Des nazis français appellent à constituer une «grande liste de tous les juifs impliqués dans la crise du Covid»

Un groupe finement baptisé «Les vilains fachos» – soit LVF, référence à la «Légion des volontaires français contre le bolchevisme», groupe nazi collaborateur – a entrepris, sur le réseau Telegram, de dresser une liste, «100% légale» assurent-ils de «tous les juifs impliqués dans la crise du COVID au niveau français. Une liste pour servir d’argument définitif». Leur appel suscite ou devrais-je dire rencontre des vocations, et la liste s’allonge.

Les mêmes trouvent Zemmour (dont ils remplacent le patronyme par une étoile juive) mou et confus, et s’opposent bien entendu véhémentement à la vaccination, assimilée à un viol – au sens propre, si j’ose dire, puisque le contenu de la seringue est assimilé au «foutre de Macron et d’Attali».

Pourquoi Attali ? demanderez-vous. C’est qu’il doit déjà figurer sur la «grande liste».

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Complotisme et clous de girofle

Après une phase de sidération que tout le monde à connue, les complotistes cherchent frénétiquement comment «expliquer» l’origine du covid-19.

…Jamais du côté de Darwin et de l’expérience des sociétés humaines, toujours du côté du complot de mort (comme on parlait il y a deux siècles de «complot de famine») ou d’un accident de laboratoire façon Frankenstein. Si l’on peut suggérer que ledit laboratoire, même chinois, a été financé par la CIA et que les responsables du projet ont des noms à consonance juive, c’est une «bonne» explication, appelée à un brillant avenir.

Se détourner de ces bouillies paranoïaques et antisémites est un un principe de précaution mentale et politique. Cependant, on ne peut être que frappé de certaines similitudes matérielles, même si elles sont difficiles à combiner dans une explication globale d’un phénomène. Je me contenterai de soumettre à la sagacité de mes lectrices et de mes lecteurs une analogie qui m’est – littéralement – apparue en rêve la nuit dernière.

Selon une formule devenue proverbiale sur lesdits «réseaux sociaux», pour exprimer que l’on serait en peine d’en dire davantage sur un sujet, mais que la force de la preuve a paru suffisante pour exiger sa publicité: Je pose ça là.

«Contre l’“islamophobie”»? ~ Je ne marche pas.

À part donner bonne conscience à celles et ceux qui y participeront, la seule fonction originale de la marche du 10 novembre sera d’entériner le terme « islamophobie ».

Tel politicien annonce sa participation « même s’il n’aime pas le mot », telle organisation démocrate croit noyer le poisson en ajoutant « …et contre tous les racismes », telle féministe enfin confirme sa présence, mais se retire de l’appel. Elle ne veut pas voir son nom figurer auprès de celui d’islamistes censés être repentis, mais elle supportera leur proximité physique dans le cortège ! Constatation qui n’est pas nouvelle : le concept d’ « islamophobie » rend sot. C’est d’ailleurs un des buts recherchés par ses créateurs. Il n’est pas fait pour aider à penser ou même pour dénoncer, mais pour sidérer.

Menée depuis quelques années, l’opération est d’une efficacité remarquable. Ainsi l’Union communiste libertaire, résultat de la fusion d’Alternative libertaire et de la Coordination des groupes anarchistes a pris grand soin de ne pas mentionner dans son manifeste l’aliénation religieuse parmi les phénomènes d’aliénation et de domination qu’elle combat. Cet « oubli » – en fait l’abandon d’un des socles de la pensée anarchiste – est destiné à pouvoir reprendre à l’aise et sans critique le concept d’« islamophobie ».

Le passage le plus savoureux du texte d’appel à la manifestation du 10 porte précisément – pour en récuser l’intérêt – sur la question sémantique : « L’islamophobie en France est une réalité. Quel que soit le nom qu’on lui donne [etc.] » On peut lire sur le blogue « Les mots sont importants » que le terme « islamophobie » est pour les musulmans « l’un des instruments essentiels pour lutter contre la stigmatisation qu’ils subissent ». Il s’agit bien de faire admettre ce terme précis, en considérant comme acquis qu’il décrit la réalité de manière adéquate, et non n’importe quel autre.

Il faudrait donc croire que les discriminations dont sont victimes, non pas « les musulmans », mais certain·e·s d’entre eux – les pauvres, les jeunes pauvres et les femmes pauvres (les émirs ne sont pas discriminés !) – ne relève pas du racisme, mais d’une haine particulière de leur religion supposée.

