Pour le droit de se défendre dans la dignité face à la justice antiterroriste ~ Soutien à Libre Flot en grève de la faim

Dimanche 27 février un militant, placé en détention provisoire depuis 15 mois et maintenu illégalement sous le régime de l’isolement, a entamé une grève de la faim. Pour Libre Flot (surnom), il s’agit du dernier moyen à sa disposition, aux risques de graves séquelles physiques, pour tenter de se défendre d’une accusation qu’il rejette avec force. Il est en effet mis en examen, avec 6 autres personnes aujourd’hui sous contrôle judiciaire, dans une affaire d’« association de malfaiteurs terroriste ». Il s’agit de la première inculpation de ce genre visant un « groupe d’ultragauche » depuis la retentissante affaire dite « de Tarnac » en 2008, qui avait tourné au fiasco pour les services de renseignement et la justice antiterroriste et devait finir dans ans plus tard par une relaxe quasi-générale.

Si les arrestations des 7 inculpé·e·s du 8 décembre 2020 ont été moins médiatisées que celles de 2008, ce qui ressort du contenu du dossier dans la presse ne peut qu’interroger. L’enquête, ouverte depuis 10 mois au moment des arrestations, ne laisse apparaître aucune élaboration concrète de projet d’attentat – ni même d’une esquisse de projet –, mais seulement une bien vague « intention de s’en prendre aux forces de l’ordre ». Aucun projet précis, a fortiori aucun projet terroriste, et encore moins de projet terroriste imminent ne viennent donc justifier les arrestations en ce mois de décembre 2020. En revanche, celles-ci interviennent opportunément au moment où un vaste mouvement questionnait le rôle de la police dans notre société, à la suite du soulèvement récent contre les crimes policiers aux États-Unis et de la diffusion virale d’une vidéo dans laquelle on pouvait voir des agents parisiens tabassant un homme noir, Michel Zecler. Mouvement que le gouvernement, devant l’impossibilité de nier dans ce contexte l’existence de « violences policières », cherchait alors à contenir en agitant le spectre des « casseurs », « black blocs » et autres « gilets jaunes radicalisés ».

Il apparaît ensuite que l’enquête est principalement motivée par la présence de Libre Flot aux côtés des YPG du Rojava, parmi d’autres militants internationalistes, dans la bataille contre Daesh à Raqqa en 2017. Depuis son retour, il était en effet surveillé par les services de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) qui le soupçonnent de chercher à constituer autour de lui un groupe de lutte armée. La DGSI avait déjà tenté d’appliquer à d’autres personnes ce fantasme du vétéran revenu du Rojava pour prendre les armes en France, avant d’être démentie par la justice, et ce dans un contexte plus large de criminalisation des luttes pour l’autodétermination du peuple kurde en Europe. Alors que des milliers d’internationaux s’engagent en ce moment-même pour défendre l’Ukraine, l’iniquité de l’utilisation à charge de l’implication dans le projet communaliste au Rojava saute aux yeux – sans parler de la qualification terroriste pour quelqu’un qui a contribué à la chute de l’État Islamique.

De sa grève de la faim, Libre Flot n’attend la satisfaction que d’une seule revendication : qu’on le libère pour lui permettre de préparer sa défense. D’autres inculpé.es dans cette affaire ont dû attendre des mois – le temps que la cour d’appel ne contredise le juge d’instruction – avant d’avoir simplement accès au dossier, et donc à ce qu’on leur reproche précisément. Les écoutes servant de base à l’accusation (dont la légalité est contestée par certains avocats) ont mis plus de 7 mois avant d’être accessibles à la défense. Libre Flot a décrit, dans plusieurs lettres publiques, la réalité glaçante des effets du régime de l’isolement sur le corps et l’esprit (pertes de mémoire, vertige, douleurs thoraciques, trouble de la concentration, perte de repère spatio-temporel, hébétude, etc.). C’est dans cet état qu’il est censé se défendre d’une machinerie kafkaïenne dans laquelle l’absence d’éléments matériels joue à charge, parce qu’il faut réfuter non pas tant des faits que la construction d’un récit. Les inculpé·e·s de Tarnac avaient fini par obtenir la déqualification terroriste, en 2017 après neuf ans de bataille judiciaire, en faisant acter par la cour de cassation que les faits qui leur étaient reprochés (le sabotage de l’alimentation électrique de lignes TGV) n’avaient pas été commis « en relation avec une entreprise ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur ». Mais comment se défendre quand il n’est reproché que des « intentions » supposées ? Aujourd’hui la décision de renouvellement du maintien à l’isolement de Libre Flot est pour la seconde fois entre les mains du Ministre de la Justice. Depuis le début ce régime lui est imposé sur la seule base de la qualification « terroriste » de l’affaire, sans rapport avec son comportement en détention alors que cette mesure est censée n’être justifiée que par des considérations relevant de la sécurité du détenu ou de la prison. Eric Dupond-Moretti, prompt à retrouver sa verve d’avocat pour dénoncer les instructions montées uniquement à charge quand il s’agit de plaider sa propre cause , permettra-t-il à Libre Flot de faire un premier pas vers la remise en liberté ? Et combien de temps devra encore durer sa grève de la faim avant qu’il n’obtienne le droit élémentaire – et d’autant plus important que l’accusation est lourde – de se défendre dans des conditions décentes ?

