haut, lundi 15h/18h Espace Acti-Chapelle ; Creutzwald, jeudi 15h/18h au Centre social Breckelberg : Saint-Avold, 39 av. Clémenceau, mercredi 15h/18h ; Mr Dominiqe Frey

Frejus Point Accueil Ecoute ; 234 rue de l’Avelan – 83600 Frejus ; 04 94 67 33 15 ; Mr Alain Roland

Garges-Lès-Gonesse Espace Ecoute Parents Sarcelles – Garges ; 2 allée Molière – 95140 Garges-Lès-Gonesse ; 01 39 93 20 30 ; pep.sarcelles-garges@wanadoo.fr ; Mme Christine Bouguen-Kerroc’h

Garges-Lès-Gonesse Point Accueil Jeunes « à l’écoute » ; 47 rue Marcel Bourgogne (BP 205-95141 Garges-Lès Gonesse) ; Bus 133, 333, 250/ CIF 11, 31 ; Mardi, mercredi, vendredi 12h/18h30 ; 01 39 93 22 65 ; alecoute.paj@wanadoo.fr ; Docteur Claire De Bénazet

Grenoble Point Accueil Jeunes ; 16 rue Abbé de la Salle -38000 Grenoble ; 04 76 00 72 90 – fax 04 76 00 72 91 ; paj-pmouchard@wanadoo.fr : M. Pascal Mouchard

Grigny Point Écoute Jeunes ; 16 place aux Herbes – 91350 Grigny ; 01 69 21 66 59 ; Dr Michael Guyader

Hyères Point Écoute Jeunes ; 3 place Henri Dunanta – 83400 Hyères ; 04 94 65 70 60 – fax 04 94 65 72 01 ; contact@pej-hyeres.com ; Mme Marie Rosseuw ;

Jarnac Point Accueil Ecoute Jeune 16 ; 27 rue Ernets Merlin- 16200 Jarnac ; 05 45 37 07 30 – 06.32.45.00.86 ; fax 05 45 37 07 31 ; paej@info-jeunesse16.com ; Mme Sophie Demontel ; 3 Espaces : voir Angoulême & Chateauneuf

L’AiglePoint Écoute Jeunes ; 5 rue du Moulin à l’Aigle- 61300 L’Aigle ; 02 33 84 95 40 ; Mme Isabelle Fretigny

Lambersart ,13 avenue George Clémenceau – 59130 Lambersart ; 06 08 98 69 90 ; brigittebara@wanadoo.fr ; Mme Brigitte Bara

Lannion FILEA ; 17 rue Joseph Morand – 22300 Lannion ; 02 96 37 74 07 – 02 96 37 74 60 ; filea@free.fr ; M. René Cloatre

La Roche Sur Yon, Relais Accueil Jeunes ; 6 rue du Passage – 85000 La Roche Sur Yon ; 02 51 46 29 30 – fax 02 51 47 34 75 ; intervenants.relais@wanadoo.fr ; Mme France Gilbert

La Rochelle, CAP JEUNES ; Cours de la Gare -17000 La Rochelle ; 05 46 67 10 29 – fax 05 46 67 70 44 ; M. Claude Silvestro

La Rochelle CAPJ ; Christophe Moinard ; 7 promenoir de la Goélette – Le Gabut La Rochelle (au-dessus de l’Office de tourisme) 05 46 50 01 49 – fax 05 46 34 06 74 ; capjeunes17@wanadoo.fr.

Lille Point Jeunes – ADNSEA ; 1 rue St Génois -59000 Lille ; 03 20 06 44 21 – fax 03 20 78 07 14 ; pointjeunes.lille@adnsea.fr ; yboudjemai@adnsea.fr ; M. Youcef Boudjemay

Lille Mr Christian Muller ; 6/41 rés. Dampierre ; parc St Maur – 59000 Lille ; 03 20 55 53 64 ; Mr Christian Muller

Lisle sur Sorgue, Association « A l’endroit à l’envers » ; 11 place Goudard – 84800 Lisle sur Sorgue ; Mme Emmanuelle Bernard

Manosque PAEJP O’Bandonéon ; 14 rue du Soubeyran – 04100 Manosque ; 04.92.77.29.53 ; paejp.bandoneon@alicepro.fr

Manosque Repère/Point Écoute ; 70 av. Jean Giono 04100 Manosque ; Lundi, mardi, jeudi, vendredi 16h30/19h ; mercredi et samedi 14h/19h ; 04 92 87 62 24