Oui, parce que c’est le moment de rappeler que toutes les personnes originaires du Maghreb ne sont pas de confession musulmane, même si elles sont de culture musulmane. Personnellement, je suis baptisé, j’ai été au catéchisme, j’ai fait ma première communion. Je suis donc « de culture catholique » ; de plus je vis dans un pays de vieille tradition judéo-chrétienne. Ça ne m’empêche pas d’être antithéiste, et d’ailleurs de dénoncer les persécutions religieuses contre les chrétiens, en Égypte ou en Chine…

Revenons à ce que l’on nous invite à croire : les discriminations contre les personnes identifiées, à tort ou à raison, comme « Arabes » ne seraient pas racistes mais « culturelles » ou « antireligieuses ». C’est se foutre du monde ! Bien sûr que la « peur de l’islam », sens originel d’« islamophobie » sert à certaines personnes et groupes politiques de masque présentable du racisme.

« Quel que soit le nom qu’on lui donne… » dit l’appel. Eh bien j’appelle le racisme : « racisme ». Quant à l’islam comme religion, je n’ai pas plus de tolérance à son égard qu’à l’égard de toutes les religions, celle dans laquelle j’ai été élevé comprise.

Edwy Plenel fait partie des signataires de l’appel. Il considère les musulmans comme des amis ; sa position a le mérite d’être cohérente. Les musulmans, j’entends par là ici celles et ceux qui sont croyant·e·s et non celles et ceux qui ont simplement baigné dans une culture musulmane sont-ils·elles mes ami·e·s ? Marx précisait justement : « Tout homme n’est pas mon frère ». Je l’ai déjà écrit dans ces pages, je vois mal comment je pourrais considérer comme ami·e celui ou celle qui pense que je mérite de brûler dans les flammes de l’enfer pour mon incroyance.

Il se trouve que la sécularisation progressive de la société a pour conséquence que beaucoup de personnes ne peuvent tout simplement pas imaginer que d’autres puissent réellement croire que je vais brûler en enfer. En somme, ces imbéciles ne peuvent ou ne veulent pas croire à la croyance. Naïveté et ignorance également coupables.

Ces personnes croyantes peuvent ne manifester aucune agressivité à mon égard dans la vie courante : elle pensent néanmoins réellement que j’irai en enfer. Il ne s’agit pas pour elles d’une métaphore. Dans leur esprit mon destin de merguez est absolument réel, aussi réel, « objectif » que le fait que le feu brûle par exemple. Et ce destin, elles le jugent réellement mérité.

Est-ce que je peux considérer de telles personnes comme des « égales », des « ami·e·s », des « frères » et des « sœurs » ? Dussé-je être diagnostiqué « phobique » du barbecue, ma réponse est non.

S’agit-il pour autant d’approuver ou de tolérer les discriminations à l’embauche, locative ou lors de sorties scolaires ou dans quelque circonstance que ce soit ? Bien sûr que non.

Pour autant, si je défends le droit d’une mère de famille (de grâce cessez de nous parler des « mamans » !) à accompagner des enfants en sortie scolaire avec le foulard qu’elle a l’habitude de mettre sur ses cheveux, on ne me fera pas croire et je ne tenterai pas de faire croire à d’autres qu’il s’agit d’un signe de liberté. C’est un signe d’aliénation, dont le propre est précisément que la personne est persuadée de l’avoir choisi.

Parle-t-on d’interdire révolutionnairement le visionnage d’émissions télévisées débilitantes ? Non. Peut-on en inférer que ce décervelage « choisi » doit échapper à la critique, qui serait nécessairement inquisitoriale (toujours les pauvres qui trinquent) ? Non.

Pour en revenir à l’appel de la manifestation du 10, il y manque un aspect de la réalité, qui confirme qu’il ne s’agit nullement de lutter « contre le racisme sous toutes ses formes », comme le prétend in extremis sa conclusion, cet aspect c’est la guerre entre les racisé·e·s.

Il est parfaitement légitime de dénoncer les agressions contre des mosquées ou des femmes voilées, mais pourquoi ne rien dire des discriminations qui visent les personnes noires de peau, les personnes de confession juive ou les roms ? Parce que ce jour-là c’est pour les musulmans ? Dimanche pour les musulmans, lundi contre l’antisémitisme, mardi contre la « négrophobie », c’est ça ? Et on oublie les roms comme d’habitude… Ou bien serait-ce parce qu’une partie non négligeable des agressions contre des personnes de confession juive est le fait de personnes au moins de culture sinon de confession musulmane ? Connaît-on des cas de juifs agressant des femmes voilées ? Ce sont des questions en passant…

Je suis hostile à tous les racismes, à toutes les religions et à toutes les stratégies identitaires.