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Fachos et crétins dans le même bateau…

Les fachos adorent dénoncer le nazisme chez leurs adversaires (la liberté d’avorter comparée à un génocide, par exemple). Le genre d’«équivalence» prétendument mise en tableau ici et qui circule sur les réseaux sociaux, outre son obscénité (où sont les «camps de concentration»?), ne fournit aucun instrument d’analyse et d’appréciation de l’«état d’urgence sanitaire». Ce dernier, par les méthodes de contrôle qu’il permet et perfectionne, s’inscrit dans le développement d’une terrorisation démocratique à l’œuvre depuis quelques décennies. Le virus remplace momentanément le terroriste islamiste pour justifier des mesures autoritaires, dont certaines s’inscriront bientôt dans le droit démocratique. Une réponse de classe peine à se mettre en place, notamment parce qu’elle se heurte aux réactions irresponsables de certains travailleurs de la santé, qui préfèrent abandonner leur poste plutôt que se faire vacciner. A-t-on jamais vu objection de conscience plus radicale exercée pour de plus mauvaises raisons? L’absence de cette réponse de classe laisse le champ libre aux délires complotistes – dont le tableau ci-dessus est un exemple limite – manifestement fascinés par le point de comparaison historique choisi.

PS. Le tableau est signé «Chrétiens anti-vaccins». Les réseaux catholiques d’extrême droite (et anti-avortement) sont très impliqués dans le mouvement antivax.

LA GUERRE DE LA MÉMOIRE ~ Les archives de l’historien italien Paolo Persichetti perquisitionnées et confisquées

Ces textes ont été publiés sur Lundi matin, le 21 juin 2021
 

Comme le raconte ci-dessous Paolo Persichetti dans un récit traduit de son blog Insorgenze, une perquisition a eu lieu le 8 juin à son domicile, à l’initiative du Procureur de la République de Rome, au cours de laquelle lui ont été confisqués toutes ses archives, ordinateurs, matériels électroniques. Cela dans le cadre d’une enquête aux contours très flous, qui amalgame le travail de cet historien reconnu des luttes armées italiennes des années 70-80, dont il fut un protagoniste, à une fantomatique conspiration terroriste qui n’a visiblement d’existence que dans l’imagination des magistrats. C’est une attaque sans guère de précédent (hormis durant la période fasciste) contre la liberté de la recherche, qui a provoqué la pétition de chercheurs que nous publions à la suite.

La manière dont la classe dirigeante italienne ne cesse de ressusciter le fantôme du « terrorisme » domestique pour tenter de le tuer enfin définitivement se retourne et se retournera toujours contre elle. Cette obstination à vouloir imposer une vérité officielle sur une période révolue ne peut qu’attirer l’attention des esprits critiques, soucieux de distinguer entre un extraordinaire élan révolutionnaire de masse et les erreurs meurtrières de certaines organisations, entre ces dernières et les violences massives de l’Etat et des forces réactionnaires. Quoi que fassent les chiens de garde de la magistrature, de la politique et des médias, la connaissance historique critique finira par forcer les portes blindées de la raison d’État et de la politicaillerie électorale.

La bataille qui se mène là n’est d’ailleurs pas étrangère à une autre, dont l’urgence devient chaque jour plus vitale, au 19e jour de la grève de la faim de Cesare Battisti.

 

Si faire de l’histoire est un crime

par Paolo Persichetti

La libre recherche historique est maintenant devenue un délit. Pour le parquet de Rome, je serais coupable de divulgation de matériel réservé acquis ou élaboré par la Commission parlementaire d’enquête sur l’enlèvement et le meurtre d’Aldo Moro. Pour cette raison, mardi 8 juin, après avoir laissé mes enfants à l’école, peu après neuf heures du matin, j’ai été arrêté par une équipe de la Digos (équivalent de la DGSI – N.d.T.) et raccompagné jusqu’à mon logement, où m’attendaient d’autres agents appartenant à trois différents corps de police de l’État : Direction centrale de la police de prévention, Digos et Police postale. J’ai compté au total huit hommes et deux femmes, mais je crois qu’il y en avait d’autres dans la rue. Un tel déploiement de force était dû à l’exécution d’un mandat de perquisition et de confiscation concomitante de téléphones portables et tout autre type de matériel informatique (ordinateur, tablette, notebook, smartphone, disque dur, clé USB, supports magnétiques, optiques et vidéos, appareils photo et vidéo et zones de stockage cloud), avec une attention particulière pour la découverte de conversations en chat et boîtes de poste électronique et échange et diffusions de documents électroniques, ainsi que de tout autre type de matériel. Réquisitions prises par le substitut du procureur près le Tribunal de Rome Eugenio Albamonte qui a donné lieu à une note d’information de la Police de Prévention du 9 février dernier. La perquisition s’est terminée à 17h et a mis à dure épreuve le personnel de police, exténué par la quantité de livres et de matériel d’archives (échappé quelques mois plus tôt à un incendie) rassemblés durant des années de patientes et laborieuses recherches. Chose singulière, aucune perquisition ne semble avoir été effectuée chez ces journalistes « confidents » de la Commission, ou directement payés par elle, qui recevaient des informations de première main et répandaient des nouvelles du genre complotiste.