Montfavet ADNSEA Service Insertion ; 641 Chemin de la Verdière – 84140 Montfavet ; 04 90 31 36 72 – fax 04 90 31 32 89 ; Mr Georges Leclerc

Montivilliers, Service Enfance Jeunesse ; Moulin de la jeunesse ; rue des Mégissiers – 76290 Montivilliers ; 02 35 30 96 45 ; vincent.mesenge@ville-montivilliers.fr ; Mr Vincent Mésenge

Montpellier, PEPA ; 18 rue Terral – 34000 Montpellier ; 04 67 60 86 46 – fax 04 67 60 86 30 ; pe.montpellier@assos.org ; Mr Jean Marie Ferrari

Montreuil PAEJ ; 233 boulevard Aristide Briand – 93100 Montreuil ; Mme Diouf

Nantes L’Ancre – ANFJT ; 3 rue du Guast Matileux – 44000 Nantes ; 02 51 72 98 70 – fax 02 51 82 01 39 siège ; 02 40 14 54 44 – fax 02 40 41 54 40 lieu ; capjeunes@anfjt.asso.fr ; Mme Corinne Lescarret

Noyarey Village de l’amitié ; 525 Chemin du Moulin – 38360 Noyarey ; 04 76 53 95 46 – 06 85 64 34 65 ; fax 04 76 53 70 41 ; village-amitie@wanadoo.fr ; Pierre Paillet

Oraison, Trait d’Union ; 16 avenue Charles Richaud – 04700 Oraison ; Thierry Bondiguet

Pamier PAEJ Multi services jeunes ; BP 86 – 09103 Pamier ; 05 61 67 45 71 : Magali Terrail -Tessa Fontaine

Paris, A.N.R.S. ; 7 rue Taylor – 75007 Paris ; 01 42 02 24 44 – fax 01 42 02 22 82

Paris Point Accueil Ecoute Jeunes /La pause ; 6 rue Augereau – 75007 Paris ; 01 47 05 64 17 ; anrs.sij,poirier@wanadoo.fr ; M. Laurent Fillit

Paris PAEJ République – ANRS ; 66 rue de la Fontaine au Roy – 75011 Paris ; 01 48 05 01 01 – fax 01 48 05 08 09 ; Du lundi au vendredi 14h/18h ; Séverine Legoff – Mr Abdel Boufferou

Paris Prévention Santé ; 31 rue de la Folie Régnault – 75011 Paris ; 01 43 70 17 17 – fax 01 43 70 32 18 ; psante@wanadoo.fr ; Mr Philippe Moreau

Paris PAEJ ; 161 rue St Maur – 75011 Paris ; M. Omer Maf-Capilow

Paris Point Accueil Ecoute La Chapelle ; 81 rue Riquet – 75018 Paris ; 01 40 34 19 75 – fax 01 40 34 49 10 ; assochap@news.fr ; Elisabeth Monnerat – Laure Desmurger – Toufik Taaleb ; Fatoumata Ndiaye

Paris LEA Lieu d’Ecoute et Accueil ; 147 rue de Clignancourt – 75018 Paris ; M. Djebali

Paris Paris Ados Service ; 3 rue André Danjou – 75019 Paris ; 01 42 40 20 42 – fax 01 42 40 20 14 ; clr.pas@free.fr ; Christiane Laurent – Fabienne Zellner

Pau Point Ecoute Jeunes ; 23 rue du Maréchal Joffre – 64000 Pau ; Lundi et mardi 13h/19h ; mercredi, jeudi, vendredi 9h/19h ; 05 59 27 74 70 – fax 05 59 27 74 67 ; ecoutejeunes@groupe-realise.org ; Mr Christian Laine – Mr Serge Fiegel ; + 2 antennes :
-  Orthez : 9 rue Aristide Briand, mercredi et vendredi 14h/17h ;
-  Oloron Ste Marie : Villa beda, rue des Gaves, jeudi 15h/18h ; Tél : 0810 811 803 24 h /24 h appel local

Roubaix Point Accueil Jeunes ; 121 rue Jules Guesde – 59100 Roubaix ; Permanences : mardi, mercredi, vendredi 13h30/18h30 ; 03 20 73 35 35 ou 06 09 14 55 40 ; fax 03 20 70 22 77 ; p.roelens@homedesflandres.fr ; M. Philippe Roelens