« Contre l’“islamophobie”» ? Je ne marche pas.

Contre le système, le régime et le pouvoir en Algérie ~ par Nedjib SIDI MOUSSA

Depuis le 22 février, pour la dixième semaine consécutive, le peuple est massivement sorti dans les rues d’Algérie pour exiger le départ du système, du régime, du pouvoir…

Et la détermination de la population est aussi importante que le flou entourant ces trois notions, tout comme les moyens à employer pour parvenir à ce but.

Si la fin ne justifie pas toujours les moyens, il existe néanmoins «une interdépendance dialectique» entre les deux.

C’est pourquoi il nous revient de préciser, dans la libre confrontation des idées, tant les méthodes à utiliser que l’objectif à atteindre.

«Système dégage!»

De quel système le peuple veut-il se débarrasser ?

Du « système Bouteflika » comme cela apparaît ici ou là, notamment du côté de ceux qui ont retourné leur veste pour prêter allégeance à Gaïd Salah ?

Si le problème résidait dans la seule personne de Bouteflika, alors la population n’aurait plus de raison de protester puisque le président sortant a démissionné.

Or, ce système n’est pas mort le 2 avril 2019. Sans doute n’est-il pas né non plus le 27 avril 1999, il y a vingt ans, presque jour pour jour.

Les slogans associent le système à une «bande». Des têtes ont commencé à tomber. Elles étaient jusqu’alors considérées comme intouchables voire innommables…

Alors, pourquoi ce malaise? Sans doute parce que chacun sait, sans se faire aucune illusion sur la justice, qu’il ne s’agit pas d’un problème de personne mais de pratiques qui font système.

Et nous pouvons les citer sans chercher à être exhaustif: corruption, népotisme, manipulation, obscurantisme, prédation, etc.

«Le peuple veut la chute du régime!»

De quel régime le peuple veut-il la chute?

Celui qui a décidé de l’interruption du processus électoral le 11 janvier 1992 ? Ou alors celui issu du « redressement révolutionnaire » du 19 juin 1965?

Et pourquoi ne pas remonter à 1957, 1830 voire au temps de la régence d’Alger, ou bien avant?

Les manifestants rejettent un régime qui plonge ses racines dans l’histoire précoloniale, coloniale et post-coloniale du Maghreb.

Mais les contestataires ne sont pas en lutte avec les fantômes du passé, même s’ils en utilisent les symboles. Ils sont confrontés à des obstacles du présent.

Le régime a une façade légale, avec son armée, sa police, ses services, son gouvernement, son parlement, ses assemblées locales, ses lois, sa constitution.

Cette dernière, pourtant anti-démocratique, a fait l’objet de bien des discussions et certains ont cru pouvoir y recourir pour appuyer les aspirations démocratiques du mouvement.

Il s’agit là d’une impasse et le mot d’ordre «nous avons dit tous, c’est tous» s’applique aussi bien au personnel politique qu’aux règles du jeu encore en vigueur.

«Pouvoir assassin!»

Ce pouvoir a assassiné en 2001, lors du printemps noir de Kabylie. En octobre 1988 aussi, mais pas seulement.

Le mouvement populaire connaît au moins deux victimes. Hassen Benkhedda, 56 ans et Ramzi Yettou, 23 ans.

Sans compter les nombreuses gueules cassées, ces fils de pauvres que certains n’ont pas hésité à qualifier de «provocateurs», de «voyous» ou de  baltaguia».

Honte à ceux qui salissent ces jeunes qui ne se font aucune illusion sur les forces de l’ordre et qui ont subi la répression la plus brutale, avant même le 22 février.

Alors, quel est ce pouvoir qui se dresse devant les manifestants? C’est d’abord celui de l’État protégé par ses hommes en armes et en uniformes.

Mais il y a aussi d’autres pouvoirs, à savoir ceux qui inhibent des manifestants qui n’osent pas utiliser leur force extraordinaire dans un but déterminé.

Ces pouvoirs qui bloquent l’initiative et brident le mouvement populaire sont aussi ceux qui structurent la société. Il faut les désigner sans établir de hiérarchie.