La divulgation de «matériel réservé» (sic !) selon le parquet de Rome se serait concrétisée en deux délits bien précis, la complicité (378 cp) et l’inévitable 270bis, l’association subversive à finalité terroriste, qui aurait commencé le 8 décembre 2015. Depuis cinq ans et demi, selon le parquet, serait active dans notre pays une organisation subversive (capable de défier même le confinement) dont, en dépit de tout le temps passé, on ne connaît pas encore les programmes, textes et proclamations publiques et surtout les actions concrètes (et violents, sans lesquelles le 270bis ne pourrait être tenir.) A ce point, il est légitime de se demander si l’invocation du 270 bis n’a pas été un expédient, le classique « délit passe-partout » qui permet une utilisation plus facile d’instruments d’enquête invasifs (filatures, écoutes, perquisitions et saisies), en présence de mineurs sous la responsabilité du mis en cause. Le 8 décembre 2015 était un mardi sur lequel tombait la fête de l’Immaculée conception. Durant cette période, la commission parlementaire présidée par Giuseppe Fiioroni discutait et amendait la version finale du rapport qui concluait sa première année de travaux, approuvée à peine deux jours plus tôt, le 10 décembre. Des copies de cette version étaient parvenues dans toutes les rédactions d’Italie et en ce qui me concerne, j’assistai, pour le compte d’un quotidien auquel je collaborais, à la conférence de presse de présentation.

Qu’est-ce qui a pu justifier un tel imposant dispositif policier, le pillage de ma vie et de ma famille, la perquisition de mon logement, la soustraction de tout on matériel et de mes instruments de travail et de communication, de la documentation administrative et médicale de mon fils handicapé dont j’ai la charge, la spoliation des souvenirs de famille, photos, notes, rêves, dimensions réservées, la vie nue, précisément, je ne saurais encore vous le dire. Nous en saurons un peu plus dans les jours prochains, quand le parquet à la suite de la requête en révision de la procédure avancée par mon défenseur, Me Francesco Romeo, devra présenter ses documents.

En revanche, ce qui est clair depuis le début, c’est l’attaque sans précédent contre la liberté de recherche historique, la possibilité de faire de l’histoire sur les années 70, de considérer cette période désormais vieille de 50 ans, non plus comme un tabou, intouchable et indicible hors de la version de l’Intérieur proclamée ces dernières semaines, mais comme une matière à aborder sans complexes ni préjugés avec les multiples instruments et disciplines des sciences sociales, hors des études pénales et médico-légales.

Aujourd’hui, je suis un homme nu, je n’ai plus mes archives construites à travers des années de travail patient et dur, recueillies en étudiant les fonds des Archives centrales de l’état, des Archives historiques du sénat, de la Bibliothèque de la Chambre des députés, la Bibliothèque Caetani, l’Emeroteca d’État, les Archives de la Cour d’appel et encore obtenues à travers une collecte quotidienne auprès des sources publiques, des portails institutionnels, le tout enrichi de témoignages oraux, expériences de vie, trajectoires personnelles. On m’a enlevé des tonnes de notes, schémas et matériels avec lesquels j’étais en train de préparer plusieurs livres et projets. J’ai dû renoncer durant ces heures à un livre que je devais remettre durant l’été, parce que des chapitres en ont été saisis. Peut-être a-t-on pensé me faire taire en m’offrant une mort civile. Ce qui c’est passé est donc une intimidation gravissime qui doit mettre en alarme chacun dans ce pays, en particulier quiconque travaille dans la recherche, qui s’occupe d’histoire et qui l’aime. Aujourd’hui, c’est arrivé à moi, demain, cela pourra arriver à d’autres si ne s’organise pas une riposte citoyenne ferme, forte et indignée.

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Qui confisque des archives attaque la liberté de la recherche (pétition)

Il y a quelques jours, le parquet de Rome a accusé notre collègue, Paolo Persichetti, de «divulgation de matériel confidentiel acquis et/ou élaboré par la Commission parlementaire d’enquête sur l’enlèvement et l’assassinat d’Aldo Moro». Avec un déploiement de forces disproportionné et injustifié (une patrouille des Renseignements généraux et d’autres agents appartenant à la Direction centrale de la Police de Prévention, et de la Police postale), la perquisition du domicile de M. Persichetti ( pendant 8 heures), a abouti à la saisie de plusieurs téléphones portables ainsi que de tout le matériel informatique domestique (ordinateurs, tablettes, notebooks, smartphones, disque dur, pendrive, supports magnétiques, optiques et vidéo, appareils photo et caméras vidéo et zones de cloud storage). La police a également examiné de nombreux livres et emporté des documents d’archives recueillis après des années de recherches patientes et laborieuses.

L’accusation porte sur une soi-disant divulgation de «matériel confidentiel». Le matériel saisi concerne des documents recueillis pendant des années dans diverses archives publiques (et donc après autorisation et accord de ces archives pour pouvoir y accéder). Selon le Ministère Public, il s’agirait des délits suivants : association subversive à des fins de terrorisme (ex art. 270 bis du code pénal) et complicité (ex art. 378 code pénal). Les délits reprochés auraient commencé le 8 décembre 2015.

Selon le Parquet, une organisation subversive serait active en Italie depuis 5 ans ; on en ignore toutefois le nom, les programmes, les textes et déclarations publiques, et in fine les actions concrètes (et surtout violentes, car sans elles, l’article 270 bis ne pourrait s’appliquer). Il est légitime, à ce stade, de se demander si la référence à l’article 270 bis n’est pas un expédient pour légitimer l’utilisation plus facile d’instruments d’investigation invasifs et intimidants (filatures, interceptions, perquisitions et saisies), couplée à une moindre protection du suspect.