Saint Dizier Le Sémaphore ; 25 Avenue de Verdun -52100 Saint Dizier ; 03 25 05 90 64 ; Mme Véronique Dutour

Saint martin Service Club de Prévention ; 192 Rte Nationale ; Quartier d’Orléan – 97150 Saint martin ; 05 90 87 45 65

Salon de Provence, Espace Santé Jeunes ; 94 rue Labadie -13300 Salon de Provence ; 04 90 56 78 89 – fax 04 90 56 99 54 ; Mme Carmelo Franchina

Strasbourg, Point Accueil Ecoute Jeunes ; 1 chemin de l’Anguille – 67000 Strasbourg ; 03 88 35 61 86 – 03 88 31 33 45 ; fax 03 88 31 63 59 ; Mme Marie Gesnel

Tarbes ADAOS ; 8 rue Brauhauban – 65000 Tarbes ; 05 62 93 10 85 – fax 05 62 34 03 86 ; adaos65@wanadoo.fr ; Mme Abderaman Kouidri

Toulouse Point Écoute Prévention ; 39 bis rue de Cugnaux – 31300 Toulouse ; 05 61 42 91 91 – fax 05 61 42 84 04 ; Permanences : lundi à vendredi 14h/18h ; jeudi jusqu’à 20h ; ecrire@point-ecoute.net – ; www.point-ecoute.net  ; Eric Barbier ; M. Marc Leray sas.arpade@wanadoo.fr

Valence, Point Acceuil Ecoute Jeunes (ANEF) ; 1 rue Madier de Montjau- 26000 Valence ; 04 75 86 03 14 permanence téléphonique 24h/24- fax 04 75 86 03 14, 06 09 33 48 70 ; Mme Florence Caso

Valencienne A.J.A.R. (accueil ecoute jeunes) ; 55 rue du Faubourg de Paris – 59300 Valencienne ; 03 27 30 01 59 – fax 03 27 30 01 59 ; P. Aymar Duvernet

Valreas Point Ecoute ; Cours Tivoli – 84600 Valreas ; 04 90 28 15 16 ; Monsieur Deharo – Caroline Audoyer

Versailles Point Acceuil Jeunes / Espace Parents, Direction des Solidarités – Mairie de Versailles – RP 1144 – 78011 Versailles Cedex ; 01 30 97 83 49 ; Juliette Huret – Olivier Caille – Christine Leclancher

Villefranche de Rouergue, Village 12 ; Cours de la Gare – 12200 Villefranche de Rouergue ; 05 65 81 17 25 – 05 65 81 17 26 ; fax 05 65 81 17 24 ; villagedouze@wanadoo.fr ; Jean-Louis Thenail – Carole Mathat

Vitry sur Seine, P.A.E.J. « une oreille pour tous » ; 11 avenue de Chanzy – 94400 Vitry sur Seine ; 01 46 81 75 26 – 01 46 81 52 93 ; Estelle SUDRIE

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Ajouts, exemples et commentaires

Un message reçu, qui montre, ce qui n’est pas une surprise, que dans la réalité, les choses sont autrement difficiles que dans les rapports officiels, pour les jeunes, et pour celles et ceux qui tentent de les aider :

« Les adresses que vous donnez sur Paris sont des lieux d’accueil de jour. Ces lieux ne répondent pas aux besoins de ces fugueurs mineurs malheureusement. Il y a quatre mois j’ai rencontré un mineur fugueur. Ce mineur ne voulait pas aller en foyer, ni retourner chez lui. Je me suis adressée dans un premier temps à l’association « Paris ado service » qui a refusé de l’accueillir au prétexte qu’il bénéficiait d’un suivi « aide sociale à l’enfance ». Je me suis adressée ensuite à l’aide sociale à l’enfance qui lui a donné un rendez vous 2 jours plus tard. Je me suis adressée à mon service de « prévention spécialisée » qui a refusé de lui payer une chambre d’hôtel. Je me suis adressé à l’anrs qui ne pouvait l’accueillir qu’en journée. Heureusement il a pu être hébergé pour 2 nuits par un pote qu’il avait rencontré pendant les manifs anti-sarkosy. Celui ci l’hébergeait en cachette car lui même disposait d’une chambre fourni par un foyer qui lui interdisait d’accueillir copain ou copine. Lorsque nous sommes allés au rdv du vendredi l’inspectrice ase à eu des mots très dur vis à vis du jeune fugueur, elle n’a pas voulu qu’il aille en chambre d’hôtel et lui a juste proposé une place en foyer d’accueil d’urgence, ce qu’il a refusé. Au dernier moment la maman de ce jeune à bien voulu accueillir son fils à la condition de ne pas aller au delà de 48h. L’inspectrice ase à trouvé un foyer d’acceuil pour le jeune sur marseille.

