Gratuité
LIBERTALIA ~ 10 ANS D’ÉDITION CRITIQUE : LE FILM ! ~ [par Doc du réel …le premier film avec Guillon dedans !]
Comme les lectrices et lecteurs de ce blogue ne l’ignorent pas, j’entretiens un rapport particulier avec les éditions Libertalia, avec lesquelles je travaille depuis maintenant 8 ans et la publication de La Terrorisation démocratique (2009). J’ai également rédigé une nouvelle présentation pour la réédition de Bourgeois et bras nus de Daniel Guérin (2013) et publié un recueil de textes d’intervention : Comment peut-on être anarchiste ? (2015).
Parce que Bruno Bartkowiak (graphiste auquel on doit les magnifiques couvertures qui font une partie de la réputation de Libertalia), Charlotte Dugrand et Nicolas Norrito sont des gens aussi attachants à fréquenter qu’ils sont attachés à joindre – dans leur travail d’éditeurs – le beau et l’utile, nos rapports se sont resserrés au fil des années.
J’ai eu, du coup, le plaisir de travailler sur des livres dont je n’étais pas l’auteur: un peu sur La Fabrique du musulman de Nedjib Sidi Moussa, davantage pour accompagner Aurélie Carrier, qui disposait d’un temps réduit pour rédiger Le Grand Soir.
Il est une autre occasion d’intégrer le « Gang Libertalia[1] » que Nico évoque souvent dans ses messages sur les dits réseaux sociaux, c’est de tenir les « tables », parfois dénommées (à tort, mais l’appellation persiste) « tables de presse ».
En effet, l’une des caractéristiques de Libertalia, qui en fait un cas à part dans l’édition française, et à laquelle je tiens particulièrement, c’est sa présence opiniâtre – au-delà des salons du livre, même politiques – dans toutes sortes de lieux publics et d’occasions militantes : manifestations de rue, concerts, fêtes, etc.
Je ne veux pas trop dénigrer les auteurs et autrices qui s’abstiennent de cet exercice – physique, mais gratifiant – pourtant ils et elles se privent ainsi d’un contact sans pareil avec un public très large. C’est ce que n’ont pas compris non plus quelques jeunes gens grincheux, partisans dogmatiques de la gratuité[2], qui nous ont reproché notre présence assidue à Nuit debout, place de la République. Des centaines d’heures de station debout (!), dans les courants d’air glacés ou sous le cagnard nous ont permis – parce que nous n’étions pas plus intimidant culturellement que le voisin marchand de merguez – de rencontrer des personnes qui ne mettent jamais les pieds dans une librairie et ne savent pas à qui poser des questions sur les livres, l’histoire et la politique.
Libertalia tient à cela, et tient grâce à cela.
Ce que Libertalia a fêté récemment, outre dix ans d’existence et une centaine de titres publiés (ce qui n’est pas rien !), c’est aussi le réseau des amitiés intellectuelles, politiques, littéraires et musicales qui s’est tissé autour de cette maison et dont les deux jours de fête à La Parole errante, à Montreuil, ont donné une belle image.
Le film que vous pouvez désormais visionner ici (il a d’abord été publié sur Lundi.matin) démultiplie cette image de manière fidèle et joyeuse.
J’en profite pour rendre un hommage particulier à Doc du réel (sollicitée la veille !) qui a réussi un tournage « à l’arrache », dans des conditions matérielles difficiles, et qui a su rendre dans un montage exigeant le kaléidoscope des solidarités que fédère Libertalia autour de l’exigence d’une pensée critique et révolutionnaire.
C’est l’occasion pour toutes celles et ceux qui n’ont pu venir à Montreuil de goûter un peu de l’ambiance de la fête et de prendre leurs dispositions pour les éditions suivantes (l’idée prend forme d’une ou deux fêtes annuelles, sur une seule journée : vous en serez informé·e·s en temps utile). Ils et elles retrouverons aussi auteurs et autrices de la maison: Aurélie Carrier, William Blanc, Nedjib Sidi Moussa, Julien Chuzeville, Martin Barzilaï, Véronique Decker, etc.