Ce qui a réellement justifié un tel déploiement des forces de police reste un mystère. On pourrait cependant dire qu’il nous importe peu de le savoir. Il est en effet trop facile de jouer sur la biographie de Paolo Persichetti, impliqué il y a bien longtemps dans les années de révolte italiennes, et qui pour cela a «réglé ses comptes avec la justice». M. Persichetti, après s’être acquitté de sa « dette » est devenu aujourd’hui un chercheur reconnu qui a collaboré et collabore avec différents journaux et auteur, avec Marco Clementi et Elisa Santalena, du volume: Brigate Rosse: dalle fabbriche alla « Campagna di primavera », sorti en 2017 pour la maison d’éditions DeriveApprodi.

Il ne s’agit pas de personnaliser une cause, ni de faire de quiconque un martyr, mais plutôt de faire un pas en arrière et de saisir la portée générale de cet événement.

Cet événement n’est que le dernier d’une série qui démontre l’atteinte à la liberté de la recherche historique (et pas seulement): il suffit de penser à la proposition de loi qui voudrait introduire le délit de négationnisme sur la question des Foibe, contre lequel plusieurs chercheurs et de nombreuses associations s’expriment depuis des mois. Il faut rappeler les menaces à l’encontre de l’historien Eric Gobetti, auteur d’un livre sur les Foibe, ou l’histoire de la chercheuse Roberta Chiroli, d’abord condamnée puis heureusement acquittée pour avoir écrit une thèse sur le mouvement No-TAV.

Sur la période historique des années 1970 italiennes (et, ajoutons-nous, sur toute autre période « gênante » pour la doxa officielle), on peut et on doit faire de la recherche historique : c’est une période importante de notre histoire nationale qui doit être abordée sans préjugés et sans a priori, avec les nombreux outils que les disciplines des sciences historiques et sociales nous fournissent, en utilisant toutes les sources (documentaires, audiovisuelles, orales) dont nous disposons, tant dans les archives que dans la société.

Le temps est venu de mettre fin à une «tradition», dominante dans le discours public et politique, qui considère cette période, aujourd’hui ancienne de 50 ans, comme un véritable tabou, intouchable et inavouable, et racontée uniquement selon la vulgate officielle.

Pour cette raison, la saisie d’archives revêt un caractère de gravité préoccupant. À ce jour, un collègue chercheur ne dispose plus de ses archives, constituées au prix d’années de patience et de travail minutieux, recueillies en étudiant les fonds présents dans les institutions suivantes:

— les Archives centrales de l’État ;
— les Archives historiques du Sénat ;
— la bibliothèque de la Chambre des Députés ;
— la bibliothèque d’histoire moderne et contemporaine ;
— l’Emeroteca de l’État ;
— les Archives de la Cour d’appel de Rome.

À cela s’ajoute une collection personnelle de documents trouvés dans des sources ouvertes, des portails institutionnels en ligne, des témoignages oraux, des expériences de vie, des parcours biographiques, ainsi que des notes, des ébauches et du matériel avec lesquels il préparait des livres et des projets de recherche, en collaboration avec d’autres chercheurs.

Parcourez à nouveau cette liste  : ce sont les archives que nombre d’entre nous, chercheurs et chercheuses, fréquentons régulièrement, et à partir desquelles nous élaborons patiemment nos travaux. Ce sont les archives où nous nous sommes rencontrés à de nombreuses reprises et sur lesquelles se fondent de nombreux ouvrages que nous avons dans nos bibliothèques, notamment après les différentes déclassifications effectuées ces dernières années, malgré leurs nombreuses limites.

Que devons-nous faire maintenant? Que devrons-nous faire dans l’avenir?
Mettre nos archives en sécurité, en espérant qu’elles ne seront pas confisquées?
Changer de spécialité et réintégrer les rangs, en étudiant les « bons » sujets, ceux qui ne dérangent personne?

Demander à nos doctorants de mener leurs recherches avec prudence et circonspection – au cas où – on ne sait jamais, comme s’ils n’étaient pas déjà assez pénalisés dans leur carrière pour la période d’étude qu’ils ont choisie?

Ce qui arrive aujourd’hui à notre collègue Paolo Persichetti nous concerne tous: il s’agit d’un acte d’intimidation très grave qui doit tous nous alerter. C’est pourquoi nous pensons qu’il est nécessaire d’exprimer une réponse civile ferme, ainsi que notre indignation contre ce qui s’est passé, en défendant la liberté de la recherche contre toute tentative de bâillonnement.

C’est une bataille pour la civilisation, car nous pensons que l’histoire est une pierre angulaire de la citoyenneté : c’est la raison pour laquelle elle est enseignée, étudiée et doit être racontée. Elle éclaire ce que nous sommes aujourd’hui en nous racontant d’où nous venons.

Même lorsque – parfois – ce récit devient trouble, complexe et gênant.

Nous pensons que la connaissance du passé nous structure en tant qu’individus actifs et autonomes au sein de la société. L’absence de mémoire historique, au contraire, nous rend manipulables et fragiles.

La mise sous séquestre des archives de Paolo Persichetti doit être levée: on n’étouffe pas l’histoire à l’aide d’interventions policières!