Voilà ce témoignage juste pour dire que ce jeune s’est fait balader sur plusieurs jours, qu’il était livré à lui même, qu’il n’avait pas de quoi manger, ni ou aller dormir et qu’aucune institution existante sur paris n’a entendu son désarroi et à voulu agir dans le cadre de la protection de l’enfance sauf à l’envoyer loin sur marseille comme si la solution c’était se débarrasser d’un problème encombrant. Deligny avait imaginé et créé des maisons refuge style ’lieu de vie » ou l’enfant fugueur pouvait trouver le gîte et le couvert sans qu’on exige de lui, sans qu’il devienne captif d’une institution qui la plupart du temps ne répond pas aux besoins de l’enfant, à sa souffrance, à ses difficultés. »

«Suicide, mode d’emploi» : témoignages recueillis sur le Net

Capture d’écran 2014-11-09 à 10.52.22Témoignage, pour une fois, d’un « non-lecteur », Richard, en octobre 2009 :
En 1985, je rencontrai une jeune femme de 25 ans ; de 5 ans mon aînée. Elle était enseignante et avait dans sa bibliothèque votre livre tant controversé ; premier « contact » avec SME. Nous étions dans les débuts de cette maladie qui a vu mourir tant de personnes depuis ; de celles qui n’avaient sans doute pas choisi. Le suicide, je n’y « pensais » pas alors…sûr qu’il ne m’arriverait que des bonnes choses à l’image de cette rencontre.
Beaucoup de temps a passé depuis. Cette femme n’est pas restée dans ma vie, pourtant je sais avec le recul que nous partagions une forme d’interrogation sur notre place dans la Vie. En 1992, je fis la connaissance d’une autre personne un peu plus âgée que moi elle aussi. C’était le 14 septembre, deux jours après, ma sœur aînée se suicidait au volant de sa voiture. La veille, je rêvai de son décès. Ce fût terrible pour moi et pour mes parents ; tout cela ne m’a pas quitté depuis. Cette jeune femme possédait elle aussi SME, j’ai pensé « emprunter » ce livre a posteriori, trop tard, nous ne nous voyions déjà plus…
La douleur de ma sœur ne m’a jamais été étrangère, nous avions un même passé, celui d’enfants non-voulus par notre mère. Il me semble que ma sœur a fait preuve d’un courage immense pour mettre fin à ses jours d’une manière aussi violente. Ce courage je ne l’ai pas. Parfois quand nous étions adolescents, elle me disait qu’elle ne passerait pas l’âge de 40 ans. Elle les aurait eu deux mois après son décès…
Maintenant j’en ai 44 ; cette « prédiction » qu’elle faisait alors me revient souvent. Comme si elle savait que quelque chose était inéluctable. Nous étions alors très proches à l’adolescence, elle était ma grande sœur et un modèle pour moi.
Je suis allé sur votre site et j’y ai lu tous ces témoignages, plus ou moins récents. Certains m’ont beaucoup touché, tant les récits de vie à l’instant « T » semblaient être le mien. Je pense à celui d’un certain David qui parle de son physique ingrat et de son désespoir à ne pas exister aux yeux des autres. De sa compagne dont il ne désire pas le corps ; de son métier rien qu’alimentaire… Pour ma part, j’ai un physique qu’on a souvent qualifié d’agréable, de charmant….je sais que j’ai plu, plaît encore sans doute, aux femmes, et même apparemment aux hommes, même si je n’ai plus grand chose d’un jeune éphèbe ☺… On me disait (c’est encore le cas…) que j’aurai toujours la possibilité de m’en sortir dans la vie ; qu’il ne tient qu’à moi de laisser de côté ce mal-être qui ne m’a jamais tout à fait quitté. Mon physique ne m’aura permis que de faire des rencontres ; je mesure que cela n’est pas si mal en définitive. Pourtant, maintenant et plus que jamais, je sens que ce qui ne s’est pas produit ne se produira plus ; que ça ne tenait pas à çà seulement ! Je suis au chômage depuis trois mois et j’ai davantage de temps pour penser…
Il me semble que nous sommes nombreux, et cela quelles que soient nos origines, à songer que la vie n’est pas faite pour nous. Je crois que je n’en ai jamais tout à fait douté malgré les moments de « rémission ». Deux ans et demi d’analyse, deux ans de thérapie, une dépression soignée l’an dernier à coup d’anti-dépresseurs…mon médecin traitant a semblé « satisfait » du résultat. Il faut dire que je n’ai rien fait pour lui prouver le contraire ; dans ma famille, on a toujours fait en sorte de taire les choses…fallait surtout pas déranger…
Je n’ai jamais eu votre livre en main ; pourtant, aucun ouvrage ne m’aura autant intrigué, questionné tout au long de ma vie. Je sais qu’il a été interdit à la vente ; il possédait peut-être des « clefs » pour certains d’entre-nous…ceux qui se réveillent souvent la nuit avec l’angoisse. Ceux qui cherchent un remède à leur mal de vivre. La solution radicale, rapide et indolore. Je ne pleure même plus ; j’ai arrêté la thérapie et j’essaie de ne pas me réfugier dans l’alcool, par égard pour ma compagne que je respecte. Bas de page. Je vais en rester là en vous remerciant d’avoir su livrer ces messages que vous avez reçus ces dernières années. J’ai beaucoup de compassion pour ceux qui me ressemblent et je leur envoie le peu d’amour sincère que je peux encore donner.

