Et le 15 mars, chez LIBERTALIA.
«La Fabrique du Musulman»
“Algérie, une autre histoire de l’indépendance” ~ par Nedjib Sidi Moussa
Nedjib Sidi Moussa, déjà auteur de La Fabrique du Musulman (Libertalia), dont j’ai dit l’importance ici, annonce la sortie en librairies le 6 mars prochain de son deuxième livre Algérie, une autre histoire de l’indépendance. Trajectoires révolutionnaires des partisans de Messali Hadj (Presses universitaires de France).
Pour le commander et suivre les événements liés à la parution du livre (rencontres et débats) reportez-vous au site de l’auteur.
Comment des Algériens colonisés sont-ils devenus révolutionnaires ? Et comment sont-ils restés fidèles à leur engagement après 1962 ? Les itinéraires des partisans de Messali Hadj, favorables à une assemblée constituante souveraine, lèvent le voile sur une autre histoire de l’indépendance algérienne. En éclairant les parcours des animateurs d’un courant réprimé par les autorités coloniales et marginalisé par un Front de libération nationale devenu hégémonique, cet ouvrage redonne vie au mouvement fondé par le pionnier malheureux de la révolution algérienne. En mobilisant des sources inédites, il interroge la pluralité des devenirs, les alliances ambivalentes et les tensions mémorielles qui les traversent.
À l’heure où le regard sur la guerre d’Algérie s’est renouvelé, et alors que le destin politique du pays est en jeu, les questions soulevées par ces trajectoires sont plus que jamais d’actualité.
LIBERTALIA ~ 10 ANS D’ÉDITION CRITIQUE : LE FILM ! ~ [par Doc du réel …le premier film avec Guillon dedans !]
Comme les lectrices et lecteurs de ce blogue ne l’ignorent pas, j’entretiens un rapport particulier avec les éditions Libertalia, avec lesquelles je travaille depuis maintenant 8 ans et la publication de La Terrorisation démocratique (2009). J’ai également rédigé une nouvelle présentation pour la réédition de Bourgeois et bras nus de Daniel Guérin (2013) et publié un recueil de textes d’intervention : Comment peut-on être anarchiste ? (2015).
Parce que Bruno Bartkowiak (graphiste auquel on doit les magnifiques couvertures qui font une partie de la réputation de Libertalia), Charlotte Dugrand et Nicolas Norrito sont des gens aussi attachants à fréquenter qu’ils sont attachés à joindre – dans leur travail d’éditeurs – le beau et l’utile, nos rapports se sont resserrés au fil des années.
J’ai eu, du coup, le plaisir de travailler sur des livres dont je n’étais pas l’auteur: un peu sur La Fabrique du musulman de Nedjib Sidi Moussa, davantage pour accompagner Aurélie Carrier, qui disposait d’un temps réduit pour rédiger Le Grand Soir.
Il est une autre occasion d’intégrer le « Gang Libertalia[1] » que Nico évoque souvent dans ses messages sur les dits réseaux sociaux, c’est de tenir les « tables », parfois dénommées (à tort, mais l’appellation persiste) « tables de presse ».
En effet, l’une des caractéristiques de Libertalia, qui en fait un cas à part dans l’édition française, et à laquelle je tiens particulièrement, c’est sa présence opiniâtre – au-delà des salons du livre, même politiques – dans toutes sortes de lieux publics et d’occasions militantes : manifestations de rue, concerts, fêtes, etc.
Je ne veux pas trop dénigrer les auteurs et autrices qui s’abstiennent de cet exercice – physique, mais gratifiant – pourtant ils et elles se privent ainsi d’un contact sans pareil avec un public très large. C’est ce que n’ont pas compris non plus quelques jeunes gens grincheux, partisans dogmatiques de la gratuité[2], qui nous ont reproché notre présence assidue à Nuit debout, place de la République. Des centaines d’heures de station debout (!), dans les courants d’air glacés ou sous le cagnard nous ont permis – parce que nous n’étions pas plus intimidant culturellement que le voisin marchand de merguez – de rencontrer des personnes qui ne mettent jamais les pieds dans une librairie et ne savent pas à qui poser des questions sur les livres, l’histoire et la politique.
Libertalia tient à cela, et tient grâce à cela.