Texte de la pétition en italien, français, anglais, signée à ce jour par plus de 350 personnes ici

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“Un impossible travail de déradicalisation” ~ par Alex Albert, Joël Cabalion, et Valérie Cohen

Le Centre de prévention et d’insertion à la citoyenneté (CPIC) a été conçu, après les attentats de 2015, comme la pièce maîtresse de la réponse gouvernementale à l’attirance exercée par le djihad sur une certain nombre de jeunes gens. Hébergé dans un ancien centre éducatif et de formation professionnelle (CEFP) promis à la fermeture, et sis en Indre-et-Loire, le projet s’inspire des centres éducatifs fermés, civils ou militaires, revenus à la mode avec la critique de Mai 68 et sa supposée « culture de l’excuse ». Voulu par Manuel Valls, le projet se solde par un échec complet, dont le travail d’enquête sociologique des auteurs et de l’autrice permet de comprendre l’origine – et les conséquences en termes de souffrance au travail pour les personnels concernés. On peut regretter que la parole des jeunes accueillis eux-mêmes, fort peu nombreux d’ailleurs, n’ait pu être recueillie.

Le projet commence par mettre sous le boisseau ce qui semble pourtant un aspect central du problème, la dimension religieuse de la dite « radicalisation » de certains jeunes. Cet évitement originel est déjà un facteur d’implosion suffisant pour expliquer le fiasco final. Il peut être considéré comme un symptôme parmi d’autres de la difficulté d’une société de tradition catholique – mais largement déchristianisée – à absorber le choc d’un renouveau religieux, via l’Islam de surcroît, qui suscite un engagement minoritaire violent, le plus souvent exercé sur des théâtres d’opérations extérieurs, mais qui peut aussi frapper en France.

Le fait que « la République » et·ou « la France » sont apparues comme les cibles visées, et atteintes, explique en partie le recours à une rhétorique militaire et patriote, au-delà du thème du « retour à l’autorité », joker des discours réactionnaires. Concrètement, le projet, et le règlement qu’il a inspiré, prévoyaient une cérémonie hebdomadaire de type militaire : levée du drapeau, salut aux couleurs, chant de la Marseillaise [1].

Les principaux cadres de l’établissement sont d’anciens militaires, qui ne sont pas passés par la filière du travail social ; ils n’apprécient guère des éducateurs, par définition tournés vers l’éducatif et d’ailleurs soucieux de leurs conditions de travail, en termes d’horaires et de rémunération.

L’ensemble du projet semble combiner, et pas seulement du fait de l’improvisation, toutes les tares des divers éléments des dispositifs français de contention/rétention. Les pensionnaires y entrent à la suite d’un chantage menée par les autorités, pour échapper à un sort judiciaire plus sévère. Du « volontariat forcé », comme le dit un membre du personnel, ce qui évoque le « placement volontaire » prévu par la loi de 1838 (c’est de la volonté des proches qu’il s’agit !). On cite par ailleurs le cas d’une jeune fille déficiente mentale, pour qui le programme du centre n’est pas adapté, ce qui fait penser cette fois aux nombreuses personnes placées en détention pour qui un traitement – à l’air libre – serait préférable. On cite également le cas d’un jeune pensionnaire renvoyé du jour au lendemain, tout bonnement déposé dans une gare des environs, sans billet de train ni destination. Et voilà qui rappelle les procédés policiers à l’égard des personnes migrantes.

Même le public « cible » n’est pas toujours identifiable chez certains pensionnaires, dont « le lien avec la religion musulmane pouvait être considéré comme douteux » (p. 88). Pour les autres, la pratique religieuse est considérée comme une addiction dont le sevrage par la rétention et la discipline du centre peut venir à bout. Le règlement offre une espèce de caricature de laïcité, en renvoyant la pratique (prières) à l’espace privé (en l’espèce : la chambre). La prise en considération de cette dimension évoluera cependant avec le recrutement d’un « aumônier musulman » qui proposera, de sa propre initiative, des cours de religion (et d’arabe). Il faut donc que le projet initial se heurte à ses incohérences pour que l’on en vienne à une solution analogue à celle pratiquée de longue date sur l’antenne d’une radio comme France-Culture, par exemple.

Le livre retrace la montée des tensions entre une direction manifestement hostile à la doctrine de l’ordonnance de 1945 (relative à l’enfance délinquante) et plutôt confiante en un – très vague – mélange d’autorité et de patriotisme, et les personnels qualifiés. À noter, le fait que les représentants syndicaux, focalisés sur les questions d’horaires et de salaires ont mis six mois à prendre en charge cette part de la souffrance des personnels (d’où de nombreuses démissions).

L’autrice et les auteurs notent justement en conclusion qu’il eût été surprenant qu’en l’absence de toute problématisation, une solution émergeât par miracle. En était-il question d’ailleurs ? On peut en douter, tant le « projet » et sa « réalisation » ressemblent à autant de coups de menton, bien dans le style de leur commanditaire Manuel Valls, dont la démission interdisait tout espoir de renaissance. À supposer établi et éclairci le concept de « radicalisation » – ceci uniquement pour les besoins du propos – le « Centre de prévention et d’insertion à la citoyenneté » a montré que l’État n’a rien à opposer à un phénomène dont il ne mesure (plus ou moins bien) que les conséquences statistiques : nombre de victimes d’attentats, nombre de jeunes partis et·ou revenus du djihad. On lira une preuve nouvelle de cette pauvreté (et vétusté, ajouterai-je) des réponses étatiques dans le retour programmé du « service national universel », dont le pitoyable slogan est : « Jeunesse engagée ».

Albert Alex, Cabalion Joël, Cohen Valérie, Un impossible travail de déradicalisation, Érès, 249 p., 24, 50 €.

Statut de l’ouvrage : service de presse amical.


[1] Il est un peu rapide de qualifier (p. 80) l’obligation de chanter la Marseillaise de « symbolique républicaine ».

Foutez la paix à Jean-Marc Rouillan !

