RENCONTRES, DÉBATS ET CONCERT, LE 10 JANVIER 2015, avec les éditions LIBERTALIA

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Les éditions LIBERTALIA vous convient à une série de rencontres/débats, le samedi 10 janvier 2015, de 15h à 23h, au CICP, 21 ter rue Voltaire 75011 Paris.

L’occasion de rencontrer l’équipe des éditions et de débattre avec : Anne Steiner, Guillaume Davranche, Sébastien Fontenelle, Olivier Cyran, Gérad Delteil & Thierry Pelletier.

 

À 20h,  concert avec The Angry Cats & Les Moonshiners. (Entrée à prix libre)

 

 

 

 

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SAISONS…

Gueule en deuil

Claude GUILLON, née Claude PERRIN

10 avril 1922 (Sarrebruck, Allemagne) — 25 décembre 2014 (Meudon, France).

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Étés, puissants étés, votre nom même passe,
Être et avoir été, passe-temps et printemps,
Il passe, il est passé comme une eau jamais lasse,
Sans cicatrices, sans témoins et sans étangs.

Paul Éluard

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Ah ! comme la neige a neigé !

Ma vitre est un jardin de givre.

Ah ! comme la neige a neigé !

Qu’est-ce que le spasme de vivre

À la douleur que j’ai, que j’ai !

Émile Nelligan

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QUAND L’INDUSTRIE DU LUXE RÉCUPÈRE L’ANARCHIE

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L’excellent site Anarlivres attire notre attention sur une énième captation marchande du folklore anarchiste.

Une maison de joaillerie, créée en 2013, a utilisé — peut-être sans le savoir — le nom d’un personnage de bande dessinée imaginé par anarchikRoberto Ambrosoli dans les années 1960 : Anarchik. Je dis « sans le savoir », car il est plus que probable qu’Anarchik est, aux yeux et surtout aux oreilles, de nos créateurs de bagues une homophonie « vendeuse » d’ « anar chic » !

Anar chic, eh oui !

La référence à l’anarchisme est d’ailleurs assumée puisque le logo de la maison est un « A », non plus inscrit dans un cercle, mais dans un diamant ! Vous me direz que ça n’est pas inutile pour découper les vitres…

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Je reproduis ci-dessous une partie de l’argumentaire commercial, dont on goûtera l’humour involontaire.

Ancrée dans son époque, ANARCHIK sublime une femme tendance, indépendante et sûre d’elle, dans un état d’esprit décalé et ludique.

Grâce à la possibilité d’accorder une Pierre Précieuse avec plusieurs anneaux en silicone de différentes couleurs, la femme ANARCHIK révèle sa personnalité en créant ses propres combinaisons.

Imaginées pour la femme moderne, les créations ANARCHIK s’adaptent aux multiples facettes de votre vie quotidienne. Elles se personnalisent selon vos goûts et vos envies. Un système breveté unique permet de changer la pierre ou l’anneau en deux clics et en toute sécurité, pour assortir la bague à vos tenues. Le résultat est surprenant d’élégance, de fraicheur et de modernité.

Les bijoux ANARCHIK offrent à toutes celles qui les portent un sentiment de rareté, de singularité et d’appartenance à une communauté de privilégiés qui se reconnaissent dans l’exigence de beauté, de qualité et d’innovation.

 

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En l’an 2000, le parfumeur Caron, très ancienne maison parisienne, a lancé une eau de toilette baptisée L’Anarchiste, avec le slogan suivant : « C’est dans le noir que se reconnaît l’anarchiste ». La référence au drapeau noir est assez habilement mise en valeur ; pour le reste, on préfère comprendre que c’est désormais à son parfum, et non à son « odeur » que l’on reconnaît l’anarchiste dans l’obscurité.

Original, il attire les hommes et séduit les femmes sensibles au contraste de ce parfum frais et chaleureux à la fois.
Accord : néroli, menthe naturelle, notes boisées et musc.

Le flacon initial ressemblait vaguement à une flasque d’alcool, que la publicité vidéo consultable sur le site de l’INA associait à une allumette enflammée (voir également ci-dessus). Caron y a renoncé depuis pour un flacon plus classique.