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Message posté le mardi 22 juillet 2008, sans adresse pour réponses
jai mal trop mal trop de chose en moi.jsai po a qui parler jvoudrai mourir mai sa me fai peur c bizard.si mon mess ariv jsui meme pas sur de retrouver ce site .jmapel nbathalie jsui d oullins. y a beaucoup de chose a dire .jsui perdu.alors a toi ki va me lire .pense a moi envoi moi de l’amour…

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Témoignage de Michael, 28 décembre 2007
Tous les jours je recherche le meilleur moyen de pouvoir mettre fin a mes jours, pense a la lettre que je vais laisser a ma famille, aux gens a qui j’ai envoyer plusieures fois des appel au secours parce que je n’allais pas bien et qui pensaient plus a eux et leur personne qu’a ecouter parce que je ne vais pas bien, a quel point j’ai besoin d’eux, qu’il m’ecoute, mais rien ne fait depuis ma rupture, plus rien ne me fait envis, je ne vois plus demain comme un jour nouveau, mais plutot comme une nouvelle galere ou je vais encore souffrir et en prendre la figure, il ne se passe pas une journee ou je pense a elle, son regard me manque, son odeure, ses bras, sa presence. c’est moi qui est romput pourtant a cause de son caractere, mais je m’y fait pas. elle est la seule qui a sus m’ecouter, me regarder differement et voir ce qui se trouve sous cette masse de graisse qui est mon corps, a voir comment etait mon coeur et l’amour que j’avais a donner j’ai passer ma vie a me faire humilier, rabaisser, traiter de moins que rien, la tete de turc a l’ecole primaire et surtout dans le secondaire, rarement des encouragements, de temoignage de confiance je me suis battus plusieures annee afin d’essayer de prouver le contraire mais a chaque fois le passer reapparait et tout recommence
j’ai quitter la region ou j’ai grandis me disant que peux etre ca serait differents, mais ca a toujours ete pareil ca fait maintenant 32 ans que ca dure et j’arrive a la fin de mes competences pour montrer que je peux etre quelqu’un
on ne recrute pas les gros dans les entreprises, ca fait mauvaise publicitee a celle ci et on se dis, » je le prends il va passer sa journee a manger donc ne sera pas productif » […]. Lire la suite

«Suicide, mode d’emploi» : témoignages de lecteurs

Extraits du livre Le Droit à la mort. Suicide, mode d’emploi, ses lecteurs et ses juges (Éditions IMHO, 2010).

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LES LECTEURS SONT SEULS JUGES

On se suicide par respect pour la raison, quand l’âge ou la maladie enténèbrent la vôtre, et qu’y a-t-il de plus honorable que ce respect de la raison ? […] On se suicide sans donner ses raisons, et peut-être sans raison, et on a le droit de n’en pas donner : pourquoi un homme n’aurait-il pas le droit de renoncer sans explications à une vie qu’il n’a pas demandée ?