Ce que Libertalia a fêté récemment, outre dix ans d’existence et une centaine de titres publiés (ce qui n’est pas rien !), c’est aussi le réseau des amitiés intellectuelles, politiques, littéraires et musicales qui s’est tissé autour de cette maison et dont les deux jours de fête à La Parole errante, à Montreuil, ont donné une belle image.
Le film que vous pouvez désormais visionner ici (il a d’abord été publié sur Lundi.matin) démultiplie cette image de manière fidèle et joyeuse.
J’en profite pour rendre un hommage particulier à Doc du réel (sollicitée la veille !) qui a réussi un tournage « à l’arrache », dans des conditions matérielles difficiles, et qui a su rendre dans un montage exigeant le kaléidoscope des solidarités que fédère Libertalia autour de l’exigence d’une pensée critique et révolutionnaire.
C’est l’occasion pour toutes celles et ceux qui n’ont pu venir à Montreuil de goûter un peu de l’ambiance de la fête et de prendre leurs dispositions pour les éditions suivantes (l’idée prend forme d’une ou deux fêtes annuelles, sur une seule journée : vous en serez informé·e·s en temps utile). Ils et elles retrouverons aussi auteurs et autrices de la maison: Aurélie Carrier, William Blanc, Nedjib Sidi Moussa, Julien Chuzeville, Martin Barzilaï, Véronique Decker, etc.
Nota. Comme je le souligne malicieusement dans le titre de ce billet, j’ai décidé de laisser figurer dans le film les passages où je présente, avec Serge Aberdam, la traduction de la biographie par Walter Markov de Jacques Roux, le curé rouge, qui vient de paraître. Je réfléchissais depuis un moment à assouplir mon refus, jusqu’ici absolu, de toute image, notamment à propos de mes recherches historiennes.
J’avais toujours refusé de fournir une photo pour accompagner un article ou un entretien (ce qui m’a valu, après chantage, la non-parution des articles) et de paraître à la télévision. Que l’on se rassure, je n’ai pas changé d’avis quant au second point (sauf si l’on me propose un 52 mn avec final cut…). Je ne vois toujours pas l’intérêt d’illustrer un article, sur Jacques Roux par exemple, avec une photo de moi. En revanche, étant donné le développement de la diffusion d’entretiens ou de conférences filmées sur Internet, et l’intérêt que ces formats rencontrent, je pense qu’il est raisonnable de changer mon fusil d’épaule sur le principe. Et, je le répète, surtout pour faire connaître mes travaux sur la Révolution française, les femmes dans son cours, les Enragé·e·s, etc.
C’est d’autant plus pertinent aujourd’hui que la généralisation des téléphones portables intégrant un appareil photo rend presque caduque le souci de sécurité qui était le mien en évitant de fournir mon portrait à des crétins malintentionnés[3]. D’ailleurs, cela fait un bail qu’aucun présomptueux ne m’a menacé de mort…
En attendant les propositions de ponts d’or qui ne manqueront pas d’affluer d’Hollywood, je suis ravi de pouvoir mettre en application cette nouvelle politique dans le beau film de Doc du réel, célébrant si justement les dix ans de Libertalia, à qui je souhaite – comme à moi et à tout le Gang – une prochaine décennie passionnante!
Édition, subversion, sédition : Faisons de notre mieux pour faire pire !
[1] Je jure qu’il n’existe ni « cérémonie d’initiation » douloureuse ni bizutage humiliant.
[2] À toutes fins utiles, je signale que mon travail d’auteur, d’éditeur et de libraire en plein air pour Libertalia est entièrement gratuit. J’ai la chance de ne pas dépendre de mes droits d’auteur pour vivre et Libertalia étant une maison d’édition militante (actuellement sous la forme d’une association loi de 1901, mais c’est un point secondaire) je suis heureux de pouvoir contribuer à son travail de toutes les manières possibles.
[3] On trouvera l’exposé de ma position antérieure dans Le Droit à la mort. Suicide, mode d’emploi, ses lecteurs et ses juges (IMHO, 2010), p. 149 et suiv.
“La Fabrique du musulman” ~ Débat à Mille Babords (Marseille) le 7 avril
J’ai déjà dit ici l’importance que j’attache au livre de Nedjib Sidi Moussa.
Le débat organisé à Marseille le 7 avril est d’autant plus important lui-même que le lieu qui l’accueille – Mille Babords – a déjà subi l’année dernière une agression par un commando venu troubler un débat autour de thématiques voisines (même si pas animé par des gens proches de l’auteur ou de Libertalia).