Que des commerciaux s’imaginent pouvoir vendre leur camelote, parfums ou bijoux, en utilisant des références aux poseurs de bombes ou à la « communauté de privilégié[e]s » que sont censés constituer les anarchistes (en l’espèce les anarchaféministes) est un signe des temps presque imperceptible, et au fond de peu d’importance.

Cependant, qui dit commerce dit évidemment dépôt de nom de marque et « propriété industrielle ». Anarchik s’imagine ainsi qu’Anarchik lui appartient et Caron se prend pour le propriétaire de L’Anarchiste. Conseillons à ces marchands de ne jamais pousser plus loin ni l’imprudence ni l’impudence en prétendant faire valoir leurs « droits » contre des anarchistes de chair et de sang, qu’ils n’auraient peut-être pas le temps de reconnaître, dans l’obscurité ou en plein jour.

ARRÊTEZ DE DIRE AUX FEMMES DE SOURIRE !

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ne jeune artiste, Tatyana Fazlalizadeh, affiche dans les rues des portraits (magnifiques) de femmes,  légendés de slogans contre le harcèlement sexuel.

Stop telling  Women to smile, le titre ci-dessus traduit est celui qu’elle a retenu pour désigner l’ensemble de cette «offensive» d’art de rue.

On peut voir une vidéo (en anglais) à cette adresse.

Et visiter son site à cette autre.

J’ai vu récemment dans les rues de Paris des affichettes, plus modestes dans la forme, qui reprenaient certains des slogans qu’elle utilise.

On mesurera facilement leur pertinence au fait même que certains d’entre eux peuvent nous paraître (y compris à des filles, je n’en doute pas), «exagérés»…

«Exagéré» était, pendant la Révolution française, utilisé comme synonyme d’extrémiste. Mais il n’existe pas d’«extrême» à la liberté, ici celles des femmes de circuler partout et à toute heure sans être victimes d’un harcèlement qui va de la balourdise au viol.

Il existe la liberté, tout simplement. Le travail d’artiste militante de Tatyana Fazlalizadeh rappelle que tant que les femmes n’en jouissent pas, la liberté n’existe pas.

[On se souviendra qu’en anglais le «tu» et le «vous» sont indifférenciés; il est donc légitime de choisir l’une ou l’autre forme, selon les cas et la traduction qui semble la plus appropriée.]

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Mon nom n’est pas «Baby», «Chérie», «Ma jolie»,…

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Ma tenue n’est pas une invitation.

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Les femmes ne vous «doivent» pas leur temps ou leur conversation.

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Je ne suis pas ta propriété — Tu n’as pas la maîtrise de mon corps.

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Les femmes ne quêtent pas votre approbation.

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Les femmes ne sont pas dehors pour ton divertissement.

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[Retenons :] Harceler les femmes n’est pas une preuve de virilité.

À LA MÉMOIRE DES «FEMMES DE RÉCONFORT». Une exposition de Chang-Jin Lee

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Chang-Jin Lee, jeune artiste d’origine coréenne, expose à New-York — y compris sur du mobilier urbain (voir affiche ci-dessous) — une série de photos évoquant la mémoire des 200 000 femmes asiatiques réduites par l’armée japonaise au rôle d’esclaves sexuelles pendant la deuxième Guerre mondiale.

On sait que ces victimes du militarisme japonais et du machisme ordinaire (le bordel de campagne pouvant être considéré comme le stade suprême de la théorie des «besoins sexuels masculins») ont été baptisées par euphémisme «femmes de réconfort».

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On peut visiter le site Internet de Chang-Jin Lee, et y consulter une vidéo (sous-titrée en anglais) qui donne à entendre la parole de femmes survivantes, originaires de plusieurs pays asiatiques.

COMPÉTITION SERRÉE ENTRE INNA-«FEMEN»-SCHEVCHENKO ET PHILIPPE BILGER…

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’ai écrit qu’on peut au moins reconnaître aux Femen la vertu (pardon !) de faire s’exprimer un discours public machiste sans complexe. C’est comme tous les jours au bureau et dans les wagons du métro, mais c’est dans la presse, à la télé. On s’en passerait peut-être, mais ça n’est pas sans intérêt.