J’ai dit à plusieurs reprises, et entre autres ici-même, ce qui me sépare de Jean-Marc Rouillan et ce que je pensais de certaines de ses déclarations – et de la sottise «bien intentionnée» de certain·e·s des personnes qui le soutenaient.

Aujourd’hui, le parquet antiterroriste réclame sa réincarcération, en clair son retour à la case prison (alors qu’il est aujourd’hui assigné à résidence). C’est une dégueulasserie qui doit être empêchée. Je publie donc ci-dessous l’appel lancé dans ce sens.

Foutez la paix à Jean-Marc Rouillan! (Ça non plus, ça n’est pas la première fois que je le dis ici; en retour, on pourra l’oublier un peu et ça fera des vacances à tout le monde).

NON À L’ACHARNEMENT CONTRE JEAN-MARC ROUILLAN

21 novembre 2020

Depuis le 9 juillet dernier, Jean-Marc Rouillan est en détention à domicile. Il accomplit actuellement une peine de huit mois fermes pour « apologie de terrorisme ».

Alors qu’il ne lui reste que quelques semaines avant de terminer sa condamnation, le Parquet anti-terroriste demande son incarcération en milieu fermé. La décision définitive sera prise par le tribunal de l’application des peines en audience, au tribunal d’Auch, le 25 novembre prochain, dans un climat de surenchère répressive encouragé et exercé par le gouvernement. 

Le Parquet justifie sa demande sur la base de deux incidents techniques du bracelet électronique. 

Le premier, le 18 août, est le résultat d’un choc involontaire ; le second, le 24 octobre, est dû à un décrochage du bracelet. À chaque fois, l’administration pénitentiaire a constaté la présence du détenu à son domicile et a pu communiquer avec lui. Il n’y a jamais eu de rupture de la détention. 

Il faut signaler que durant cette peine, le détenu n’a bénéficié d’aucune permission – professionnelle ou familiale – ni d’aucune RPS (jours de réduction de peine). 

Aujourd’hui la demande du Parquet relève de l’acharnement. Un acharnement que Jean-Marc Rouillan connaît bien : l’État n’a de cesse de prendre tous les prétextes pour l’isoler, le fragiliser et relancer incessamment la détention. 

Jean-Marc Rouillan souffre d’une maladie auto-immune orpheline grave qui affaiblit son système immunitaire. L’envoyer en pleine épidémie de la Covid-19 dans un lieu fermé particulièrement pathogène est une réelle mise en danger.

Jean-Marc Rouillan répond aux critères de vulnérabilité tels qu’ils ont été établis par le gouvernement.

Nous, signataires de cet appel demandons au tribunal de l’application des peines la continuité de la mesure de détention à domicile jusqu’à la fin de sa peine.

Pour signer cet appel: stop-acharnement@protonmail.com

Premier·e·s signataires : 

José Alcala, cinéaste 

Pierre Alferi, poète

Floren Aoix Monteal (escrivain, directeur Irazar Fundazioa)

Vidal Aragones Chicharro, député de l’Assemblée de Catalunya CUP

Nan Aurousseau, auteur, réalisateur 

Nathalie Artaud, porte-parole de Lutte ouvrière 

Olivier Azam, réalisateur

Alain Badiou, philosophe 

Etienne Balibar, philosophe 

Ludivine Bantigny, historienne

Fernando Barrena, député européen GUE-NGL

Jean-Pierre Bastid, cinéaste

Hocine Belalloufi, essayiste, journaliste algérien

Judith Bernard, co-fondatrice de Hors-Série

Olivier Besancenot, postier, porte parole du NPA 

Eric Beynel, syndicaliste à Solidaires 

Billie Brelok, rappeuse 

Julien Blaine, poète 

Quim Boix, Secrétaire Général de l’Union internationale des syndicats de retraités et pensionnés 

Jacques Bonnaffé, comédien 

Alima Boumediene-Thiery, avocate, militante associative 

Jean Pierre Bouyxou, écrivain 

Jean-Denis Bonan, cinéaste

Irène Bonnaud, metteuse en scène 

Véronique Bontemps, anthropologue

Saïd Bouamama, sociologue et militant FUIQP

Youssef Boussoumah, militant décolonial

Houria Bouteldja,  militante décoloniale

Albert Botran i Pahissa, Parlementaire Cortès Espagne CUP

José Bové, paysan du Larzac, ancien député européen

Rony Brauman, médecin, essayiste

Eitan Bronstein, directeur De-Colonizer

Alain Brossat, philosophe 

Robert Cantarella, metteur en scène

Pierre Carles, réalisateur

Carmen Castillo, cinéaste 

Laurent Cauwet, auteur, éditeur Al Dante

Jean-Philippe Cazier, écrivain 

Bernard Cavanna, compositeur

CGT Catalunya

Leïla Chaïbi, députée européenne LFI

Sorj Chalandon, auteur 

Christian Champiré, maire communiste de Grenay (62)

Compagnie Jolie môme 

CNT, Confédération nationale du travail 

CNT-AIT (F.L. Granada)

Pierre Chopinaud, écrivain 

Jean-Luc Chappey, historien

Guy Chapouillié, professeur émérite d’études cinématographiques

Manuel Cervera-Marzal, politiste

Alexandre Civico, écrivain, éditeur 

Laurence De Cock, historienne 

Jean-Louis Comolli, cinéaste, écrivain 

Enzo Cormann, écrivain

Annick Coupé, militante altermondialiste

Revue CQFD

Miguel Urbán Crespo (parlamentaire UE, GUE-NGL)

CUP (Candidature d’Unité Populaire) Catalunya

Alain Damasio, écrivain 

Christophe Darmangeat, économiste 

Sonia Dayan-Herzbrun, sociologue

Chloé Delaume, auteure, prix Medicis 2020

Alessi Dell’Umbria, auteur réalisateur

Christine Delphy, sociologue

Gérard Delteil, écrivain

Pierre Dharreville, député PCF des Bouches du Rhône 13° circonscription.