Nota. Comme je le souligne malicieusement dans le titre de ce billet, j’ai décidé de laisser figurer dans le film les passages où je présente, avec Serge Aberdam, la traduction de la biographie par Walter Markov de Jacques Roux, le curé rouge, qui vient de paraître. Je réfléchissais depuis un moment à assouplir mon refus, jusqu’ici absolu, de toute image, notamment à propos de mes recherches historiennes.
J’avais toujours refusé de fournir une photo pour accompagner un article ou un entretien (ce qui m’a valu, après chantage, la non-parution des articles) et de paraître à la télévision. Que l’on se rassure, je n’ai pas changé d’avis quant au second point (sauf si l’on me propose un 52 mn avec final cut…). Je ne vois toujours pas l’intérêt d’illustrer un article, sur Jacques Roux par exemple, avec une photo de moi. En revanche, étant donné le développement de la diffusion d’entretiens ou de conférences filmées sur Internet, et l’intérêt que ces formats rencontrent, je pense qu’il est raisonnable de changer mon fusil d’épaule sur le principe. Et, je le répète, surtout pour faire connaître mes travaux sur la Révolution française, les femmes dans son cours, les Enragé·e·s, etc.
C’est d’autant plus pertinent aujourd’hui que la généralisation des téléphones portables intégrant un appareil photo rend presque caduque le souci de sécurité qui était le mien en évitant de fournir mon portrait à des crétins malintentionnés[3]. D’ailleurs, cela fait un bail qu’aucun présomptueux ne m’a menacé de mort…
En attendant les propositions de ponts d’or qui ne manqueront pas d’affluer d’Hollywood, je suis ravi de pouvoir mettre en application cette nouvelle politique dans le beau film de Doc du réel, célébrant si justement les dix ans de Libertalia, à qui je souhaite – comme à moi et à tout le Gang – une prochaine décennie passionnante!
Édition, subversion, sédition : Faisons de notre mieux pour faire pire !
[1] Je jure qu’il n’existe ni « cérémonie d’initiation » douloureuse ni bizutage humiliant.
[2] À toutes fins utiles, je signale que mon travail d’auteur, d’éditeur et de libraire en plein air pour Libertalia est entièrement gratuit. J’ai la chance de ne pas dépendre de mes droits d’auteur pour vivre et Libertalia étant une maison d’édition militante (actuellement sous la forme d’une association loi de 1901, mais c’est un point secondaire) je suis heureux de pouvoir contribuer à son travail de toutes les manières possibles.
[3] On trouvera l’exposé de ma position antérieure dans Le Droit à la mort. Suicide, mode d’emploi, ses lecteurs et ses juges (IMHO, 2010), p. 149 et suiv.
Actions pour la liberté de circuler (2006)
Je republie un texte d’appel à une action «portes ouvertes» dans le métro parisien, le jeudi 4 mai 2006, lancé en commun par l’Assemblée de Montreuil et le Réseau pour l’abolition des transports payants (RATP).
LIBERTE DE CIRCULER
REAGIR CONTRE LA REPRESSION
AGIR POUR UNE VRAIE SOLIDARITE DANS LES TRANSPORTS
Depuis 2001, le RATP – Réseau pour l’Abolition des Transports Payants – revendique les transports gratuits pour toutes et tous et essaye de faire vivre la lutte, en la nourrissant de réflexions, de débats et d’actions concrètes. En effet, la justification des transports payants n’est absolument pas économique, mais politique. Le ticket ne constitue qu’une part limitée (25% selon le site du STIF, le syndicat des transports d’Ile de France) des recettes financières des entreprises de transports, qui sont financées essentiellement par l’argent public. Finalement le coût du ticket ne sert qu’à payer les outils de notre propre contrôle (tourniquets, cartes oranges ou navigo, contrôleurs, etc.) !!!
Le ticket est le prétexte à toutes les polices…
Les transports payants sont un instrument privilégié de contrôle et « d’apartheid social ». Le ticket est le prétexte à toutes les polices : police des étranger-e-s, des pauvres, des jeunes, des militant-e-s, des révolté-e-s, etc. On s’étonnera donc moins que les transports, tels qu’ils sont conçus aujourd’hui, ait pu être l’une des cibles de la révolte de certains quartiers en novembre 2005, là où règne une véritable relégation sociale.