Dernier en date, et on n’a rien perdu pour attendre, M. Philippe Bilger, magistrat honoraire (honoraire est probablement un synonyme de « désinhibé »). L’honoraire, donc, se lâche sur le site du Figaro, après la condamnation (symbolique) d’une militante Femen à un mois de prison avec sursis pour l’action (symbolique) consistant à mimer un avortement dans une église parisienne.

L’originalité du réquisitoire supplétif de M. Bilger, car c’en est un, consiste en un mélange d’appel à l’internement psychiatrique, façon URSS, assez inattendu chez un tel personnage, et du plus classique machisme graveleux.

À bien y réfléchir, la peine prononcée n’est pas véritablement le problème car pour cette femme de 31 ans, au risque de me faire lyncher par un féminisme qui ne recule devant rien, surtout pas devant l’absurde, on aurait pu concevoir l’alternative suivante.

Pour continuer sur le caractère contestataire de la nudité, une bonne fessée, n’en déplaise à Edwige Antier mais, après tout, Eloïse Bouton n’est plus une enfant.

Ou un repos d’une certaine durée dans un établissement de soins. Il y a des dérangements mentaux que l’idéologie occulte trop bien. Derrière l’extravagance publique du comportement, on devrait plus souvent s’attacher à la fêlure de l’esprit, au trouble de la personnalité. Il y a des atténuations de responsabilité sous les surfaces vindicatives et arrogantes.

Relisons la fin : « Des atténuations de responsabilité sous les surfaces arrogantes ». M. Bilger serait-il subrepticement passé du réquisitoire à la plaidoirie ?

À la même date, 17 décembre 2014, mais sur le site (plus chic) du Huffington post, Inna Schevchenko, publie, au nom des Femen[1], une lettre ouverte à la garde des Sceaux, Christiane Taubira.

Il semble que les Femen ont été réellement étonnées d’être traduites devant un tribunal, d’où peut-être un léger vent de panique. Il semble aussi que l’action menée dans une église a fissuré le bloc de soutien gouvernemental, étourdiment ou naïvement avoué par Caroline Fourest dans son livre récent[2]. Bref il fallait trouver une riposte. Elle fut d’abord un peu confuse, utilisant le mode d’action habituel (seins nus) en en modifiant le sous-titrage. On vit ainsi des jeunes femmes aller montrer leur poitrine dénudée au président de la République en lui demandant : « M. le président, est-ce que j’ai l’air d’une exhibitionniste ? » [d’une malade mentale, selon une autre version] Bonne pâte, le président répondit d’ailleurs par la négative… Et voilà que le texte ci-dessus évoqué vient intelligemment (c’était — je le jure ! — mon premier sentiment) répondre, enfin !, avec des arguments politiques et juridiques.

Certes, puisque nous sommes entre nous, je peux confier que l’affirmation suivante « À travers nos actions torse peint, nous entendons dénoncer l’hyper sexualisation du corps de la femme » relève du plus effronté foutage de gueule. Les action seins nus utilisent l’hyper sexualisation du corps féminin pour assurer la publicité des actions du groupe.

Laissons cela.

Par contre, il n’est pas inintéressant de souligner le manque de base légale de la différence faite entre la nudité des torses féminins et masculins. Des groupes de femmes aux États-Unis, je l’ai rappelé récemment, ont fait de la liberté de se promener torse nu leur cheval de bataille (voir ici-même Je chante le corps critique).

De surcroît, le texte explique et résume de manière claire la stratégie de nu-manifeste que pratiquent les Femen :

Femen peint des messages politiques sur ses seins pour protester contre cette représentation pervertie de nos corps. Nous reprenons possession de nos corps et nous les confrontons aux mœurs qui se doivent d’être bousculées pour obtenir l’égalité.

S’en tenant là, la lettre ouverte à Taubira aurait constitué (à ma connaissance) la première tentative de théoriser la pratique militante des activistes Femen.

Hélas !

Volonté brouillonne de trop bien faire, réelle niaiserie réformiste, conseils calamiteux ou (qui sait ?) pudibonderie… Toujours est-il que le texte croit utile de pousser plus loin sa critique des bases juridiques de l’inculpation pour « exhibition sexuelle ».