Henry de Montherlant, « La mort de Caton », 1969.

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Nos adversaires n’ont cessé de nous opposer nos lecteurs, comme au meurtrier on oppose — pour le confondre — la dépouille de sa victime. À les en croire, être lecteur de Suicide, mode d’emploi est une condition (comme on naît intouchable), voire un état mental. Les extraits de lettres, choisis parmi plus de 600 reçues, que je vais citer montrent qu’il s’agit au contraire — pour des gens infiniment divers — d’une qualité.

Certains croient au ciel, et d’autres le maudissent. Ils lisent Libération ou La Croix. Beaucoup ont passé le mitan de leur âge, et certains sont impatients d’en hâter le terme. Ils ne sont pas grabataires pour autant ; Mme P*** nous écrit : « À 70 ans, j’ai assisté debout à toute l’audience du 23 octobre [1985], je ne vous en informe pas pour que vous m’envoyiez des fleurs, mais pour vous démontrer combien je suis acquise à votre cause. » Tous parlent de la souffrance et de la mort avec une émotion, un humour et un sang-froid, dont sont incapables les « suicidologues ». C’est pourquoi ceux-ci feignent de ne pas les entendre. Ces lecteurs de chair et de sang n’ont rien de commun avec « le lecteur », abstrait, conçu par ordinateur et sondage d’opinion, sur lequel aiment à se pencher les journalistes et les députés. À leurs lettres, ils ajoutent la photocopie d’un certificat médical, une photographie, des notices de médicaments, des articles de presse découpés à notre intention. C’est une correspondance d’amitié, et parfois d’amour.

Ces lettres, nous en avons joint la plus grande partie aux dossiers d’instruction successifs ouverts contre nous. Nous n’aurions pu rêver meilleur mémoire en défense que cette mosaïque de témoignages qui contredisent chacun des arguments de nos contempteurs ! Mais pour la même raison que ces voix nous touchent, elle sont faciles à ignorer. S’agit-il pas de gens ordinaires, issus de toutes les couches de la société, de toutes opinions, et surtout représentés par personne ? Signalons pourtant la principale exception au mépris général qu’on leur a opposé : le journal Libération a publié sur une double page neuf lettres à nous adressées et des extraits de lettres envoyées à notre éditeur1. Il arrive aussi que des journaux accueillent dans la rubrique « Courrier des lecteurs » un point de vue favorable à nos thèses2, mais la disproportion avec les manifestations d’hostilité pourrait donner à penser que le rapport de force dans l’opinion nous est défavorable. En fait, nous recevons de nos lecteurs les doubles des lettres qu’ils ont envoyées à leurs journaux habituels, sans que ceux-ci aient jugé bon de les publier.

Beaucoup de nos correspondants nous ont autorisé à utiliser leurs courriers, y compris pour publication. Étant donnée la difficulté de solliciter à nouveau leur consentement après de si nombreuses années, j’ai pris le parti de n’indiquer pour chaque missive que l’initiale du patronyme de l’auteur et la date (ceci afin de situer les textes dans le temps et de les différencier les uns des autres). Je me réserve d’utiliser les originaux en justice, dans l’hypothèse où un imprudent émettrait publiquement des doutes sur leur existence.

« Dans cet ouvrage, écrivait le Pr Vedrinne à propos de SME, la parole du suicidant est totalement absente3 ». « Le suicidant » n’existe pas davantage que « le lecteur », mais il est vrai que les femmes et les hommes qui nous ont lu ont bien des choses à nous dire, et à travers nous à nos adversaires communs. De ce point de vue, nos lecteurs — aussi divers soient-ils — n’ont qu’une parole : la dignité de l’être humain exige qu’il puisse choisir l’heure et le moyen de sa mort. Peut-être les médecins n’y verront-ils qu’un symptôme d’aliénation mentale, mais je ne doute pas qu’à prendre connaissance des témoignages qui suivent, l’« honnête lecteur » ressente la même émotion que j’ai éprouvée à les lire, puis à les relire, pour la préparation du présent ouvrage, dont il lui sera facile d’admettre le bien-fondé de la dédicace, à laquelle je le renvoie.