C’est le pouvoir des patrons sur les salariés et les chômeurs ; celui des hommes en armes sur les civils ; celui des religieux sur les non pratiquants et les non croyants ; celui des hommes sur les femmes ; celui des vieux sur les jeunes ; celui des commerçants sur les consommateurs et les producteurs ; celui des nationaux sur les étrangers, etc.

Tel était l’état de la société avant le 22 février. Et il était loin d’être satisfaisant pour les partisans sincères de la liberté et de l’égalité. A-t-on fait un pas en avant depuis ? Est-il possible d’aller plus loin encore ?

Or, le système, le régime, le pouvoir procèdent de ces rapports d’exploitation et de domination qui structurent la société algérienne comme toutes les autres.

Si l’on désire sincèrement mettre fin au système, au régime et au pouvoir, alors il convient de transformer tous les rapports sociaux qui en sont les fondements. Il s’agit encore de l’assumer et de l’affirmer.

Quelle transition?

C’est ce chemin que l’on doit désigner par «transition», à savoir celui qui nous mène de l’état actuel des choses à l’émancipation individuelle et collective.

En mettant fin, au passage, à l’empoisonnement massif causé par l’industrie agro-alimentaire, à l’enlaidissement des paysages par les bétonneurs et à l’encombrement des rues par des véhicules polluants.

Cela ne signifie pas l’adhésion à une «feuille de route» élaborée par des états-majors civils ou militaires et qui fixerait des étapes consensuelles afin que tout change pour que rien ne change.

Le capitalisme néolibéral et la démocratie représentative sont partout en crise. On ne peut pas se réclamer du peuple, s’appuyer sur les classes populaires, et défendre un agenda contraire à leurs intérêts.

On ne peut pas appeler au «changement radical» et hésiter à affirmer, maintenant, des principes élémentaires que sont la liberté de conscience, le refus de tous les racismes et l’égalité entre les femmes et les hommes.

Et ce principe d’égalité concerne tous les aspects de la vie : en matière de salaire, d’héritage, de libre disposition de son corps, etc. Autant de choses à conquérir par la lutte autonome sans céder au chantage de l’unanimisme.

Quant au racisme, il y a des slogans qui salissent un mouvement pourtant historique. Pourquoi qualifier les tenants du pouvoir de «Marocains» ou de «juifs»? Ne sont-ils pas Algériens et musulmans?

On ne peut pas parler au nom des travailleurs et marcher pour défendre des oligarques, des milliardaires, ou couvrir des bureaucrates syndicaux qui ont piétiné les droits des salariés.

Les manifestations et les grèves dans le monde du travail doivent rester sur un terrain d’indépendance de classe. C’est sur cette base que les exploités peuvent s’organiser, se fédérer, loin de toute confusion.

Les syndicalistes de l’UGTA opposés à Sidi Saïd affirment avec justesse que « la question démocratique ne saurait être dissociée de la question sociale ».

Les travailleurs du complexe Tosyali dans l’Oranie ont raison de faire grève pour la revalorisation des salaires, l’intégration des précaires et la cessation des licenciements abusifs. Il s’agit maintenant de généraliser la grève avec tous les secteurs en lutte!

Les chômeurs ont eu raison d’occuper le complexe d’El Hadjar, par centaines, pour exiger leur recrutement. Ils montrent la voie à suivre, celle de l’action directe, de masse et de classe.

Chacun sait que les manifestations du vendredi ne suffiront pas à changer l’ordre des choses, à créer des rapports égalitaires, à modifier les règles du jeu sans passer par des élections ou une Assemblée constituante.

Pour l’auto-organisation

L’auto-organisation devient urgente. Il ne s’agit pas de se perdre dans des controverses inutiles sur les réseaux sociaux, ces armes de surveillance et d’intoxication massives, mais de créer des comités concrets sur les lieux de résidence, de formation ou de travail «où les individus délibèreront de la prise en charge de tous les aspects de la vie quotidienne, sans la médiation de l’État ou des professionnels de la représentation».

Ces comités pourraient décider de leur propre «feuille de route» pour répondre à l’urgence sociale et démocratique: expropriation des biens des patrons-voyous et politiciens corrompus; gestion par les travailleurs de l’outil de production; réquisition des locaux attribués aux formations du régime ; animation de la vie culturelle et sociale; création d’institutions solidaires répondant aux aspirations de la population, etc.