La loi ne précise pas quelles sont les parties du corps qui doivent être considérées comme « sexuelles » et il n’y a pas de raison a priori (c’est là que réside le bluff, éventuellement productif, du raisonnement) de considérer le torse féminin autrement que le masculin. Je dis bluff, parce que bien sûr la jurisprudence prend en compte l’état des mœurs, un a priori certes, mais ancré dans l’époque.

En gros disent les Femen : il n’est pas question de nos seins dans la loi, donc nous pouvons les montrer en public…

Mais elles ajoutent (et c’est moi qui souligne) :

Femen demande donc, au nom de l’égalité femme-homme portée par la Constitution, un éclaircissement et une précision de la définition légale de « l’exhibition sexuelle » où les amalgames sexistes n’auraient plus leur place. Ainsi, afin d’éviter toute interprétation sexiste de l’article 222-32 du Code pénal, une mention des seules parties génitales pourrait lui être ajoutée.

Au secours !

Les Femen demandent à l’État d’améliorer la loi répressive qui permettra de condamner les femmes et les hommes qui pratiquent le naturisme hors des réserves prévues à cet effet, et aux militant(e)s qui pratiquent le nu manifeste dans la rue et les endroits publics. Ceux-là, celles-là pourront être — les Femen vous le certifient — légitimement poursuivie(e)s et condamné(e)s pour « exhibition sexuelle ». Mais sans discrimination sexiste (un con = une bite). Quel progrès ! Décidemment, un vent nouveau souffle sur le féminisme français depuis qu’Inna Schevchenko a trouvé asile dans « le pays des Droits Humains » (comme elle dit).

Un « féminisme qui ne recule devant rien », écrit le malheureux Bilger.

Et en effet, il ose tout !

Il serait navrant que ce soit même à ça qu’on le reconnaisse désormais.

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[1] Oui, je sais j’avais dit que je n’en parlerai plus…

[2] Personnellement, quand il m’est arrivé d’être arrêté, aucun ministre ne m’a téléphone pour s’enquérir de ma santé (je parle ici par jalousie, on l’aura compris).

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Sources :

Le lâcher de magistrat.

Le projet de loi Femen.

Taule à Turin pour les No-TAV

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Quatre militants italiens contre la ligne de train à grande vitesse (TAV) Lyon-Turin ont été condamnés par la cour d’assises de Turin à 3 ans et demi de prison, pour le sabotage d’un chantier mené en mai 2013.

La cour n’a pas suivi les réquisitions du parquet ; elle a écarté l’inculpation de « terrorisme » qui aurait permis de multiplier la peine par trois.

Site du Comité No-TAV turinois.

À MES CHARMANTES LECTRICES & GENTILS LECTEURS (& inversement)

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’ai terminé ce jour le déménagement de mon ancien site vers ce nouveau blogue généraliste[1].

Travail long et pénible, pour de nombreuses raisons techniques qu’il serait aussi fastidieux de détailler qu’il a été parfois difficile de les surmonter. Changements de formats, de logiciels, fichiers datant d’avant tel crash informatique (du site ou de l’ordinateur du tenancier), autant de strates catastrophiques dont je me serais passé de les retrouver dans mes tâtonnements quotidiens.

S’ajoute à cela l’inévitable nostalgie d’avoir à relire certains textes qui évoquent des moments heureux, ou au contraire des drames, des personnes disparues… S’il vous est déjà venu l’idée stupide de plonger dans une correspondance amoureuse enfouie au fond d’un tiroir, vous savez ce qu’il en est.

Selon l’usage, j’ai profité de ce déménagement pour faire un peu de ménage (très peu !). J’ai mis à la poubelle quelques textes de circonstances (surtout des communiqués d’appel à telle manif ou réunion). J’ai été contraint de remettre en page la plupart des textes : le logiciel du site intégrait les notes à l’intérieur du texte, au lieu que sur le présent blogue, comme sous Word, elles sont en bas de page (ou de texte). Or je n’avais souvent pas d’autres versions à ma disposition que celles préparées pour Spip (sinon sur d’illisibles disquettes [oui, j’ai essayé !]). C’était l’occasion de corriger un nombre considérable de fautes de frappe ou d’orthographe… et peut-être d’en ajouter quelques-unes.