Thierry Discepolo, éditeur (Agone) 

Elsa Dorlin, philosophe

Charlotte Dugrand, éditions Libertalia

Annie Ernaux, auteure

Jean-Michel Espitallier, écrivain 

Christian Eyschen, président de la Libre Pensée

Adeline Escandell, sénatrice Espagne ERC soberanistes 

Famílies de Presos de Catalunya

Gérard Filoche, ancien inspecteur du travail 

David Faroult, enseignant-chercheur en cinéma

 Eva Feigeles, monteuse de films

 Jacques Gaillot, Evêque

Pierre Galand, ancien sénateur belge, président de l’OMTC (Organisation mondiale contre la torture) 

Jean-Jacques Gandini, avocat, ancien secrétaire du Syndicat des avocats de France 

Jose Ignacio Garcia Sanchez, député de l’Assemblée d’Andalousie Adelante Andalucia

Henry Garino, ancien vice-président de la région Languedoc-Roussillon

Thierry Garrel, producteur, documentariste

Ermengol Gassiot Balibé, Secrétaire Général de la CGT Catalunya

Franck Gaudichaud, politiste, université Jean-Jaurès Toulouse

François Gèze, éditeur

Denis Gheerbrant, cinéaste

Sylvain George, cinéaste

Liliane Giraudon, auteure

Jean-Marie Gleize, écrivain 

Noël Godin, écrivain et entarteur

Dominique Grange, chanteuse engagée

Alain Guenoche, mathématicien 

Laure Guillot, cinéaste 

Alain Guiraudie, cinéaste

Thierry Guitard, auteur-illustrateur et cuisinier 

Éric Hazan, éditeur 

Charles Hoareau, président ANC

Chantal Jaquet, philosophe

Manuel Joseph, écrivain 

Alain Jugnon, philosophe

Pau Juvilla Ballester, Secrétaire Permanent de la CUP Catalunya 

Leslie Kaplan, écrivain 

Jacques Kebadian, cinéaste 

Razmig Keucheyan, sociologue

Jean Kehayan, écrivain 

Pierre Khalfa, économiste, fondation Copernic

Michel Kokoreff, universitaire, Paris 8

Stathis Kouvélakis, philosophe 

Hubert Krivine, astrophysicien 

Thomas Lacoste, réalisateur, producteur, éditeur

Joël Laillier, sociologue

Mathilde Larrère, historienne 

Véronique Lamy, porte-parole nationale du PCOF

Pierre Laurent, sénateur PCF 

Stephane Lavignotte, pasteur et théologien protestant

Sylvain Lazarus, chercheur, anthropologue

Denise Le Dantec, écrivaine

Noémi Lefebvre, auteure

Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire

Jean-Marc Lévy-Leblond, physicien

Pierre Linguanotto, cinéaste 

Sergi Lopez, acteur 

Marius Loris, poète, historien

Frédéric Lordon, philosophe 

Michaël Lowy, sociologue

Sandra Lucbert, auteure de littérature

Seloua Luste Boulbina, philosophe 

Christian Mahieux, syndicaliste cheminot retraité

Noël Mamère, journaliste, essayiste et homme politique 

Maguy Marin, chorégraphe

Myriam Martin, conseillère régionale Occitanie

François Marthouret, acteur

Olivier Mateu, secrétaire général UD CGT 13

Michel Mathieu, metteur en scène

Xavier Mathieu, comédien, ex-porte-parole CGT continental 

Alexandre Mathis, cinéaste 

Elli Meideiros, chanteuse 

Nathalie Ménigon, ancienne prisonnière politique d’Action directe 

Daniel Mermet, journaliste

Morgane Merteuil, militante féministe

Eleonore Merza Bronstein, anthropologue du politique 

Jean-Henri Meunier, cinéaste

Jacques-Henri Michot, écrivain

Ana Miranda Paz, députée européenne GUE-NGL

René Monzat, auteur 

Gérard Mordillat, écrivain

Fermin Muguruzza Chanteur et cinéaste

Chiara Mulas, Art Action

Olivier Neveux, enseignant-chercheur

Bernard Noël, poète

Nico Norrito, éditeur, éditions Libertalia 

Joan Josep Nuet, député Espagne ERC soberanistes

Océan, auteur réalisateur

OCL, Organisation communiste libertaire (revueCourant alternatif) 

Jean Ortiz, écrivain, maître de conférence, cinéaste 

Yves Pagès, écrivain

Aline Pailler, journaliste et ex-députéeeuropéenne

Ugo Palheta, directeur de publication de la revue en ligne Contretemps

Willy Pelletier, sociologue

Henri Pena-Ruiz, philosophe

Charles Pennequin, auteur 

Gilles Perrault, écrivain 

Mireille Perrier, actrice, metteure en scène 

Evelyne Perrin, autrice, sociologue 

Serge Pey, poète

Evelyne Pieillier, écrivain 

Philippe Pignarre, éditeur et auteur

Christine Poupin, Porte Parole du NPA 

Philippe Poutou, porte-parole du NPA 

Christian Prigent, auteur

Serge Quadruppani, auteur, traducteur 

Nathalie Quintane, auteure

Tancrède Ramonet, chanteur, réalisateur et producteur

Patrick Raynal, écrivain 

Nestor Rego, député de l’État Espagnol BNG

Serge Regourd, professeur de droit émérite.