En devenant de véritables universités populaires, ouvertes à toutes et tous, où l’on parlerait les langues du pays dans leur diversité, ces comités pourraient devenir des lieux de critique et d’expérimentation sociales, consacrant le triomphe des libertés individuelles par la lutte collective, sans rien attendre du système, du régime et du pouvoir que nous combattons.

Voici les quelques remarques que je voulais partager avec vous ce soir.

Salut aux révolutionnaires d’Algérie et de tous les pays!

Nedjib SIDI MOUSSA

Paris, le 26 avril 2019

Intervention de l’auteur lors de la rencontre intitulée «Transition indépendante pour une Algérie libre et démocratique» organisée par l’association Agir pour le changement et la démocratie en Algérie (ACDA), vendredi 26 avril à Paris.

 

 

MÉTRO C’EST TROP ! ~ Où l’on observe les rapports complexes entre la littérature, l’image que l’écrivain veut donner de lui-même et la survivance de modes de pensée archaïques dans les milieux libertaires

C’était une bonne idée éditoriale d’accueillir le récit d’un musicien du métro, demeuré musicien (de rock) par la suite et aujourd’hui leader du groupe The Angry Cats, dont il a été question à plusieurs reprises – en bien – ici-même.

Hélas ! On serait en peine de retrouver chez Fred Alpi écrivain les élans du guitariste… Du point de vue littéraire, le texte se situe – à mon goût – quelque part au-dessous du médiocre.

On objectera, à juste raison, que certains textes valent comme témoignages et non en tant que belle prose, dont l’appréciation est d’ailleurs subjective (je connais des gens qui ont aimé ce livre !). Malheureusement, hors une demi-poignée de détails pittoresques, auxquels n’importe quel guide historique du métro donne accès, je ne vois pas où est le « témoignage ».

Les anecdotes, réelles ou réinventées – ce qui est le droit de l’écrivain – m’ont paru sans intérêt. L’articulation de ses fades « aventures » avec l’actualité politique et sociale « en surface » paraît – le moment de le dire ! – bien superficielle.

Bref, on s’ennuie ferme !

…Sauf si l’on a côtoyé l’auteur !

Ce qui est mon cas, durant quelques centaines d’heures, sur les « tables de presse » des éditions Libertalia, en d’innombrables occasions (dont la plus longue fut Nuit Debout) et au cours des repas qui ont suivi.

De ce point de vue, que tout le monde n’a pas la chance de pouvoir partager, Fred Alpi présente un cas passionnant de dédoublement de la personnalité (diagnostic provisoire). En effet, tout son livre est une entreprise de sculpture de sa propre statue.
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Aujourd’hui, on ne peut plus rien dire!…

…C’est du moins ce qu’on entend répéter – par des gens qui feraient mieux de se taire!

Par contre, il semble établi que l’on peut tout signifier, comme en témoigne cette photographie d’une militante néofasciste italienne prise dans un rassemblement récent.

 

Ça va toujours mieux en le disant

Cette femme est grosse.

L’obscénité qu’elle incarne n’est pas dans ses formes, mais dans son rire gras d’antisémite.

 

Faillite de l’antifascisme mémoriel

« Comment peuvent-ils ? » « Comment peut-on ? » Telles sont les questions que l’on entend le plus fréquemment poser par les honnêtes gens de gauche à propos de la reprise en Europe d’un discours néonazi ou néofasciste dit « décomplexé » et de son succès, tant médiatique qu’électoral[1].

Le fait est qu’ils et elles « peuvent ».

Hier encore, tout ce qui évoquait le nazisme était frappé d’un tabou idéologique ; la flamme n’était entretenue qu’au fond de librairies poussiéreuses, par une poignée d’épurés et d’illuminés. Force est de constater que les choses ont changé.

Non que l’Europe soit brusquement saisie de quelque nostalgie hitlérienne… Simplement, des signaux idéologiques et des mesures concrètes – visant les immigré·e·s notamment – que n’aurait pas désavouées le chancelier du Reich ne se voient pas discréditées pour autant aux yeux de fractions toujours plus large des populations.

Sans parler de la banalisation de propos et d’actes racistes au quotidien.

Le fait que l’extrême droite activiste et violente prospère particulièrement dans l’ex-Allemagne de l’Est montre que ses idées ont été réprimées et contenues, mais nullement éradiquées.