Je n’ai évidemment rien « réécrit » (sauf une phrase d’Économie de la misère, que j’avais du mal à comprendre. Elle figure entre crochets).

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Pourquoi ? Pourquoi maintenant ?

Parce que je souhaitais, après l’ouverture de mon blogue historien La Révolution et nous (dont les articles récents s’affichent en bas à gauche de votre écran) adopter également la forme du blogue pour mes textes traitant d’autres sujets. Il y a dans la forme « blogue », autrement dit dans le retour au rouleau (de papyrus, si vous voulez) un caractère désuet qui m’enchante, d’autant plus qu’il est le dernier mot (pour cette portion de siècle !) de la communication moderne.

De plus, il me semblait plus aisé de mettre en ligne des billets de quelques lignes dans le cadre d’un blogue, ce que j’hésitais à faire (peut-être à tort) sur une page de mon site.

Par ailleurs, je voulais créer ce nouveau blogue — et donc pouvoir indiquer son adresse — avant de rendre à Nico et Charlotte, des Éditions Libertalia, le manuscrit définitif du livre qu’elles publieront l’année prochaine, et qu’un écho furtif (mais vous ne perdez rien pour attendre !) a déjà annoncé ici même : Comment peut-on être anarchiste ?

Ce nouvel opus est précisément un recueil de textes divers (articles et tracts).

Une fois le blogue créé, le plus logique était de le remplir par transfert du site le plus rapidement possible (j’y ai consacré presque deux mois de travail).

Enfin, la pérennité de l’ancien site était tout sauf garantie, tandis que la position de mon actuel hébergeur (des millions de blogues) est une relative garantie. J’en profite pour préciser que l’hébergement et les « modèles » de blogues que j’ai choisis sont gratuits. Je paye cependant une somme annuelle pour éviter que des publicités, aléatoires et intempestives, s’affichent sur les pages des blogues (ne me remerciez pas, c’est tout naturel !).

J’ai vu passer (la position du surfeur n’est pas idéale pour la lecture) sous le clavier d’un internaute une remarque d’étonnement mâtiné d’humour sur le fait que je « quittais » Spip, le logiciel gérant mon site, après tant d’années d’amicales relations*… Je confesse que ça n’est pas sans une certaine nostalgie que j’abandonne un site (certes austère) dont j’ai consulté les statistiques et alimenté les rubriques pendant une quinzaine d’années. Pour autant je ne me suis jamais senti d’une famille (« spipeux », « spipophiles », « spipards » ?). J’ai accepté, avec reconnaissance (merci encore Xavier ! et Thierry aussi !) la possibilité d’avoir un site personnel et me suis accommodé du logiciel livré avec, sans en comprendre toutes les subtilités et en l’utilisant a minima (comme tous mes appareils électroniques). En créant mes deux blogues actuels, je n’ai pas le sentiment d’avoir trahi quiconque ou de m’être rallié à je ne sais quoi. J’ai simplement essayé de faire au mieux, et au plus vite (tout est relatif !) en fonction de mes (faibles) capacités.

Tant que j’en suis aux explications : je n’ai pas l’intention (sauf exception éventuelle) d’ouvrir des forums de discussion, qui font pourtant le succès de certains blogues. Je n’ai pas assez de temps pour en gaspiller en modérant des échanges oiseux et en chassant les pubs cachées pour des sites pornos et des banques. En revanche, j’ajoute régulièrement à certains articles des « formulaires de contact » (comme ci-après) qui vous permettent de m’adresser un message. Je réponds, en général assez rapidement, et je publierai volontiers des textes ou commentaires que je jugerai intéressants.

Je n’ignore pas que pendant plusieurs mois (par groupes de douze ?) la fréquentation de ce blogue sera loin d’atteindre celle du site. Beaucoup d’internautes rechignent en effet à utiliser les liens sur lesquels ils/elles tombent. Il faudra beaucoup de temps pour que tous les liens pointant vers l’ancien site soient corrigés pour arriver ici, d’autant qu’ils pointent vers un article précis.

J’espère que la mise en page vous convient. J’ai parié sur la lisibilité.

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Blogue, mode d’emploi

Vous disposez — outre de la possibilité de vous abonner en inscrivant votre adresse électronique dans le cartouche prévu à cet effet en haut à droite de la page —, de trois outils de navigation : le moteur de recherche, les rubriques et les mots-clés.