…et à une véritable criminalisation de la pauvreté
L’arsenal répressif s’est d’ailleurs particulièrement développé dans les transports et la situation est aujourd’hui préoccupante. Entre autre, la loi de sécurité quotidienne, votée sous le gouvernement de la gauche plurielle en 2001, a créé le délit de fraude d’habitude. Résultat : c’est jusqu’à 7 500 € d’amende et 6 mois d’emprisonnement qui attendent le ou la sans-ticket qui cumule plus de 10 PV non réglés sur une période de 12 mois. Ces lois répressives sont bel et bien appliquées. A la fin 2005, on peut estimer à 10 000 les dépôts de plainte pour délits de fraude habituelle (dont 7 000 par la Sncf sur toute la France, 2 000 par la Ratp en Ile-de-France, et 1 000 cumulés sur tous les autres réseaux urbains : Marseille, Lyon, Orléans, …), ayant conduit à plus de 3 000 jugements déjà rendus, dont environ 1/3 de prison ferme, 1/3 de prison avec sursis et 1/3 de « simple » amende. A quoi s’ajoutent des pouvoirs accrus pour les forces de l’ordre dans les transports, des systèmes de vidéosurveillance et de contrôle de nos déplacements de plus en plus perfectionnés.
C’est pourquoi le RATP et l’Assemblée de Montreuil revendiquent :
la gratuité des transports collectifs et la liberté de circulation et d’installation pour toutes et tous
la création ici et maintenant d’outils d’entraide et de solidarité, comme les mutuelles de sans-ticket.
l’arrêt de toutes les poursuites judiciaires et la libération immédiate de tous les émeutiers, lycéens étudiants, militants, fraudeurs ou sans-papiers
le retrait de toutes les lois répressives et anti-sociales (délit de fraude d’habitude, loi de Sécurité Quotidienne, loi sur l’égalité des chances et sur la prévention de la déliquance ainsi que le projet de loi CESEDA sur l’immigration choisie…)
Face à cette répression et à la précarisation de nos vies, à l’instar de la jeunesse qui ne cesse de se révolter, développons des outils de lutte collectifs et solidaires, qui seuls permettront d’offrir une perspective concrète et efficace.
En effet, aucun gouvernement ne changera cette situation. De droite comme de gauche, tous oeuvrent en faveur des intérêts d’une minorité de nantis, au renforcement des inégalités, à la privatisation des services publics et à la répression de toute forme de contestation d’un système qui nous isole et nous enferme. Ainsi à nous de nous réapproprier les outils de notre épanouissement
Le ticket transports gratuits
Le Réseau pour l’Abolition des Transports Payants distribue un ticket pour revendiquer les transports gratuits. Ce ticket ne remplace toujours pas aux yeux de la RATP un titre de transport usuel. Vous pouvez toutefois le montrer aux contrôleurs, libre à vous d’être munis d’un titre de transport valable ou pas. Votre acte sera relié à la pratique d’autres voyageurs qui revendiquent également la gratuité des transports. Vous pouvez commander des tickets « Transports Gratuits » auprès du collectif RATP.
La mutuelle de sans ticket
L’action individuelle est vouée à l’échec. Pour répondre à cette évidence, le RATP s’est interrogé sur les mutuelles de sans-tickets dont on apprend l’existence ici et là, plus particulièrement chez nos voisin.e.s scandinaves (finlandais d’Helsinki, suédois de Stockolm ou Göteborg). Le principe est simple : on cotise à une mutuelle qui indemnise ensuite les personnes. Vous pouvez contacter la mutuelle en adressant un courrier ou un mail aux adresses indiquées ci-dessous. De plus la mutuelle est prête à rencontrer des sans-tickets qui ont effectivement été condamnés à de la prison infractions dans les transports.
D’autres outils sont à créer.
Pour nous communiquer toutes vos idées ou pour nous rejoindre, vous pouvez nous contacter :
Le RATP (Réseau pour l’Abolition des Transports Payants)
145, rue Amelot, PARIS 11e.
L’Assemblée de Montreuil se réunit, depuis novembre 2005,en solidarité avec les émeutiers, pour réagir contre la repression et la prison, tous les jeudis à partir de 19 h
Bourse du travail de Montreuil, 24, rue de Paris, 93 100 Montreuil, M° Croix-de-Chavaux