Resistencia Indépendentista de Catalunya 

Carles Riera Albert, député de l’Assemblée de Catalunya CUP 

Mathieu Rigouste, sociologue militant 

Laurent Ripart, historien

Gaël Roblin, militant indépendantiste breton, conseiller municipal de Guingamp

Liliane Rovere, actrice

Saïdou (Sidi Wacho), rappeur 

Samidoun, organisation palestinienne de soutien aux prisonniers politiques 

Julien Salingue, docteur en sciences politiques 

Christine Salomon, anthropologue

Michel Samson, journaliste, écrivain, documentariste

Catherine Samary, économiste 

Natalia Sanchez Dipp, députée de l’Assemblée de Catalunya CUP

Oreste Scalzone, réfugié politique italien 

Raphaël Schneider, co-fondateur de Hors-Série

Secours rouge, Toulouse 

Jean-Christophe Sellin, conseiller régional Occitanie LFI

Michèle Sibony, enseignante, porte-parole UJFP

Catherine Sinet, journaliste

Maria Sirvent Escrig députée de l’Assemblée de Catalunya CUP

Eyal Sivan, cinéaste 

Omar Slaouti, Front uni des immigrations etquartiers populaires (FUIQP) 

Gérard Soulier, ancien maire adjoint de Colomiers

Pierre Stambul, docteur de l’université, Unionjuive française pour la paix

Alessandro Stella, directeur de recherche au CNRS

Didier Super (Olivier Haudegond), chanteur 

Michel Surya, auteur, philosophe, responsable de la revue Ligne

François Tanguy, metteur en scène

Tardi, dessinateur

Enzo Traverso, historien

Taoufiq Tahani, universitaire, ancien président de l’AFPS

Pierre Tevanian, philosophe, enseignant 

Julien Théry, historien

Miguel Urban Crespo, député européen GUE-NGL

VII, rappeur et écrivain 

Roseline Vachetta, ancienne députée européenne 

Mireia Vehi i Castenys, parlementaire Espagne CUP

Françoise Vergès, politologue et militante féministe décoloniale

Marie-Pierre Vieu, éditrice, ancienne députée européenne FDG

Arnaud Viviant, critique littéraire 

Christiane Vollaire, philosophe

Michel Warschawski, homme politique israélien, président du Centre d’information alternative de Jérusalem 

Wissam Xelka, journaliste 

Yannis Youlountas, réalisateur 

Olivia Zemor, journaliste retraitée

Milice Élyséenne contre manif lycéenne

Comme le journal Le Monde l’a révélé, Alexandre Benalla, un proche conseiller du président de la République Emmanuel Macron, a été filmé jouant au milicien supplétif de la police nationale, le 1er mai dernier.

Ce jour-là, ce chargé de mission d’Emmanuel Macron, équipé d’un casque à visière des forces de l’ordre, alors qu’il n’est pas policier, s’en est pris à un jeune homme à terre pendant une manifestation qui se tenait place de la Contrescarpe, à Paris (5e arrondissement).

L’implication bénévole de ce détenteur d’un bureau à l’Élysée dans le travail de la police force le respect! Il est vrai que les policiers, de leur côté, se plaignent d’être en sous-effectif. De là à ce qu’un bureaucrate macroniste aille prêter la main aux casques bleus…

On aimerait savoir s’il est le seul de sa trempe ou si d’autres collaborateurs du Président ont pris part à la répression violente des manifestations du printemps…

En tout cas, au lieu de mettre à pied quinze jours M. Benalla, l’Élysée devrait plutôt encourager cet enthousiaste du «maintien de l’ordre» en lui fournissant un fusil lanceur de balles de défense et une jeep ou une moto. Il pourrait organiser, avec ses collègues de bureau et de parti, de petits safaris dans les manifs lycéennes.

De notre côté, nous avons hâte de croiser le personnage in situ pour lui manifester directement toute notre admiration!

Et dès le lendemain…

L’Élysée, dont je salue la diligence, a commencé à répondre à la question que je posais dans le billet ci-dessus. Non, M. Benalla n’était pas seul!

Il était accompagné d’un ancien gendarme, M. Vincent Crase.

Se pourrait-il que la réaction rapide de l’Élysée s’explique par le fait que les deux hommes, désormais identifiés, ont été photographiés l’un à côté de l’autre, comme en témoigne le cliché ci-dessous…

Encore un effort M. Macron! Des noms!

Sous vos applaudissements…

Quant au matériel de guerre civile…

Inutile de se faire du souci (je suis naïf!).

MM. Crase et Benalla se l’étaient déjà procuré, sur le compte de «En Marche» comme en témoigne ce courriel envoyé par le premier à une entreprise spécialisée (document Wikileaks).

317. Contribution au débat sur la répression politique sous état d’urgence (film)

Un film sur l’état d’urgence et la répression des manifestations contre la COP 21, dans lequel je suis interrogé (en voix off) et dont j’ai contribué à la présentation publique à plusieurs reprises.

Interviennent également Vanessa Codaccioni, Didier Fassin, Samir Baaloudj et des manifestant·e·s.