Ces trois outils se trouvent dans la colonne de gauche sur votre écran. Le cartouche du moteur de recherche, où taper votre demande est sous la mention «La curiosité est un joli défaut !» (c’est vrain, non ?). Puis, en descendant, les mots-clés (Attention ! ils n’y sont pas tous. Vous les retrouvez au bas de chaque article.). Et enfin les rubriques. Un même texte peut figurer dans plusieurs rubriques.

N’hésitez pas à me signaler d’éventuelles erreurs.

Dans l’attente de vous lire, je ne suis pas fâché de pouvoir retourner à mes recherches sur la Révolution.

Bien à vous.

Capture d’écran 2014-11-09 à 10.52.38 Claude Guillon

 

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Nota Je m’abtiendrai désormais d’indiquer la mention Capture d’écran 2014-11-16 à 20.04.17 au début d’un texte. Si je suis amené à republier des textes qui ne figuraient pas (ou plus) sur le site, ils le seront dans la rubrique « Textes republiés », et la date de rédaction sera mentionée entre parenthèses dans le titre.

Capture d’écran 2014-11-09 à 10.52.38 Remords. Je savais bien que j’oublierai quelque chose. Pourquoi «Lignes de force»? et qu’entendez-vous par là ? me demande justement une nouvelle abonnée. On utilise l’expression «lignes de force» pour désigner les lignes géométriques qui structurent la composition d’un tableau. Par analogie, on emploie l’expression dans le domaine des idées. Le titre de ce blogue est ainsi un clin d’œil assumé au très beau roman autobiographique de Pierre Herbart intitulé La Ligne de force (voir ci-dessous).

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[1] Ne reste pendante que la question de la forme sous laquelle je remettrai en ligne le contenu de mon livre De la Révolution. En attendant, les chapitres demeurent lisibles sur l’ancien site.

* On trouvera à cette adresse des échanges de commentaires, parfois peu amènes, sur mon déménagement et mon (incontestable) «analphabétisme numérique».

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42 BONNES RAISONS POUR LES FEMMES DE M’ÉVITER (Éditions La Digitale)

 

Aux éditions La Digitale

 

Je donne ci-dessous l’intégralité du texte de mon livre, publié en 1994 et 1996 aux Éditions La Digitale, et toujours disponible. Les illustrations, y compris la couverture, ont été gracieusement réalisées par le dessinateur Edmond Baudoin.

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Enfin, je me sens fort, je n’ai peur de rien,

une immense confiance me remplit dans les

moments trop rares où la Femme me sourit.

Henri Roorda, Mon Suicide

 

 

à P’tite Lune, l’éclipsée

au Guépard

 

       1

 Adolescent, n’ayant jamais caressé une femme, j’imaginais que l’on parlait beaucoup en faisant l’amour. Je me figurais le coït comme une espèce de commodité de la conversation.

Cette aimable représentation n’a pas résisté aux faits. Tout de même, j’ai besoin que l’autre acquiesce à certains gestes par des mots. Je veux bien accorder aux soupirs, comme en musique, la valeur d’une respiration, mais ma confiance en eux reste limitée.

Plus encore que bavard, je suis grand buveur de paroles et c’est aujourd’hui le bavardage que je considère comme la poursuite de l’amour par d’autres moyens. Après le plaisir, les mots ont en bouche une saveur particulière, plus ronde.

Il semble que de certaines femmes on ne puisse tirer les mots qu’après qu’elles se sont données physiquement. Persuadées d’avoir accordé ce que l’on attendait d’elles, elles espèrent en retour de la tendresse et parlent sans même y penser ni s’apercevoir qu’on les écoute.

