Brésil : la coupe est pleine! (2014)

Je republie ce texte afin de prendre date, puisque les Jeux olympiques auront lieu au Brésil en 2016, après que ce pays a accueilli — on verra comment ci-dessous — la Coupe du monde de football (12 juin au 13 juillet 2014).

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Pour ces deux événements sportifs et commerciaux, des sommes colossales sont dépensées, alors que nombre de besoins essentiels de la population ne sont pas satisfaits, loin de là.

Par ailleurs, la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) comme le Comité International Olympique (CIO) ont la détestable habitude de s’accommoder sans sourciller avec des régimes totalitaires. La FIFA, le CIO et les états qui les soutiennent, notamment en leur accordant d’importants fonds publics et en les cautionnant, méprisent les populations qui vivent dans les pays où ils organisent ces compétitions sportives internationales : dépenses somptueuses, déplacements autoritaires de populations, répression, accompagnent souvent ces initiatives ; le Brésil n’y échappe pas.

Nous affirmons notre solidarité avec celles et ceux qui, au Brésil, refusent que la Coupe du monde de football soit le prétexte à de graves mesures qui attaquent directement la population, particulièrement les plus pauvres et visent spécifiquement celles et ceux qui résistent et exigent le respect des droits fondamentaux :

-  Projet de loi étendant très dangereusement le possible recours aux mesures « antiterroristes ».

-  Interdiction et répression envers les manifestations.

-  Campagnes diffamatoires envers celles et ceux qui s’opposent à la remise en cause des libertés.

-  Occupation de favelas par des forces militaires et de police, qui prolonge les innombrables expulsions opérées pour les chantiers de la Coupe du monde et des JO de 2016. Plus de 170 000 familles ont été jetées à la rue !

-  Organisation par les réseaux mafieux d’une prostitution à grande échelle dans toutes les villes où auront lieu les matchs, avec ce que cela implique en termes de violences et de négation des droits humains.

Des organisations syndicales et des mouvements sociaux brésiliens organisent la résistance et refusent à juste titre d’y renoncer pour cause de Coupe du monde de football. « L’argent parvient à la FIFA et aux entreprises. Nous voulons de l’argent pour la santé, l’éducation, le logement, les transports collectifs et la réforme agraire », affirment-ils, et ils ont raison !

Organisations signataires :

AITEC/IPAM, Alternative Libertaire, ATTAC, CNT, CNT-SO, Droit Au Logement, Emancipation, Ensemble, France Amérique Latine, L’Insurgé, NPA, No-Vox, Sortir du colonialisme, Union syndicale Solidaires.

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De la Somalie et de l’océan Indien comme lieux d’exercice de la piraterie capitaliste internationale (2013)

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rois somaliens âgés de 26 à 31 ans, accusés d’avoir pris en otage en 2009 les occupants du voilier Tanit, viennent d’être condamnés à Rennes à neuf ans de prison. L’avocate générale — qui exerce un dur métier — a estimé qu’ils avaient obéi à une motivation : « l’argent facile ». Comment se fait-il que des jeunes gens nés dans l’un des pays les plus misérables de la planète se trouvent en situation d’être kidnappés dans l’océan Indien pour être jugés et emprisonnés en France ? Un ouvrage collectif récent, intitulé Frères de la côte. Mémoire en défense des pirates somaliens, traqués par toutes les puissances du monde, publié par L’Insomniaque, fournit de précieux éléments de réponse.

Lorsque l’une des personnes membres du collectif Iskashato — terme qui signifie à peu près en somali « groupe de production et de partage » — a évoqué devant moi un travail entrepris sur les procès menés à l’encontre de pirates somaliens, j’avoue que ma première réaction a été d’étonnement dubitatif. Pire, le rapprochement entre la piraterie « historique », à l’étude de laquelle les travaux de Marcus Rediker ont donné toute sa place dans l’histoire sociale[1] et des opérations aux allures mafieuses me semblait forcé. Ceci n’est jamais que la énième illustration de la règle selon laquelle l’intuition (et encore moins le « bon sens ») ne suffit pas pour se faire une idée d’un sujet dont on ignore tout.

À la suite de la conversation ci-dessus évoquée, j’ai pris la peine de me renseigner sur des procès passés ou en cours. Enfin, la lecture du remarquable petit ouvrage publié par L’Insomniaque sous le titre Frères de la côte a achevé de me convaincre de mon erreur, au moins quant à l’intérêt du sujet.

Remarquable, dis-je, tant les auteur(e)s ont réussi à réunir et restituer clairement en moins de cent pages une moisson d’informations historiques, géopolitiques, économiques et juridiques sur une région du monde qui concentre bien malgré elle tous les maux du capitalisme moderne.

Il n’est pas inutile de rappeler aux lecteurs et lectrices français — avant d’en venir à la piraterie somalienne — des données concernant l’importance économique du domaine maritime de la France, dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles ne font pas partie de la culture générale. Lorsque l’on pense pêche et côtes, on évoque les rivages de l’Atlantique, de la mer du Nord et de la Méditerranée, la sardine de La Turballe, le fret de Marseille, et le passé négrier de Bordeaux et de Nantes. On ignore généralement que la France possède le deuxième espace maritime mondial, avec environ 11 millions de kilomètres carrés. Dans l’Océan indien — ce qui nous ramène à la Somalie —, on compte que la France dispose d’un espace maritime dont la superficie équivaut à cinq fois celle de l’hexagone. Lire la suite