Le suicide tel qu’il est vécu

L’une s’est endormie paisiblement, l’autre au contraire a recouru à une méthode horrible, violente pour lui-même et pour les autres. Surmontant leur peine récente ou remuant d’anciennes douleurs, les proches, les parents tiennent à nous dire leur émotion et leur solidarité. Certains ont aidé à mourir une personne aimée, d’autres regrettent de n’avoir pas eu le courage ou l’occasion de le faire. Ne peuvent-ils en parler aussi légitimement que les moralistes patentés ?

M. V*** (24 octobre 1985) : « J’ai “aidé”, jadis, une belle sœur, agonisant dans d’horribles souffrances, à finir ainsi, ce dont elle me remercia avant de “partir”, souvenir qui est très cher à mon cœur. Je suis à la disposition de M. Le Bonniec pour tel témoignage qui, j’en suis sûr, ne pourrait que l’aider dans la pénible autant qu’injuste épreuve qu’il doit subir. »

M. P*** (s. d.) : « Si mon fils devait pour des raisons siennes mettre fin à ses jours, je préférerais qu’averti il ait accès à des méthodes douces et sûres, sans souffrance et sans risque du résultat [plutôt que] de s’automutiler pour la vie ou de se créer un handicap. »

Mme B*** (lettre au juge Bardou ; 23 octobre 1985) : « La mort de quelqu’un que vous aimez, qui vous aime, est quelque chose de très dur à vivre, surtout après seize années de vie commune extrêmement riche, au sens figuré j’entends. Mais le manque et la douleur que je ressens depuis six mois n’enlèvent rien à la dignité de la mort que mon mari s’est donnée. […] Mon mari avait toujours eu une théorie très claire sur le suicide, à savoir que “l’on a le droit de décider de sa mort”. Dès la sortie de Suicide, mode d’emploi, il l’a acheté et il l’a lu ; et je sais que ce livre n’a fait que confirmer ce qu’il pensait déjà. […] Mon mari avait de quoi chez nous se suicider depuis plusieurs années, et je le savais. Jamais il ne m’est venu à l’idée de lui confisquer cela. De quel droit l’aurais-je fait ? Et aurais-je empêché un suicide ? Non, Monsieur le juge, il aurait trouvé d’autres médicaments et une autre cachette […] et je garde précieusement le livre dans ma bibliothèque si jamais un jour j’avais envie de m’informer moi-même. »

M et Mme M*** (7 février 1983) : « Cher Monsieur, suite à la mort “volontaire” de mon fils le 23 avril 1982, je m’interroge sans cesse sur tout ce qui a pu faire qu’il ait “voulu” mourir ce soir-là. Il me semble que, comme dans tout suicide, il y a les raisons profondes, celles qui créent un état de désespoir, puis l’élément déclenchant, et enfin le moyen utilisé. C’est pourquoi je m’étonne de la campagne menée contre ce livre [SME]. Je l’ai lu, pourtant abattue et déprimée. Je n’y ai pas trouvé d’incitation au suicide, mais seulement des moyens de mourir en tout cas moins affreux que celui auquel mon fils s’est résolu. […]

« Hébergé dans un foyer de postcure psychiatrique à P… […]. Refusant de manger avec les autres pensionnaires, il fut exclu pour 48 heures par le médecin directeur […]. Il quittait le foyer vers 20 h 30 et vers 22 h 30 il se jetait sous un train. Nous avons fait, son père et moi, le trajet du foyer à la station S.N.C.F., il faut deux heures. Il portait un walkman et dans son sac, nous avons trouvé deux cassettes : l’une de Catherine Ribeiro arrêtée au “15 août 1970”, l’autre (encore dans l’appareil) de Renaud arrêtée à “La Teigne”. Il est bien évident que ce n’est pas parce que ces deux œuvres traitent du suicide que nous pouvons les considérer comme ayant eu une influence sur la détermination de notre fils. C’est avant qu’il avait franchi le point de non-retour. Il nous semble qu’en ce qui concerne la lecture d’un tel livre, il doit en être de même. L’élément déclenchant est intervenu avant. Quant au cri d’alarme qu’il faudrait lancer devant l’augmentation du nombre des suicides de jeunes, ce serait plutôt de se demander pourquoi tant de jeunes n’ont pas pu vivre. »