Je lis dans le Washington Post un article qui se veut humoristique et fustige la mode américaine du « sexually correct ». À Antioch Collège, dans l’Ohio, le conseil de gestion (où sont représentés des étudiants et des professeurs) a adopté un « code de comportement sexuel » que toute personne fréquentant l’université s’engage à respecter. Ce règlement stipule que « L’obtention du consentement constitue un processus permanent de toute relation sexuelle (…) à chaque stade du comportement physique ou sexuel. » Une « certaine intimité sexuelle » avec quelqu’un ne dispense pas de demander son consentement à chaque rencontre. L’un des étudiants réfractaires interrogés par le journaliste « avoue ne connaître personne demandant le consentement de sa partenaire “à chaque étape du processus” ». Je suppose que cet « aveu » doit valoir, et pas seulement aux États-Unis, son pesant de rires gras et approbateurs. Pour moi, je me demande ce qui me terrifie le plus, de la sottise bureaucratique et moralisante qui prétend mettre le désir en code ou du mutisme émotionnel qui ne bande que dans le silence et l’obscurité…

Le parler de certaines jeunes femmes m’a séduit plus sûrement que leur visage. L’emploi d’un mot décalé, ni rare ni savant, mais surprenant me touche au cœur. Je me souviens de Jennifer, dont je n’étais pas encore l’amant, déclinant un soir de 14 juillet l’offre que je lui faisais de monter sur mes épaules : « Merci, mais tu es de complexion fragile, j’ai remarqué ». Et Justine, au téléphone, me demandant : « Mais, je pourrais te rappeler, ultérieurement ? » Cet adverbe — horripilant dans les messages enregistrés des administrations (« Veuillez renouveler votre appel ultérieurement ») — m’a enchanté.

 

       2

 Je ne suis pas de mon temps. Cela se sent, paraît-il. Plutôt que d’admettre avoir renoncé à résister au monde, à « son » époque, on préfère me juger « vieille France » — avec attendrissement — .

« Ce jeune homme a des manières dix-huitième, moi je suis du XXe siècle », dit un crétin, mon cadet de quelques années, le prétendant* d’une femme que j’aime à qui il explique qu’il ne souhaite pas me rencontrer.

Il n’y a pas, pourtant, que de bonnes manières chez Laclos, Sade et Crébillon. Une certaine élégance peut-être…

* « Prétendu » conviendrait mieux, mais passons…

 

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       3

À certains livres qui forment ma bibliothèque élective, une femme aimée a peu de chance d’échapper. Pour peu qu’elle résiste assez longtemps a ma fréquentation, elle doit s’attendre à recevoir comme autant d’ultimatums des textes de Dagerman, Herbart et quelques autres. Cela ne va pas sans graves difficultés pour le maniaque que je suis. Au fil des années, les titres disparaissent des librairies ou subissent des rééditions calamiteuses. De Stig Dagerman, je possède encore plusieurs exemplaires d’Ennuis de Noce, dans l’édition Maurice Nadeau, mais on m’a dérobé mon exemplaire personnel de Notre besoin de consolation est impossible à rassasier. La réédition d’Actes Sud est moins élégante et scandaleusement amputée de la préface de Philippe Bouquet. En collections de poche, les couvertures de Mars (Fritz Zorn) et de La Ligne de force (Pierre Herbart) sont hideuses. Lire la suite

À LA VIE À LA MORT. La souffrance « au nom de dieu »

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On trouvera ci-dessous le second chapitre de mon livre À la vie à la mort, éd. Noêsis, 1997 (épuisé, disponible à La Galerie de la Sorbonne, librairie d’occasion parisienne).

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À l’heure où l’Église catholique poursuit son offensive pour regagner une partie de l’influence qu’elle a perdue, à l’heure aussi où les soins palliatifs et l’usage de médicaments antidouleurs efficaces sont présentés comme un argument décisif contre l’euthanasie [voir l’escroquerie de la loi Douste-Blazy, sur lequel on peut lire « Allez mourir ! »], il n’est pas inutile de rappeler que l’Église catholique a pendant plusieurs siècles prôné la souffrance comme moyen d’humiliation nécessaire de l’homme.

 

« À travers les siècles et les générations humaines, on a constaté que dans la souffrance se cache une force particulière qui rapproche intérieurement l’homme du Christ, une grâce spéciale. »

Jean-Paul II, Lettre apostolique Salvifici doloris, 1984 (Le sens chrétien de la souffrance, Le Centurion, 1984).

