Témoignage d’un détenu en «centre de rétention administrative»

Monsieur le procureur,

Je voudrais porter à votre connaissance les faits suivants.

Le 30 Octobre la policiers sont venus me chercher dans ma chambre du
centre de rétention à 9h. J’étais allé aux toilette, j’ai été interpellé
devant les toilettes et ils m’ont demandé d’aller rassembler mes affaires.

J’ai été fouillé, on m’a posé des questions sur l’asile et ma nationalité,
et on m’a annoncé qu’on allait m’emmener au Soudan.

Je suis arrivé à l’aéroport et je n’ai pas subi de violences jusqu’à
l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle. J’ai été reçu par 5 policiers en
civil et un avec un policier en uniforme. Ils m’ont proposé de prendre des
cachets sans m’expliquer ce dont il s’agissait et m’ont proposé une
bouteille d’eau pour les boire. J’ai refusé de les avaler.

Ils m’ont escorté vers l’avion.

Trois agents m’ont installé dans l’avion et m’ont menotté et recouvert
d’un drap rouge pour me cacher des autres passagers. Il n’y avait encore
personne dans l’avion. À ce moment, j’avais un policier à ma gauche, un à
ma droite et un devant. Deux autres discutaient avec le capitaine.

Les passagers sont arrivés et je hurlais et je pleurais, les policiers ont
alors commencé à me frapper. J’ai reçu des coups de poings et ils m’ont
étranglé. J’ai surtout été frappé à la tête.

Ensuite je n’ai pas tout compris et entendu mais j’ai vu le pilote parler
avec les officiers, et il a refusé de me laisser prendre l’avion notamment
à cause de la violence que j’ai subi devant tout le monde.

Les policiers m’ont fait sortir de l’avion. J’ai continué d’être frappé et
j’ai été insulté «Suce ma bite», «Ferme ta gueule», «Fils de pute»
dans la voiture qui m’emmenait au poste de police dans l’aéroport. J’ai
été frappé à la tête et étranglé pour m’empêcher de crier.

J’ai été emmené dans un poste de police dans l’aéroport pendant deux
heures et j’ai été frappé par deux des trois policiers.

Tout au long de ces moments, j’ai protégé mon visage avec mes bras en
criant que je respecte la police.

Après j’ai été emmené au centre de rétention.

Je n’ai pas pu voir de médecin à mon retour au centre. Je souhaiterais
être emmené au commissariat pour porter plainte. Je souhaite voir un
médecin. J’ai conscience que tout propos mensongers est puni par la loi.

 

 

Nota. Ces propos ont été recueillis par l’intervenante de l’ASSFAM présente au
centre de rétention le 31 oct 2019 vers 12h puis vers 16h15 en langue
arabe avec un traducteur ISM.