M. C*** (30 avril 1984) : « Messieurs, ma sœur aînée vient de réussir à arrêter le cours d’une existence douloureuse et solitaire. Elle a utilisé l’une de vos indications en soulignant d’un trait ferme quelques paragraphes de votre ouvrage. Elle est morte en écoutant de la musique, aux environs de Noël. J’espère que la mort lui a été douce ; c’est important pour moi. Les raisons profondes de son suicide lui appartiennent. Nous autres, les survivants, devons apprendre à vivre avec cette absence en forme d’impuissance et de point d’interrogation.[…] Je considère que chaque individu “adulte” a le droit de choisir de vivre ou de mourir. Qu’il puisse le faire sans trop de souffrance physique me paraît important et je vous sais gré d’avoir écrit votre ouvrage. »

Mme A*** (20 novembre 1985) : « Je suis une mère de famille nombreuse et j’éprouverais un chagrin immense si cela arrivait à l’un de mes enfants, mais je respecterai sa décision, et me garderai bien de mettre dans la m… la personne qui lui aurait permis de quitter ce monde en douceur. »

M D*** (25 septembre 1986) : « Il y a à peine quinze jours, un de mes jeunes amis (38 ans) a mis fin à ses jours. Ni sa famille ni ses amis n’avons l’intention d’attaquer en justice la Manufacture d’armes & cycles de Saint-Étienne. Croyez pourtant que les uns et les autres, à défaut d’avoir pu le garder vivant parmi nous, nous eussions largement préféré qu’il puisse choisir un moyen “d’en finir” moins sanglant, moins terrible et sûrement moins traumatisant pour ses proches… Je vous souhaite courage, patience aussi sans aucun doute, et de nombreux soutiens. »

M. H*** (2 mai 1987) : « Monsieur, votre livre sur le suicide m’a fort intéressé ; âgé de 92 ans, j’ai fait un essai malheureux à cause de l’imbécillité des réanimateurs. Je dois refaire un nouvel essai ».

Mme R*** (5 janvier 1993) : « Cher Monsieur, avant toute chose, permettez-moi de vous remercier. Grâce à votre livre, mon amie la plus chère atteinte d’un mal incurable a trouvé à 67 ans la mort douce qu’elle souhaitait. Elle est morte chez elle (80 comp. [censuré]) après un coup de fil serein me disant adieu. »

Mme H*** (28 novembre 1985) : « Mon beau-père s’est suicidé en juillet, le jour de ses 73 ans. Il n’a pas su comment s’y prendre ; alors il a dû prendre quelques médicaments, s’est un peu ouvert les veines [censuré], un peu plus tard il a pris le grand couteau “à découper le gigot” et [censuré]. Peu de temps avant son dernier soupir, il a dû rassembler ses dernières forces et il s’est défenestré. […]

« Nous sommes encore choqués, moi et ses enfants, de la volonté farouche qu’il a eu d’en finir, de ne se laisser aucune chance pour survivre. J’aurais aimé qu’il vous ai rencontrés, sa mort aurait été moins violente et sa famille moins traumatisée. »

Mlle T*** (copie d’une lettre adressée à M. André Fontaine, directeur du journal Le Monde, le 29 avril 1988) : « Lorsque ma sœur s’est suicidée, elle savait ce qu’elle faisait. Après maintes tentatives ratées et espacées sur plusieurs années, elle a finalement réalisé son projet d’en finir avec une vie qui ne lui convenait pas. Ma sœur avait dans son sac “Le livre”. Et alors ! Elle avait aussi des clefs, une carte orange, un roman, une trousse de toilette, etc.

« Le raisonnement suivant lequel “le livre” étant près du mort, il est cause du décès, et les auteurs coupables est absurde. Pire qu’absurde, il manifeste un rétrécissement de la pensée, une volonté de ne pas se poser de questions. C’est pour se défaire d’un sentiment de culpabilité lourd à porter que l’on cherche un “coupable idéal” extérieur à la situation. »

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1 Libération, 9-10 octobre 1982. Le quotidien publie le lendemain sur une pleine page seize témoignages recueillis par téléphone sur le thème « Le suicide et vous ». Seule autre exception : Le Quotidien de Paris publie dans un article du 17 mai 1982 quelques extraits de lettres adressées à A. Moreau.

2 Par exemple, les lettres de L. Plessis dans Témoignage chrétien (1 au 7 novembre 1982) ; de Mme Van Den Burg-Porte dans Le Monde (13 novembre 1985).

3 Réunion du G.E.P.S. déjà citée. Cf. chap. VI, « Unanimité de façade ».