 

J’ai, dans l’introduction de cet ouvrage, brocardé un premier ministre qui affirmait que l’État laïque ne saurait « ignorer la part essentielle qui revient à la foi religieuse dans la constitution du patrimoine national[1] ». Je vais maintenant le prendre au mot. Il apparaît en effet que les résistances, encore nombreuses, au traitement de la douleur, trouvent leur origine historique dans l’idéologie catholique, dominante en France durant plusieurs siècles. Faut-il s’étonner que l’Église désavoue cet apport au « patrimoine national » ?

Lors des auditions publiques, effectuées en octobre 1994 par la commission des affaires sociales du Sénat, en vue de la rédaction d’un rapport sur le traitement de la douleur que nous avons déjà cité, Lucien Neuwirth, expliquait dans ces termes son souci de recueillir l’opinion catholique : « Au moment où allait se dérouler le débat sur la prise en charge de la douleur, il était hautement souhaitable que l’Église catholique puisse faire connaître son point de vue face à la mise en cause de la douleur rédemptrice[2]. » Au naïf, cette introduction pourrait sembler quelque peu comminatoire : Rome se verrait-elle sommée de s’expliquer par la Haute assemblée ? C’est au contraire une démarche toute œcuménique qui anime les sénateurs ; on laissera un prêtre, Olivier de Dinechin en l’espèce, assurer, au mépris de la plus élémentaire vérité historique, que l’Église ne s’est jamais opposé au soulagement de la douleur. Peut-être cet énorme mensonge mérite-t-il d’être qualifié de « pieux », en ce qu’il fournit une généalogie présentable à une position catholique moderne, et très récente, qui — sur la question de la douleur — est effectivement sans ambiguïtés ?

N’étant, pour ma part, contraint par aucun impératif diplomatique vis-à-vis de l’Église, j’utiliserai les déclarations « révisionnistes » du prêtre de Dinechin comme trame introductive à un aperçu historique des rapports entre la religion catholique et le culte de la douleur[3].

« Notre mémoire sociale en France, commence l’ecclésiastique, et en particulier dans les milieux médicaux (parfois dans la bouche de médecins de renom), a retenu l’idée inexacte que le christianisme promouvait “la valeur rédemptrice de la souffrance”. Je tiens à dire très fortement que c’est inexact et faux. […] Un bref sondage historique récemment réalisé par l’un de mes confrères théologiens, le Père Verspieren, montre :

— en premier lieu, qu’on ne trouve aucune mise en garde venue d’autorités religieuses catholiques contre des traitements de la douleur, aussi loin que l’on remonte dans ce sondage historique ;

— ensuite, que les théologiens moralistes du XVIe siècle affirmaient au contraire, à l’époque où l’anesthésie n’existait pas, que nul n’était tenu d’affronter une épreuve chirurgicale s’il redoutait une trop forte douleur (on a donc le droit de ne pas souffrir) ;

— en dernier lieu, que les moralistes catholiques du XIXe siècle (qui marquent peut-être le plus la mémoire des médecins d’aujourd’hui) semblent surtout soucieux de ne pas contredire de front les médecins de leur époque, qui redoutaient que l’usage de la morphine crée une dépendance. Malgré ce respect peut-être trop excessif des croyances médicales de l’époque, on remarque chez ces moralistes du XIXe et du début du XXe siècles qu’ils n’ont toutefois jamais exprimé d’objections de principe au traitement de la douleur. »

Un « bref sondage historique » nous permet de rencontrer, parmi d’autres, un incontestable moraliste catholique, en la personne de l’évêque d’Arras, Mgr Parisis, qui publie en 1864 Sur la douleur. Comme c’est souvent le cas dans les textes rédigés par des religieux, le terme « douleur » paraît désigner indistinctement les maux du corps et ceux de l’âme, les seconds étant paradoxalement (pour un rationaliste) jugés plus tangibles. L’objectif que se fixe l’évêque ne manque pas de grandeur : terrasser l’impiété, qui « semble depuis quelque temps relever la tête ». Pour « rabaisser son orgueil », la rendre « muette et confondue », il n’est que de la soumettre à deux questions : « Pourquoi la douleur ? Comment [la] soulager ? » On va s’apercevoir qu’après avoir mis en avant les « besoins du cœur », l’homme d’Église ne prend la douleur en compte que dans la mesure où elle lui semble pouvoir étayer sa vision du monde, fantasmatique et dogmatique. Lire la suite