Alexander Gauland, leader du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) déclare :

Si les Français ont le droit d’être fier de Napoléon [sic] et les Anglais de Churchill, il n’y a pas de raison que nous ne puissions pas être fiers des performances des soldats allemands durant la Seconde Guerre mondiale[2].

L’épouvantail mémoriel ne fonctionne plus (ou mal).

Peut-être la disparition des derniers survivants – tant du côté des résistant·e·s et des survivant·e·s de l’extermination nazie que du côté des bourreaux – y est-elle pour quelque chose…

Un autre élément d’explication tient sans doute au fait que nombre d’indigné·e·s sincères n’ont pas rompu avec une gauche de gouvernement qui, non seulement s’est ralliée au système capitaliste en abandonnant toute velléité de critique radicale[3] (même de pure forme) mais a entrepris de contribuer à sa « modernisation » à marche forcée, en détruisant les mesures sociales adoptées entre le Front populaire et… la défaite du nazisme.

Le programme du Conseil national de la Résistance (CNR) apparaît ainsi soit comme le maximum de démocratie sociale possible, soit comme une utopie dépassée, deux propositions également stupides et mensongères.

L’antifascisme moral, mémoriel et démocrate est en train d’être laminé sous nos yeux. Cette partie – qui n’est pas la nôtre (je parle des révolutionnaires) – est d’ores et déjà perdue.

La seule perspective positive réside dans une stratégie de lutte des classes, clairement anticapitaliste et internationaliste, dont l’antifascisme sera une des conséquences stratégiques logiques et non un « fondement philosophique » désarmé.

Il faut cesser de désigner les néonazis comme l’incarnation du pire, ce qui mène à d’improductives et confuses alliances morales et électorales, ainsi qu’à une résignation catastrophiste. Ces gens sont des figurants parmi d’autres d’un système dont la destruction est l’objectif de notre histoire immédiate. Les fascistes – nouveaux ou à l’ancienne – feront partie des victimes collatérales de la révolution, que je souhaite communiste et libertaire.

[1] Voir quelques exemples dans l’article de Thomas Wieder « Allemagne. Le séisme politique de l’extrême droite (Le Monde, 7-8 octobre 2018).

[2] Cité par Thomas Wieder. Je ne sais quel est le terme allemand ici traduit par « performances », mais sa connotation moderne en français est nettement sexuelle.

[3] En France, après la prise en mains du parti socialiste par François Mitterrand au début des années 1980, précisément sur le thème d’une inévitable rupture avec le capitalisme – une des plus belles arnaques de l’histoire politique française.

 

Sur l’histoire de l’antifascisme en Allemagne, on peut lire de Bernd Langer chez Libertalia/La Horde :

Mon «fan club» s’agite… ou «Mille et une raisons de vomir la bêtise»

Mon «fan club» s’agite, animé de soubresauts épisodiques, cette fois via Indymedia Bruxsel (il n’y a pas de sot média!)…

Toujours la même recette: ressortir de vieux textes, auxquels j’ai répondu il y a 3, 10, 15 ans… Mais sans reproduire jamais les réponses. Toujours faire comme si l’on dévoilait un scandale ignoré de tous et toutes…

Je n’en doute pas: ils & elles feront ça jusqu’à ma mort.

Il serait exagéré de dire que j’y suis habitué ou que je m’en moque.

La connerie peut inquiéter légitimement!

Elle ne m’impressionne pas.

Du tout.

Comment ne pas voir dans la revendication des droits des mineurs une «apologie de la pédophilie»?

Eh oui, comment?

Les crétins de l’un et l’autre sexe – comme on disait en 1793 – ne sont pas près de trouver la réponse…

Peu importe: la question est purement rhétorique. Il s’agit rien moins que de «m’exclure de [leur] vie politique».

Trop drôle!

Mais excluez-moi tas de crétins!

Faite donc ça, de grâce!

C’est pourtant simple: cessez de me lire! cessez de penser à moi! trouvez-vous d’autres obsessions… Écrivez des textes qui seront davantage lus que les miens… Faites-vous des ami·e·s… Vivez votre vie…

Ça nous fera des vacances, à moi et à celles et ceux qui trouvent plaisir et intérêt à penser en ma compagnie, loin de vos oukases moralisatrices à deux balles.

Et, comme on dit de nos jours (je ne suis pas sûr de bien comprendre le sens de l’expression, mais elle m’amuse beaucoup): allez bien manger vos morts !

Cinquante raisons, c’est un bon début, non?